LA LESSIVE
La lessive se faisait trois ou quatre fois par an, tout dépendait de la richesse de la famille en linge. Dans l’intervalle, le linge était stocké dans de grands paniers en osier tressé. Il n’était pas question de la faire par les grands froids d’hiver ni pendant la moisson d’été.
La grande lessive prenait quatre journées.
Le premier jour, on faisait tremper le linge dans de grands baquets d’eau tiède.
Le deuxième jour, on savonnait le linge, on le battait et on le brossait énergiquement soit au lavoir soit dans de grandes cuves.
Autour, pour pouvoir mettre le linge, il y avait des grosses pierres sur lesquelles était posé le linge. Pièce par pièce, il était trempé dans l’eau et tapé sur cette pierre avec un battoir en bois. Devant, pour s’agenouiller, un cabasson en bois avec un peu de paille pour ne pas se faire mal aux genoux.
Le troisième jour, le linge était mis dans une cuve chauffée au feu de bois, dont on bouchait partiellement l’orifice de vidange et on mettait un grand drap d’étoffe grossière que l’on recouvrait de cendre. Le linge lavé la veille était déposé sur la cendre et on recouvrait le tout d’eau. Lorsque l’eau s’était complètement écoulée, on la récupérait et on recommençait l’opération plusieurs fois. La cendre permettait d’obtenir un linge parfaitement blanc car le stockage du linge sale faisait jaunir celui-ci. A noter que le linge tissé en lin n’était jamais parfaitement blanc, contrairement au coton, mais il était plus solide et plus agréable à porter car plus épais.
Le quatrième jour, on rinçait le linge, soit à la rivière, soit au lavoir et on l’étendait ensuite sur l’herbe ou sur les haies, de préférence au soleil pour achever de le blanchir.
Le lavage du linge n’était pas toujours une partie de plaisir, mais régulièrement les femmes du village se retrouvaient et en profitaient pour bavarder.
Au début du 20ème siècle, le linge était également étendu sur des fils à linge, et il fallait parfois le récupérer le matin alors qu’il était raidi par le gel. Les ménagères ne tardaient pas à sentir leurs doigts s’engourdir …..
Photos de battoirs à linge (Coll. Personnelle)

LE REPASSAGE
Lorsque le linge était sec, il fallait le repasser car la toile de lin ou de coton se froissait facilement lors de toutes les opérations de lessivage.
Les fers à repasser étaient alors en fonte et se posaient directement sur les chaufferettes en fonte également dont la taille s’adaptait aux fers. La chaleur du fer était appréciée en les approchant du visage. On les utilisait jusqu’à ce que la température redescende et on renouvelait l’opération en alternant avec un autre fer.
Photo d'une chaufferette en fonte et de fers (Coll. Personnelle)

Certains fers contenaient une réserve de braise, ce qui permettait de les utiliser plus longtemps. Mais leur poids était bien plus considérable et leur maniabilité s’en ressentait. Il faut bien se rendre compte que tout le linge était repassé de cette façon, que ce soit les tissus les plus grossiers mais aussi les plus fragiles et la ménagère ou la blanchisseuse devait acquérir une dextérité et une expérience de l’opération pour éviter de le brûler, ce qui ne manquait jamais d’arriver ….
Photo fer à braise (Coll. Personnelle)

Sources : Vie et traditions populaires en Picardie J.F. LEBLOND et Y. BROHARD
Récits de ma grand mère