HISTOIRE DE NIBAS AU 19ème siècle
PROBLEME DE PATURAGE A NIBAS
Le 14 mai 1807, lors d’une réunion du conseil municipal, le maire indique que sur le territoire du village de SAUCOURT viennent de s’élever des difficultés relatives au pâturage des bêtes à l’aisne (laine) et que le conseil doit déterminer le nombre de moutons que chaque propriétaire ou fermier a le droit de faire pâturer sur le terroir dudit SAUCOURT eu égard aux terres labourables qu’il y exploite.
Considérant que SAUCOURT a 60 habitations, 300 âmes et un territoire pâturable de 250 arpents ;
Considérant que la totalité du territoire de SAUCOURT, sauf les mazures, est en culture et qu’il n’y existe aucune espèce de Riez, terres vaines et vagues rideaux ;
Arrête
Qu’indépendamment des vaches, veaux, porcs et bêtes à l’aisne (laine), que chaque chef de famille a le droit de faire pâturer on pourrait admettre au pâturage sur le territoire de SAUCOURT une bête à l’aisne (laine) par deux arpents.
Signé : MABILLE- DESMAREST-CLERE- FOURDRIN-DELIGNERES-DOFFOEL-BECQUET-BLANCART-
L’arrêté ne régla rien car, un rapporteur fut envoyé par le Préfet d’ABBEVILLE. Voici son rapport :
Le 2 juillet 1807
Je soussigné, cultivateur propriétaire et maire de la commune de NEUVILLE DRANCOURT, nommé par Monsieur le préfet de l’arrondissement d’ABBEVILLE prendre les informations nécessaires et fournir les renseignements demandés par Monsieur le Préfet sur une contestation élevée à SAUCOURT entre le sieur HENIN cultivateur audit lieu et le conseil de commune de NIBAS dont dépend la commune de SAUCOURT pour le pâturage. Me suis transporté audit lieu de SAUCOURT chez Monsieur BLANCART, maire de la commune de NIBAS, j’ai fait appeler de suite les membres du conseil municipal résidant à SAUCOURT. Le sieur HENIN, appelé devant moi est monté sur son cheval et est disparu. J’ai fait appeler son frère et lu l’arrêté municipal par lequel est fixé le nombre de bêtes à laine (une bête pour deux arpents). Je leur ai demandé comment ils pouvaient faire pour nourrir leur troupeau car il n’y avait dans la commune aucun terrain vains, ni chemins pâturables. Ils m’ont répondu qu’effectivement ils mourraient de faim, que c’était les petits fermiers et les ménagers qui allaient à l’herbe pour les nourrir à l’étable.
Les cultivateurs les plus forts qui n’ont pas de moutons, labourent leurs terres dès qu’ils s‘aperçoivent qu’elles commencent à verdir. Si on ne nourrissait pas à l’étable, le troupeau périrait.
Le sieur HENIN aurait 34 moutons.
J’observe que le Sieur HENIN n’est pas cantonné (ne se cantonne pas sur certaines terres) et il va indistinctement chez toutes les jachères du terroir. Il fera aux autres un tort réel parce qu’il passera plus aisément partout avec un petit troupeau qu’avec un grand.
En lui donnant ses 34 journaux de jachères dans un canton, cela sera beaucoup plus juste mais je doute alors qu’il essayera de former un troupeau car cet homme- là ne peut avoir d’autre but que de fatiguer les autres, qui, voyant périr leurs troupeaux les vendront alors, il aura le troupeau à lui seul. C’est à la sagesse de Monsieur le Préfet à prendre tel arrêté que bon lui semblera mais toute la commune de SAUCOURT le prie par mon intermédiaire de décider toujours comme base fixe que le terroir de SAUCOURT ne peut supporter plus d’une bête par trois journaux de terres exploitées.
Signé : PERRACHE
REPARATIONS A L’EGLISE
Le 29 floréal an 11 de la république, (soit le 19 mai 1803), le conseil municipal de NIBAS s’est transporté à l’église ainsi qu’à la maison presbytérale pour constater les réparations à y faire.
Pour l’église : les travaux de couverture, maçonnerie, vitrage s’élèvent à 300 livres, pour la construction de l’autel et autres parties de menuiseries : 200 livres
Pour le presbytère, les travaux s’élèvent à 100 livres.
Concernant le traitement du au prêtre de NIBAS, la commune ne peut en assurer le coût d’autant plus qu’un prêtre ne suffit pas car la commune est divisée en plusieurs hameaux.
L’achat d’ornements liturgiques dont la commune est dépourvue s’élève à 500 livres. Il s’agit d’acheter 2 chasubles avec leurs étoles et manipules, 3 obes (aubes), 6 nappes et autres linges.
Le 12 mai 1844, le conseil municipal de NIBAS en présence de Messieurs OZENNE, PIEFFORT, DELIGNIERES, HIBON, BLONDIN, WATTEBLED et LAVERNOT conseillers, a décidé de la vente des bois qui n’ont pu être réemployés lors de la réfection des vitraux de l’église. Celle-ci a rapporté 76,50 Francs qui ont pu être imputés sur la dépense faite pour adapter des châssis en fer sur ces vitraux. L’artisan qui a réalisé ces ferronneries s’appelle Monsieur HIBON, serrurier.
L’ECOLE DE SAUCOURT
Le 16 février 1817, le conseil municipal composé de MM. DELAPLACE, HIBON, FOURDRIN, FOURNIER, LECOMTE, WATTEBLED, CLERE et BECQUET, maire, autorise le maire à acquérir un terrain pour la construction d’une école au hameau de SAUCOURT. Le sieur DELIGNIERES s’engage à vendre à la commune la propriété actuellement à usage d’école et d’habitation de l’instituteur de SAUCOURT moyennant le prix de 2.300 F. Le sieur FARSURE Jean Baptiste quant à lui cède à la commune une masure qu’il occupe et une parcelle de terrain, le tout attenant à la propriété du sieur DELIGNIERES, moyennant 600 F.
Le devis de construction s’élève quant à lui à 3.800 F.
Plan de l’école projetée (s'inscrit dans le carré Bleu)
MOULIN
Ci-dessous la vente du moulin de NIBAS, consignée dans un acte notarié de 1826
Vente du moulin du Sieur PETIT et sa femme au Sieur Alexis HURTEL
Devant nous Achille Gratien HENNEVEU, notaire royal à la résidence du Bourg d’AULT, arrondissement d’ABBEVILLE.
Sont comparus, le sieur Nicolas Liévin PETIT, meunier au blé, dame Marie Anne Alexandrine PIEFFORT, son épouse, de lui autorisée, demeurant ensemble en la commune de NIBAS.
Lesquels ont vendu sous l’obligation solidaire de garantie de tous troubles…
Au profit du sieur Alexis HURTEL meunier au blé, demeurant au moulin de SAUCOURT, commune de NIBAS, présent et acceptant.
Un moulin au blé, situé sur le terroir de NIBAS, enjambe le terroir sur lequel ce moulin est édifié d’une superficie d’environ quarante ares soixante- quatre centiares (un journal) tenant d’un côté à Monsieur LEROY d’HANTECOURT et Dominique LENNE, d’autre côté aux héritiers de Marie Anne BEAUVISAGE, d’un bout au chemin qui conduit de NIBAS à OCHANCOURT, d’autre bout à un second chemin ayant la même direction.
Demeure compris en la présente vente le petit bâtiment encore en construction à usage d’étable.
Plus la meule du moulin, câbles, pied de chèvre, maille, ciseaux, et autres pièces qui font partie de l’immeuble, d’après l’usage, le vendeur ne faisant réforme à leur profit que de leur mobilier qui est dans ledit moulin.
Ledit immeuble vendu appartenant aux vendeurs, au moyen de la vente que leur en fit Monsieur Jean François FRECHON, propriétaire à EU par contrat reçu par Maitre BOUZARD, notaire à AULT, le 15 décembre 1821, enregistré le 18 dudit mois.
Et le legs par lequel a été édifié ledit moulin à laditte PIEFFORT femme PETIT, particulièrement, qui en a accepté d’abandon en l’année 1822 de Geneviève Félicité BOURNEL, femme de Louis François BOURNEL et de Marie Catherine BOURNEL, sa sœur, femme de Pierre Nicolas BELPAUME en échange de deux pièces de terre à usage de labour qui étaient la propriété de laditte PIEFFORT, situé au terroir de NIBAS et WAILLY de chacun vingt ares trente- deux centiares.
Pour avoir par l’acquéreur la propriété de la chose vendue à son profit, au moyen de la présente, à compte de ce jour, mais n’en prendra jouissance que le 1er janvier 1827, la jouissance de la présente année 1826 demeurant réservée aux vendeurs.
Cette vente est faite en outre pour la somme de 5.000 Francs, argent de France, aujourd’hui en circulation, laquelle somme ne produira aucun intérêt et sera payée par acquéreur ainsy qu’il s’y oblige, aux créanciers qui ont hypothéqué….
Le titre de propriété du bien vendu a été mis aux mains de l’acquéreur qui en donne décharge.
Fait et passé à NIBAS en la demeure du sieur DEPOILLY, marchand et serrurier, l’an 1826, le 2 janvier, les contractants ont signé.
ETAT DES CHEMINS VICINAUX DE NIBAS EN DATE DU 1er OCTOBRE 1828
Les chemins vicinaux de NIBAS sont au nombre de 17 et 7 rues conduisant de cette commune à celles d’ESCARBOTIN, FRESSENNEVILLE, FEUQUIERES, ARREST, SAINT VALERY, OFFEUX, SAINT BLIMONT et OCHANCOURT.
N° 1 : Chemin qui conduit de NIBAS à ESCARBOTIN lequel se divise en deux. Le premier nommé la Rue DELABIE.
N°2 : Chemin qui conduit de NIBAS à FRESSENNEVILLE, sa longueur à partir de la place de NIBAS pour aller jusqu’à la rue MERCIER : 621 mètres
N° 3 : chemin qui conduit de NIBAS à FEUQUIERES nommé le chemin des chasse-marés.
N° 4 : chemin qui conduit de NIBAS à SAUCOURT nommé la rue de LAVERNOT, sa longueur à partir de la maison de FOURNIER 892 mètres.
N° 5 : Chemin qui conduit de NIBAS à FEUQUIERES traversant SAUCOURT. Sur l’emplacement de ce chemin se trouve le plant de SIFFLET et le plan de la Veuve HENIN
N° 6 : chemin de FEUQUIERES à OCHANCOURT et ARREST, la moitié sur le terroir de NIBAS et l’autre sur le terroir de VALINES.
N° 7 : chemin qui conduit de SAUCOURT à FRANLEU. Sa longueur à partir du plant de Claude LE COMTE pour aller joindre le chemin d’ARREST : 1100 mètres. Sur le trajet de ce chemin se trouve la maison de Maurice DUBOIS
N° 8 : Chemin qui conduit de SAUCOURT à FRESSENNEVILLE à partir du puits d’A. DE LATTRE pour aller à la chapelle de SAUCOURT : 190 mètres de long. Sur le trajet de ce chemin se trouve le plant de M. BLANCART.
N° 9 : Chemin qui conduit de NIBAS à OCHANCOURT. Sur son trajet se trouve la maison de GODQUIN et le plant de DELAHAYE.
N° 10 : Chemin qui conduit de NIBAS à OCHANCOURT, se divise en deux. Celui dénommé ci-dessus et l’autre pour aller à ARREST et à WAILLY qui se nomme la « cavée PIEFFORT » à partir du fond de la grande rue pour aller au chemin qui s’embranche pour aller à ARREST : 146 mètres de longueur. Il se continue vers OCHANCOURT sur une longueur de 150 mètres.
N° 11 : Chemin qui conduit de NIBAS au hameau BOCQUET.
N° 12 : chemin qui conduit à WAILLY.
N° 13 : Chemin traversant le hameau du BOCQUET.
N° 14 : Chemin qui conduit de NIBAS à ESCARBOTIN et va s’embrancher dans le chemin n° 1. Le dit chemin est nommé la rue du BOURRELIER.
N° 15 : chemin nommé la rue du PATIS.
N° 16 : chemin nommé la rue des Juifs. Sur le trajet on trouve la maison de DUMINIL.
Note du Webmestre : Dans l’ouvrage de M. VIEY « Histoire des communautés juives du Nord et de la Picardie » (à lire en ligne sur le site des archives de la Somme), on trouve mention que quelques populations juives à PERONNE et à ROY au Moyen Age. A AMIENS plus proche du Vimeu, on sait que les Juifs payaient des taxes entre 1296 et 1300. Une rue aux Juifs existait à AMIENS rebaptisée : Rue des Lombards. A ABBEVILLE aussi une rue aux Juifs existait devenue en 1898 : Rue de la sous-préfecture Il est donc fort probable qu’une communauté juive fut présente à NIBAS au Moyen Age.
N° 17 : chemin nommé la rue CAUDRONNE.
N° 18 : chemin qui conduit de NIBAS à ST VALERY à partir de la place de NIBAS pour aller à la sortie du village et à la fin du territoire. On trouve la maison du sieur ROY
N° 19 : chemin nommé la rue DUBOIS qui conduit à ARREST.
N° 20 : chemin du bout de RIMBEHEM à WAILLY.
N° 21 : Chemin de NIBAS à OFFEU, nommé le chemin des chasse marrées, passant derrière NIBAS à partir de la grande rue de NIBAS à FRESSENNEVILLE.
N° 22 : chemin venant de FRESSENNEVILLE passant derrière NIBAS pour aller à ST VALERY à partir du moulin de NIBAS pour aller joindre le bout du terroir en passant par le chemin de ST BLIMONT.
N° 23 : Chemin nommé la rue Mademoiselle.
N° 24 : Chemin nommé la rue MERCIER. Sur son trajet on trouve la maison de Floribert LAVERNOT.
Le présent état a été dressé par nous maire soussigné à NIBAS le 21 décembre 1828.
ANALYSE DU RECENSEMENT DE POPULATION NIBAS 1836
Les personnages importants du village :
Le maire s’appelle : BLANCART Charles Abraham, il a 54 ans ;
Les conseillers municipaux sont nommés :
BLANDIN Louis François, DE PONTHIEU Jacques Joseph, DEMAREST Nicolas François, WATTEBLED Pierre, OZENNE Jean-Baptiste, DEPOILLY Honoré, CAILLET François Gabriel, HURTEL Augustin, DELIGNIERES Louis Amand .
Le curé, c’est DELIGNIERES André, il a 81 ans ;
Les meuniers sont nombreux, il devait y avoir plusieurs moulins sur le territoire de la commune :
OUIN Honoré, il a 40 ans
HURTEL Alexis, il a 30 ans
DHALLEINE André, il a 59 ans
ROZAND Pierre Alexandre, il a 30 ans
L’instituteur primaire privé, c’est RIQUIER Jean-Nicolas, il a 27 ans
L’instituteur public, c’est CORROY Jean Baptiste, il a 29 ans
Le garde champêtre, c’est QUENNEHEN Nicolas François, il a 59 ans
Il y a aussi un percepteur à NIBAS, c’est BECQUET André Eustache, il a 60 ans.
REPARTITION DE LA POPULATION
Il y a 301 hommes de + de 21 ans et 300 femmes de + de 21 ans, soit pratiquement le même nombre. Les enfants sont 432. La population totale du village s’élève donc à 1.033 habitants, c’est un gros village par rapport à TULLY et BETHENCOURT SUR MER étudiés plus haut.
Le nombre de foyers est de 232 et se composent de 4 personnes et demi.
L’âge moyen des habitants est de 29 ans.
45 femmes sont chefs de ménage.
Le plus vieil habitant, c’est BLANCART Abraham Jean, il a 82 ans
La plus vieille habitante, c’est DE CRENY Marie Catherine Veuve DE PONTHIEU, elle a 83 ans
Les 2 plus jeunes habitants, ce sont CORROY Jean Baptiste et OUIN Sophie Augustine, ils ont 1 mois.
Les métiers
4 personnes sont « propriétaires », ce sont les membres des familles nobles.
Secteur agricole : 82 personnes, soit 20 % de la population active
Ils sont cultivateurs, éleveurs (marchands de vaches), journaliers ou manouvriers. Il y a 3 Bergers.
Secteur artisanal : 262 personnes, soit 65 % de la population active
Les tisserands et les fileuses représentent à eux seuls 113 personnes.
Le travail du fer occupe 127 personnes, dont 114 serruriers. Les autres sont : maréchal, charron, forgeron, tonnelier. Il y a 2 marchands (fabricants) de serrures et un fondeur de cuillères (en étain probablement).
Les métiers du bâtiment sont représentés aussi : Maçon, menuisier, charpentier, tourneur sur bois. Ils sont 8.
A noter les meuniers et garde moulins qui sont au nombre de 11. Plusieurs moulins probablement à NIBAS, dont celui de SAUCOURT. Un moulin à huile certainement dont nous ne connaissons pas la localisation.
Jean Luc LECLERCQ de LYON a bien voulu nous indiquer l'emplacement du moulin à huile, merci à lui
Secteur commerçant : 25 personnes, soit 6 % de la population active
10 marchands : épiciers, débitants etc.
Les métiers de l’habillement englobent le reste : tailleurs d’habits, couturières, blanchisseuses, cordonniers , patinier (fabricant de soulier).
Comme dans les autres communes, les soldats sont en nombre important : 5.
Les raisons en ont été expliquées dans l’analyse du recensement de BETHENCOURT SUR MER en 1836 dans la page d’histoire de ce village au 19ème siècle.
Les fonctionnaires sont assez nombreux : 5
Parmi les métiers peu qualifiés, il y a 25 domestiques essentiellement domestiques de maison, en raison de la présence de familles nobles aisées dans le village.
On note parmi eux les premiers « ouvriers en manufactures », ils sont 5.
Comme dans les autres villages, les personnes âgées non prises en charge par leurs familles sont « indigents » et vivent de la charité publique. Il y en a 5.
Les femmes sont essentiellement : Fileuses, Domestiques. Il y a 2 cultivatrices, 4 blanchisseuses, 2 couturières et 1 cabaretière.
Les femmes actives ne représentent que 16 % de la population active.
Le plus jeune enfant au travail est une fileuse de 11 ans. Ensuite, il y a un serrurier de 12 ans. 6 ou 7 enfants de 13 ans travaillent : 4 sont serruriers et 1 est fileuse.
La structure de la population de NIBAS se rapproche plus de celle de TULLY que de celle de BETHENCOURT SUR MER. L’exploitation agricole y est importante . La superficie du village en est sans doute la raison. Les serruriers y sont en nombre équivalent aussi bien à TULLY qu’à BETHENCOURT SUR MER et représentent 2/3 de la population active.
ANALYSE DU RECENSEMENT DE NIBAS EN 1851
Les personnages importants du village
Le maire c’est : BLANCART Louis Abraham, il a 37 ans
Les conseillers municipaux ne sont plus nommés.
Il y a deux instituteurs
L’instituteur libre c’est BOITEL Louis François, il a 65 ans
L’instituteur public c’est CORROY Jean Baptiste Victor, il a 45 ans
Le curé c’est DORION Louis Charles, il a 34 ans
Le garde champêtre c’est PRUVOST Nicolas Claude, il a 38 ans
Les meuniers s’appellent : PARMENTIER François, 38 ans
SINOQUET Aimable, 32 ans
HURTELLE Pierre François, 46 ans
LELEU Félix, 50 ans
Répartition de la population
Le nombre d’hommes de + de 21 ans est de 296
Le nombre de femmes de + de 21 ans est de 294
Il y a 397 enfants et donc ainsi 987 habitants dans la commune, soit 46 habitants de moins qu’en 1836.
Le nombre de foyers s’élève à 252 et se composent d’un peu moins de 4 personnes.
L’âge moyen de la population est d’un peu moins de 30 ans
Le nombre de femmes chefs de ménage est de 40
Le plus vieil habitant c’est : GODQUIN Jean Baptiste, 78 ans
La plus vieille habitante c’est : CAILLET Marie Anne, 84 ans
Le plus jeune vient de naître, c’est : FACHE Jules Zéphyr, il a 1 jour !
Les métiers
Les propriétaires et les rentiers sont au nombre de 120. La plupart des propriétaires exercent aussi une profession : serrurier, cultivateur, tisserand. Peu d’entre eux vit essentiellement de ses revenus.
Secteur agricole : 131 personnes, soit 31 % de la population active
95 personnes sont cultivateurs, les autres sont valets de charrue, bergers, marchand de chevaux ou de vaches et bien entendu il y a tous les journaliers ou manouvriers. Quelques cultivateurs sont aussi serrurier, tisserand et voiturier.
Secteur artisanal : 202 personnes, soit 47 % de la population active
Les tisserands et les fileuses forment un groupe de 67 personnes. Il y a aussi un tisseur (tisserand de toile plus fine) 2 filotiers (fabricant de filets de pêche), un bourrelier et un sabotier.
Les métiers du bâtiment sont représentés : 5 maçons, 7 charpentiers, 3 menuisiers, soit 15 personnes
Les métiers du fer représentent 107 serruriers, 5 autres sont maréchal ferrant, charron, mécanicien, et 3 fabricants.
Cela représente en tout 115 personnes, soit 27 % de la population artisanale
Secteur commerçant : 32 personnes, soit 7,4 % de la population active
Les commerces de bouche représentent 14 personnes.
Les personnes qui fabriquent ou entretiennent des vêtements (couturière, blanchisseuse, tailleur ) sont 17.
Il y a un horloger aussi à NIBAS.
Les fonctionnaires ou assimilés sont au nombre de 6. Il n’y a plus de percepteur en 1851 : la perception ayant été regroupée avec celle de BOURSEVILLE.
Les indépendants
Il y a dans cette commune des travailleurs indépendants : Commis voyageur, extracteur de cailloux, voiturier, messager, instituteur libre, mareyeur et 12 meuniers et assimilés, soit au total 19 personnes
Les métiers peu qualifiés : 45 personnes, soit environ 10 % de la population active
Parmi ceux-ci : 27 domestiques de maison et 18 ouvriers.
Un seul indigent à NIBAS en 1851, preuve que le niveau de vie a augmenté depuis 1836
Le plus jeune des enfants au travail a 12 ans, il est ouvrier cordonnier. D’autres ont 13 et 14 ans et sont serruriers, tisserands, maçons. Peu de filles sont au travail, ont-elles été répertoriées en 1851 ?
Les femmes actives représentent 30 % de la population féminine.
L’évolution de la population
Le village a perdu 46 habitants depuis 1836. La population vieillit car les enfants sont aussi moins nombreux qu’en 1836.
Le secteur agricole s’est étoffé de 50 personnes supplémentaires et représente à présent environ 1/3 de la population active.
Cela s’est réalisé au détriment du secteur artisanal qui a perdu environ 20 % de sa population. Les tisserands et les fileuses, en moins grand nombre qu’en 1836 ont émigré vers d’autres communes qui attirent de la main d’œuvre. A la même époque par exemple, le secteur artisanal représente 80 % de la population active à BETHENCOURT SUR MER
.
LA NOUVELLE ECOLE PUBLIQUE
Le 24 mai 1850, le conseil municipal de NIBAS décide, pour pourvoir à la dépense de la construction d’une maison d’école, d’une imposition extraordinaire de 4.895 Francs.
Présents, le maire, BLANCART Charles Abraham, DEPOILLY Honoré, TETU Trutin, WATTEBLED Pierre, BECQUET André, HIBON Norbert, BOCHE Médard, PIEFFORT Magloire, CLERE Jacques.
Le conseil municipal a pris acte que le mauvais état de la construction de l’actuelle maison d’école et l’insalubrité de celle-ci nécessitent la construction d’un nouveau bâtiment.
Les devis s’établissent en effet à 4.091 Francs.
La nouvelle construction sera en moellons et briques, marches en pierre de bourgogne, charpente en chêne et sapin, couverture en ardoises.
La réception des travaux eut lieu le 29 décembre 1856.
Le conseil académique de la Somme qui est une délégation du Ministère de l’Instruction publique et des cultes dans sa séance du 17 mars 1851 a approuvé le projet d’école en ces termes :
« L’école de NIBAS est mixte pour les sexes. Une balustrade en planche, haute de 1,60m séparera les filles des garçons, des bancs, des tables, très bien disposés seront construits ainsi qu’une estrade pour le Maître.
La séparation des sexes aura lieu également dans la cour de récréation au moyen d’un mur qui la traverse. Des lieux d’aisance existeront dans chaque partie de la cour, et pour chaque sexe. Ils seront placés de telle sorte que le maître pourra facilement les surveiller.
Enfin, les filles et les garçons entreront en classe par des portes différentes et placées à chacune des extrémités de la classe.
Toutes les précautions seront donc prises pour éviter autant que possible la communication des sexes.
Somme toute l’école de NIBAS sera très convenable et je pense qu’il y a lieu par le Conseil de donner un avis favorable au projet qui lui est soumis. »
L’ECOLE PRIVEE OU « DON CAMILLO ET PEPPONE » A NIBAS EN 1854-55
Un litige entre le curé DORION, âgé alors de 37 ans avec le conseil municipal de NIBAS se fait jour en septembre 1854. Le curé, à l’aide de ses fonds propres, a procédé à la construction d’une école des filles à NIBAS sur un terrain acquis par lui-même. L’ensemble est de qualité et accueille environ à cette date 80 jeunes filles dont 45 ne s’acquittent pas de la rétribution scolaire. Pour parvenir à assurer le fonctionnement de l’école, le curé DORION puise dans les fonds en provenance d’une quête destinée à l’origine à la réfection de la nef de l’église.
Conscient que cette situation ne peut perdurer, il demande à la commune de lui racheter le bâtiment pour 4 à 5.000 Francs, soit la moitié de ce qu’elle lui a coûté.
Il se propose avec cette somme, d’entamer les travaux indispensables de réfection de l’église.
Seule contrainte imposée par le curé : que les 2 religieuses qui assurent actuellement l’enseignement scolaire soient maintenues dans leurs fonctions.
Le conseil municipal, dans sa majorité, refusa la proposition. Le curé en appela donc aux 2 Préfets successifs en 1855. Voici quelques passages de ses courriers.
Courrier du 2 septembre 1854 au Préfet CANLAY :
« La commune de NIBAS ayant une population de 987 âmes , plus de cent enfants à la charge d’un seul instituteur, j’ai cru faire une œuvre utile en fondant dans ma paroisse l’établissement d’une institution religieuse. A cette fin je me suis imposé des sacrifices : pendant 5 ans j’ai vécu comme les pauvres ! Grâce au concours d’une âme étrangère, je pus parvenir à mon but. Depuis mai dernier, une religieuse de la Sainte Famille est en exercice. La commune m’impose, afin de transformer l’école en communale, de lui en faire donation. Or, il m’est impossible d’accepter cette injonction. J’ajoute, que je demande à ce que les religieuses soient maintenues en place et qu’une somme de 200 Francs leur soit allouée. »
Le Préfet CANLAY refusa d’intervenir auprès du conseil municipal pour des raisons administratives.
Le 9 janvier 1855, le curé revient à la charge auprès du nouveau Préfet. Voici quelques passages de son courrier.
« L’autorité préfectorale peut-elle contraindre le conseil municipal à voter un traitement de 200 Francs pour une institutrice religieuse ?... alors qu’il n’y a qu’un seul instituteur presque déjà vieillard pour donner l’instruction primaire à 131 enfants (56 garçons et 75 filles) ?
Les filles sont scolarisées de 5 à 26 ans (à cause d’une classe supplémentaire qui réunit dans la soirée 28 filles adultes qui ne peuvent fréquenter la classe du jour), de sorte que ces deux religieuses donnent journellement l’instruction à plus de 100 filles !
La construction de l’école privée n’a rien coûté à la commune et voilà qu’à cause du mauvais vouloir de 7 à 8 membres du conseil municipal, qui cèdent à une fâcheuse influence, le traitement de 200 Francs que j’ai demandé a toujours été refusé.
Or, il ne s’agit point pour la commune de NIBAS d’une école de filles à créer, .., ni même d’un mobilier d’école et d’un ameublement de maison à fournir, mais simplement d’un traitement de 200 Francs à voter pour assurer l’existence d’une école de filles déjà créée. »
Le 20 janvier 1855, le curé DORION revient vers le Préfet pour lui expliquer qu’il se trouve dans l’impossibilité de faire donation à la commune de l’intégralité du bâtiment de l’école qu’il a fait construire car une partie des fonds employés à sa construction proviennent de l’argent d’une quête recueilli dans le but de rénover le bâtiment de l’église. L’évêque exigeant que les 1.500 Francs prélevés sur cette quête soient restitués à l’église. (note du webmestre : avant le concordat de 1905, c’étaient les paroissiens qui assuraient l’entretien des bâtiments du culte).
Voici quelques passages de ce dernier courrier :
« Si j’avais eu affaire à conseil municipal intelligent et chrétien, mon église aurait maintenant une nouvelle nef, car j’avais les fonds pour la bâtir, même sans le concours de la commune, mais vous devez savoir mieux que moi l’impuissance d’un pauvre curé de campagne en face d’une hostilité aveugle et presque toujours toute puissante, quand il s’agit de mettre des entraves….. S’il le faut, l’école restera fermée pendant des années, pour mieux témoigner d’une impuissance qui sera ma justification. Je ne demande que le prix d’un loyer de 10 Francs par année ainsi que le traitement d’une seule (religieuse), moi prenant (en charge) l’autre de mes deniers. »
Le curé du avoir gain de cause puisque 3 ans après, le 10 juillet 1858 le géomètre Josse BECQUET rédigea un procès- verbal d’estimation de l’école des filles de NIBAS !
Dans l’intervalle, le curé DORION avait quitté la commune.
Ci-dessous le plan dressé par le géomètre.
Néanmoins en juillet 1859 l’évêque propose à la commune de lui céder à titre gratuit ou de faire vendre à son profit l’école des filles en échange de travaux à faire à l’église dont le montant s’établit à 4.000 Francs.
COHABITATION DIFFICILE
Arrêté en date du 24 avril 1851
Considérant que, un rassemblement de jeunes gens sous le clocher pendant les offices du soir nuit à la libre entrée dans l’église, pour les personnes qui s’y rendent ;
Que ce rassemblement donne souvent lieu à des désordres qui troublent l’attention des assistants et blessent le respect que l’on doit à un lieu saint ;
Que la Loi n’accorde à personne le droit de se fixer sous le clocher ;
Que l’on a toléré jusqu’à présent de s’y placer qu’à cause de l’exiguïté de l’église qui ne peut contenir le nombre des assistants à la messe et aux vêpres ;
Que cette raison de tolérance n’existe pas pour les offices du soir qui sont moins fréquentés que les offices du jour ;
ARRETONS
A l’avenir, le clocher sera interdit aux jeunes gens pendant tous les offices du soir, à l’exception du salut du Jeudi-Saint. Le garde-champêtre est chargé de veiller soigneusement à l’exécution du présent Règlement
.
VAINE PATURE
A noter ce problème récurrent à NIBAS comme l’atteste le paragraphe ci-dessus en date de mai 1807.
Le 27 juin 1852 le conseil municipal de NIBAS prend l’arrêté suivant s’agissant du pâturage des bêtes.
Art. 1er : Tout propriétaire ou fermier pourra faire conduire moutons ou brebis à raison de chaque hectare de terre qu’il possède dans la commune.
Néanmoins, tout chef de famille domicilié, qui n’est ni propriétaire, ni fermier d’aucun des terrains sujets au parcours ou à la vaine pâture, et le propriétaire ou fermier à qui la modicité de son exploitation n’assure pas l’avantage qui va être déterminé, peuvent mettre sur ledit terrain soit par troupeaux séparé, soit en troupeau commun, jusqu’au nombre de 6 bêtes à laine et d’une vache avec son veau
Art. 2 : Défenses de conduire le bétail au parcours dans les terres closes par des murs, palissades, haies vives ou mortes, prairies artificielles, dans les plants et pépinières d’arbres à fruits ou autres, dans les terres ensemencées ou non encore dépouillées de leurs récoltes.
Art 3 : Le bétail ne pourra être mené dans les champs que moissonnés et ouverts que deux jours après la récolte.
Art. 4 : Le bétail doit être gardé par un nombre suffisant de gardiens, les bestiaux qui étant laissés à l’abandon entreraient dans les fonds sur lesquels le parcours est prohibé seront mis en fourrière par le garde champêtre. Le gardien et le propriétaire seront poursuivis.
Art. 5 : Défense de conduire les chèvres isolément si ce n’est à la corde.
REGLEMENT DE POLICE DES CABARETS
Le 20 janvier 1856 le conseil municipal prend l’arrêté suivant :
Article 1 : les cabarets, cafés, billards et autres établissements de même nature seront fermés à 9 ½ h du soir du 1er avril au 30 septembre et à 8 h du 1er octobre au 31 mars ;
Article 2 : Les propriétaires de ces établissements ne pourront sous aucune prétexte, garder chez eux qui que ce soit au-delà des heures ci-dessus déterminées, à moins qu’il ne s’agisse d’un étranger ayant son logement dans la maison.
Article 3 : Il leur est expressément défendu de recevoir dans leur établissement qui restera fermé aux joueurs et aux consommateurs pendant l’Office Divin, les jeunes gens âgés de moins de 16 ans si ceux-ci ne sont accompagnés de leurs parents. (il est défendu) d’y garder des individus ivres.
Article 4 : Aucun cabaretier, maître de billard ou de café ne devra permettre chez lui les jeux de hasard, ni tenir ouvertes des chambres avec lits, vulgairement appelées « cabinets noirs » !
Signé : BLANCART Maire
Carte postale d’un café de NIBAS
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FAILLITE
Au tribunal de commerce de SAINT VALERY, on fait part de la faillite du sieur Hilarion DUBOIS fils fabricant de serrures, demeurant à SAUCOURT. Les créanciers sont invités à se présenter à partir du vendredi 12 août 1853.
POLICE CORRECTIONNELLE D’ABBEVILLE
Pierre Alphonse LOISON, dit Cayeux, âgé de 33 ans, enfant des hospices de PARIS, serrurier, demeurant à NIBAS, a été condamné à 6 mois de prison pour s’être approprié deux coutres de charrue qu’on avait laissés dans les champs.
Norbert FOURNIER, âgé de 24 ans serrurier, demeurant à NIBAS, a été condamné à 16 F d’amende pour chasse sans permis et à rapporter son fusil au greffe, ou à payer 50 F d’amende pour sa valeur.
Onulphe VERLANT, âgé de 30 ans serrurier, et Amélie DOFFOEL, sa femme, demeurant à NIBAS comparaissaient tous deux à cette audience du 19.10.1853 pour vol de récoltes ; le mari a été acquitté, et la femme condamnée à 6 jours de prison.
RECONSTRUCTION DE L’EGLISE DE NIBAS
Voici le dessin de l’ancienne église de NIBAS qui figure dans la « collection MACQUERON » (voir notre page liens patrimoine)
La municipalité, soucieuse du bien-être de ses paroissiens, s’attela à la lourde tâche de faire reconstruire une partie de l’église.
Dès 1859 des devis sont établis par l’architecte COULOMBEL. Ils sont présentés en deux parties : la construction de la nef et la construction d’un clocher.
La construction de la nef
Il fut décidé que la maçonnerie se composerait de briques. Le volume calculé : 367 m3. Les marches devaient pour certaines être en pierre de Stinkal (pierre du boulonnais grise) ou pour le sanctuaire, en marbre noir.
Le carrelage de la nef fut choisi rouge et blanc.
L’ensemble s’élevait à 6.945 Francs
La charpente quant à elle devait être en chêne pour les parties nobles et pour le reste en sapin rouge ou blanc de hollande.
L’ensemble coûtait 2.236 Francs
La couverture en ardoises était posée sur voliges.
La couverture et les ouvrages en zinc ne devaient coûter que 1.440 Francs.
Le lot de menuiserie dont le montant s’établissait à 124 Francs ne comprenait que les corniches et la porte de la sacristie.
Les enduits sur le plafond, fait sur lattes d’aubier, l’enduit du mur et la peinture à huile sur les bois coûtaient 640 Francs.
La surface des fenêtres conçues en fer était estimée à 77 m2 et l’ensemble de la serrurerie et vitrerie s’établissait à 1.524 Francs
Le total, qui comportait également 588 Francs de frais imprévus et 675 Francs de frais d’architecte s’élevait à 14.175 Francs pour la nef seule
La construction du clocher
Celui-ci devait être entièrement construit sur fondations. La maçonnerie serait en moellons et briques, les marches en pierre de Stinkal (voir ci-dessus), du carrelage était prévu également. Le coût s’élevait à 2.733 Francs
La charpente en chêne et bois de sapin. Le total s’élevait à 847 Francs.
La couverture, de même que pour la nef serait en ardoises qui coûteraient 304 Francs.
Le lot « menuiserie » en bois de sapin comportait une porte d’entrée et un plancher de sapin rouge sur le beffroi. Le total s’élevait à 555 Francs.
La peinture à huile pour 100 m2 était évaluée à 125 Francs
La serrurerie et vitrerie pour 2 croisées et ferrures diverses coûtait 426 Francs.
Le total des travaux sur le clocher se montait donc à 5.355 Francs, qui, ajouté aux frais de reconstruction de la nef était évalué à 19.530 Francs.
En décembre 1866, soit 7 ans plus tard, un autre architecte nommé DINGEON s’adresse par courrier au sous-préfet d’ABBEVILLE pour lui faire part de son diagnostic concernant l’état de l’église de NIBAS.
Il est sans appel : « la nef dont les murs en cailloux (sont) très peu solides ne peuvent subir de réparation. Une partie du mur avec son contrefort menace ruine.
Par ailleurs, la nef est beaucoup trop petite par rapport à la population de l’endroit, elle est insalubre, les croisées ne donnent pas une clarté suffisante.
La couverture en ardoises de la nef et celle du clocher sont dans un état complet de vétusté. J’ai donc proposé au Conseil Municipal la reconstruction totale de la nef et de son clocher ».
Monsieur DINGEON confirme ainsi le précédent diagnostic de son confrère en 1859.
Il propose d’ores et déjà un plan de financement des travaux qu’il évalue à 15.000 Francs (un peu moins qu’en 1859)
Plans en coupe de l’ancienne et nouvelle nef
En février 1867, le Conseil Municipal examine le projet de travaux sur l’église et approuve les devis et plans.
Ont approuvé : MM. BECQUET, BLANCART, BOURNEL, TETU, TRUTIN, CAILLET, OZENNE, H. FOURNIER, HIBON et FOURDRIN.
Ont refusé de signer : DEPOILLY Adjoint, PIEFFORT et WATTEBLED.
Le 17 septembre 1867, le maire de NIBAS, BLANCART s’adresse en ces termes au Préfet :
« Pour combler le déficit de 1.870 Francs, (je demande) un secours de l’Etat. Il est impossible à la commune de le combler vu les nombreux sacrifices qu’elle s’est imposée depuis 15 années tant pour la construction de ses 2 écoles, que pour la confection de plusieurs chemins vicinaux, la réparation des murs du cimetière et du presbytère, l’habillement et l’équipement de ses 2 compagnies de sapeurs- pompiers et la restauration du logement de l’instituteur. «
En mai 1876, soit 17 ans après les tout premiers devis, le conseil municipal de NIBAS solde les travaux de reconstruction de l’église. L’entreprise FONTAINE a reçu la somme de 14.035 Francs sur les 14.518 Francs de la dépense totale, rabais déduit. Le conseil approuve le paiement du solde de 482 Francs.
Signé : DELAPLACE, DE MILLEVILLE, DEPOILLY, OZENNE, CLERE, HIBON, LECOMTE, FOURDRIN, FOURNIER, WATTEBLED et BECQUET.
Photo du plan de l’église avec le clocher.
LA POPULATION A NIBAS EN 1872
Les personnages importants du village
Le maire n’est plus nommé
Le curé, c’est TETU François, 47 ans
Les instituteurs, ce sont GALLOT Polyxène, 38 ans
Et BILHAUT Cyr Joseph, 32 ans
Le garde champêtre, c’est HENOCQUE Urbain, 64 ans
Les meuniers sont très nombreux, il semble qu’il y ait 4 moulins à NIBAS et ses hameaux :
PARMENTIER François, 59 ans
PARMENTIER Elisée, 22 ans, son fils
SINOQUET Désiré, 53 ans
SINOQUET Joseph, 25 ans, son fils
SINOQUET Ernest, 21 ans, son fils
SINOQUET Adéodat, 16 ans, son fils également
HURTELLE Jules, 28 ans, meunier à huile
LECUT Cléophas, 49 ans
LELEU Félix, 66 ans
Répartition de la population
Le nombre d’hommes de + de 21 ans est de 284
Le nombre de femmes de + de 21 ans est de 264
Il y a 365 enfants de – de 21 ans.
La population totale du village est de 913 personnes, soit 74 de moins qu’en 1851. La population du village a diminué de 120 habitants en 36 ans.
L’âge moyen de la population est de plus de 31 ans
Le nombre de foyers s’élève à 234 et le nombre de personnes par foyer d’un peu moins de 4.
Le nombre de femmes chefs de ménage est de 31
Les plus vieilles habitantes ont 83 ans, ce sont : CLERE Geneviève et DELATTRE Prudence
Le plus vieil habitant a 82 ans, c’est PRIEZ Valéry
Les plus jeunes sont âgés d’un mois, ce sont : DUCORROY Etienne et FRIVILLE Gérold
Les métiers
Les propriétaires et les rentiers sont au nombre de 15.
Secteur agricole : 117 personnes soit 30,5 % de la population active
Les cultivateurs sont au nombre de 73, il y a 1 marchand de lin, 4 éleveurs, 7 bergers et 1 bûcheron et 31 journaliers et manouvriers.
Secteur artisanal : 201 personnes, soit 52 % de la population active
Il n’y a plus que 4 tisserands et 1 fileuse, soit 5 personnes
Les métiers du bâtiment sont représentés essentiellement par 9 maçons et 7 charpentiers
Les métiers du fer sont représentés par :
1 tonnelier, 2 maréchaux- ferrant, 2 charrons, et 168 serruriers, soit à eux seuls 44 % de la population active.
Il y a 3 fabricants de serrures.
D’autres artisans sont implantés : 1 sabotier, 1 bourrelier, 1 horloger.
Secteur commerçant : 25 personnes, soit 6,5 % de la population active
Les métiers de bouche sont occupés par 9 personnes, ceux de l’habillement par 16 personnes.
Les fonctionnaires et assimilés représentent 8 personnes dont 2 Géomètres, 4 Instituteurs, 1 Garde Champêtre et 1 cantonnier.
Les meuniers sont 9
2 Messagers aussi à NIBAS
Les métiers peu qualifiés : 22 personnes, soit 5,7 % de la population active
Ils se répartissent ainsi : 21 domestiques de maison et 1 Ouvrier briquetier.
Les indigents sont relativement nombreux pour cette époque : 9 personnes.
Les femmes actives représentent 18 % de la population féminine de plus de 21 ans.
Le plus jeune enfant au travail a 10 ans ! Sa mère est veuve et il est serrurier.
3 autres serruriers ont 12 ans, un autre 13 ans et enfin 4 ont 14 ans.
SYNTHESE
Il apparaît que la tendance qui apparaissait en 1851 se confirme. NIBAS perd des habitants et sa population vieillit. La moitié des habitants disparus sont des enfants.
La répartition des métiers change peu. Le secteur agricole reste constant. La part du secteur artisanal augmente un peu : les serruriers ont remplacé les tisserands.
Le secteur commerçant par contre perd du terrain, les métiers de bouche disparaissent, ce qui est du probablement à la diminution de la population.
Les femmes sont majoritairement au foyer. Les femmes actives ne représentent que 18% de la population féminine et 12 % de la population active totale.
On voit réapparaître des indigents dans la commune, ce qui indique que le niveau de vie baisse et les enfants, en majorité des garçons travaillent très tôt.
L’évolution du village ne se fait donc pas l’identique de certains autres comme TULLY et BETHENCOURT SUR MER (on pourra comparer les analyses dans ces 2 communes à la même époque) et ne semble pas prendre le virage de l’ère industrielle.
L’ECOLE DE SAUCOURT
Le 4 avril 1879, le conseil municipal réceptionne les travaux de construction d’une salle de classe pour SAUCOURT dont la dépense s’élève à 3.577 F. Le projet date de décembre 1876, date à laquelle la commune de NIBAS a acquis l’immeuble en question qui était dans un état d’insalubrité complet.
ANALYSE RECENSEMENT DE NIBAS EN 1881
Les personnages importants du village
Le maire c’est BECQUET André Josse, il a 73 ans
Les instituteurs s’appellent BILHAUT Alfred, 42 ans ,
WAROT Alfred, 23 ans et MERCIER Fortuné, 24 ans
L’institutrice c’est DURIET Marie Rose, elle a 63 ans
Le curé c’est TERNISIEN Joseph, il a 48 ans
Le garde champêtre, c’est HENOQUE Urbain, 74 ans
Les meuniers ce sont :
PARMENTIER Elisée, 33 ans
PARMENTIER François, 69 ans
SINOQUET Joseph, 35 ans
Répartition de la population
Le nombre d’hommes de + de 21 ans est de 294
Le nombre de femmes de + de 21 ans et de 265
Il y a 326 enfants de – de 21 ans
La population totale du village est de 885 personnes, soit 28 de moins qu’en 1872.
L’âge moyen de la population est de 32 ans et demi.
Le nombre de foyers s’élève à 249 et il y a environ 3,5 personnes par foyer.
Les femmes chefs de ménage sont au nombre de 34.
Les plus vieux habitants ce sont CAILLET Alexis et FOURNIER Louis, ils ont 80 ans tous les deux.
La plus vieille habitante, c’est BECQUET Honorine, 89 ans
Les deux plus jeunes ont 1 mois : ROGER Alisé et HENIN Fernand
Les métiers
Les propriétaires et les rentiers sont au nombre de 9. Deux d’entre eux sont aussi cultivateurs
Secteur agricole : 133 personnes, soit 31 ,5 % de la population active
Les cultivateurs proprement dits sont au nombre de 68, il y a 4 éleveurs et 2 bergers.
Les manouvriers et journaliers, ou ménagers sont au nombre de 59.
Secteur artisanal : 218 personnes, soit 52 % de la population active
Il n’y a plus que 2 tisserands et plus du tout de fileuse
Les métiers du bâtiment sont représentés par 7 maçons, 5 charpentiers et 3 menuisiers, soit 15 personnes
Les métiers du fer et du cuivre sont représentés par :
5 Maréchaux-ferrants
3 Charrons
Il y a également 2 marchands (fabricants) de serrures, 2 mécaniciens et 4 tourneurs en cuivre. Les serruriers sont au nombre de 186, représentent à eux seuls 44 % de cette population artisanale.
Secteur commerçant : 31 personnes, soit 7,3 % de la population active
Les métiers de bouche sont occupés par 10 personnes et les métiers de l’habillement 16 personnes. Il n’y a pas moins de 12 couturières à NIBAS. Les autres sont blanchisseuse, passementière, cordonnier, sabotier. Une marchande ambulante est répertoriée aussi.
Les fonctionnaires sont 7 : 4 instituteurs (trice), 2 cantonniers, 1 garde champêtre.
Les indépendants sont les meuniers, au nombre de 4, 1 géomètre et 1 messager.
Secteur des métiers peu qualifiés : 27 personnes, soit 6,3 % de la population active
Les domestiques de maison, 23 et les ouvriers et employés 4.
Les 2 plus jeunes enfants au travail ont 13 ans et sont serruriers(ères). 3 serruriers ont 14 ans. Les 8 enfants de 15 ans qui travaillent sont soit serruriers, soit domestiques, soit journaliers.
SYNTHESE
La première remarque qui vient à l’esprit c’est que la population du village a encore diminué à cette date et qu’elle vieillit encore un peu plus. Cela est du à la baisse du nombre d’enfants, qui se retrouve dans la diminution du nombre de personnes par foyers. Les habitants sont plus vieux, donc, ont moins d’enfants à leur domicile.
La répartition de la population active dans les différents secteurs ne varie pratiquement pas. Les secteurs agricole et artisanal emploient la même proportion de main d’œuvre et, dans ce dernier, les serruriers y restent majoritaires. Le secteur du commerce augmente un peu sa part ainsi que le secteur des métiers peu qualifiés. Il y a cependant moins de meuniers, la faute probablement à la mécanisation naissante.
Il n’y a plus d’indigents dans la commune, preuve que le niveau de vie s’élève un peu. Les enfants travaillent un peu moins tôt qu’en 1872.
Comme en 1872, on peut affirmer que le village reste en marge de l’ère industrielle qui donne de l’essor aux villages proches de BETHENCOURT SUR MER et TULLY (voir les analyses des recensements dans ces deux communes dans l’histoire du 19ème siècle de celles-ci).
SECOURS à Amédé NOLLEVAL
Le 20 mai 1881, le maire informe le conseil municipal d’une demande de secours du sieur Amédé NOLLEVAL, indigent et infirme, incapable de gagner sa vie.
Le conseil décide de lui allouer 156 Francs pour l’année entière, financée par une imposition extraordinaire, renouvelable en 1882. Monsieur OZENNE-DUCASTELLE contribuable adjoint épicier s’engage à lui fournir en marchandises cette allocation
Signé : DE PONTHIEU, OZENNE, DE NEUVILETTE, HIBON, DEPOILLY, CLERE, LECOMTE, FOURDRIN et BECQUET maire.
Mais le Préfet revint sur la décision du conseil municipal en « considérant que la dépense dont il s’agit ne saurait être à aucun titre considérée comme ayant un caractère d’utilité communale, est d’avis qu’il n’y a pas lieu d’autoriser l’imposition sus mentionnée. »
LES ECOLES DE NIBAS EN 1884
ECOLE DES GARCONS
Instituteur BILHAUT
Nombre d’habitants : 888
Ecole de Garçons construite en 1852
Nombre de salles de classe : 1
1 enseignant
Nombre d’élèves total : 48
Nombre d’élèves présents en avril 1884 : 45
De 4 à 5 ans : 3
De 5 à 6 ans : 5
De 6 à 13 ans : 33
Au-dessus de 13 ans : 7
Total : 48
Pas de cours d’adultes
Il y a une réserve de 24 élèves possible.
Il y a un poêle pour le chauffage
La bibliothèque scolaire renferme 298 volumes.
Cabinets d’aisance : 2
1 préau non couvert, la superficie de la cour de l’école est de 3 ares environ
Jardin de 23 ares pour le personnel enseignant.
La caisse des écoles est dotée de 50 F de ressources. Une commission doit être créée pour déterminer le fonctionnement de cette caisse.
ECOLE DES FILLES
Institutrice : E. DUPONT
Construite en 1853, le local est la propriété de la commune après une donation.
1 salle de classe et 1 enseignant
Nombre d’élèves total : 41
Nombre d’élèves présents en avril 1884 : 29
De 4 à 5 ans : 9
De 5 à 6 ans : 6
De 6 à 13 ans : 26
Au dessus de 13 ans : 1
TOTAL : 41
Pas de cours d’adulte
21 places sont en réserve pour d’éventuelles élèves supplémentaires.
Le chauffage est assuré par un poêle .
Pas de bibliothèque scolaire
2 Cabinets d’aisance mais pas de préau couvert.
Le logement de l’instituteur se compose de 5 pièces avec un jardin de 3 ares.
La caisse des écoles n’est pas encore en fonctionnement, vient d’être créée
ECOLE DE SAUCOURT (Mixte)
Instituteur : LANGLET
245 habitants
Construite en 1880
1 salle de classe et 1 enseignant (le directeur)
Nombre d’élèves total : 37
Nombre d’élèves présents en avril 1884 : 33
De 5 à 6 ans : 2
De 6 à 13 ans : 31
Au dessus de 13 ans : 4
TOTAL : 37
Pas de cours d’adulte
7 places sont en réserve pour d’éventuels élèves supplémentaires.
Le chauffage est assuré par un poêle à charbon
Bibliothèque scolaire de 30 volumes
3 Cabinets d’aisance mais pas de préau couvert. La cour a une superficie de 2 ares.
Le logement de l’instituteur se compose de 4 pièces avec un jardin de 3 ares.
Le 21 octobre 1899, le maire prend connaissance du devis pour la restauration de la toiture en ardoises de l’église. Celui-ci se monte à 213,55 Francs pour une surface totale de 65 m2.
Source : Recensement de Population
Pilote de la Somme 23.07.1853
Pilote de la Somme 30.08.1853
Délibérations communales série O aux A.D. D'AMIENS
Notariat d'AULT
Archives Nationales en Ligne (écoles en 1884)