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Histoire locale 07 - LES PROTESTANTS EN VIMEU

 

 

                                     LES PROTESTANTS EN VIMEU

 

Le protestantisme apparaît dès 1528 en Picardie. En 25 ans, de 1535 à 1560 surgissent de nombreux adeptes, convaincus au contact de certains amis, ou par la lecture de livres protestants diffusés par les colporteurs.

 

 

LOCALISATION DES FOYERS PROTESTANTS

Vers 1560 on distingue :

 

Un protestantisme urbain : presque uniquement à AMIENS : 1/7ème de la population, soit 3700 personnes. Il se situe dans le milieu textile Ce qui est étonnant c’est que les facteurs habituels d’explication d’adhésion à la nouvelle religion ne jouent pas ici : pas de corrélation entre niveau culturel et Réforme, pas conscience non plus d’être l’élite hautement qualifiée, pas de corrélation non plus avec la misère.

Ailleurs, peu de choses : à ABBEVILLE ou SAINT VALERY ; plus à MONTDIDIER où le milieu des hommes de loi est gagné à la Réforme.

 

Un protestantisme rural de dissémination dans le VIMEU surtout car un certain nombre de nobles sont protestants, tels les RAMBURES à VAUDRICOURT POIREAUVILLE, le seigneur de SENARPONT, les ROUTIER près de GAMACHES.

Il s’agit en fait d’une petite noblesse rurale qui entraîne avec elle la plupart des paysans de ses seigneuries. Mais on ne trouve trace d’aucune grande famille aristocratique.

 

 

 

LES AFFRONTEMENTS AVEC LES CATHOLIQUES

 

Pas de ST BARTHELEMY sanglante en Picardie car le duc de Longueville tient la situation.

Tout change en 1576 car la noblesse picarde refuse que le Prince de Condé, chef du parti protestant, devienne gouverneur de Picardie. C’est cette noblesse picarde qui est à l’origine de la création de la Sainte LIGUE très forte grâce au soutien du clergé, des autorités, des notables. Elle tient toutes les villes de la Somme.

 

La situation est très difficile pendant près de 20 ans pour les protestants parce qu’il y a des affrontements très durs avec les catholiques ; de surcroît tout cela a lieu dans un décor très sombre :

-         les famines et les épidémies (voir notre article sur les épidémies et famines dans le Vimeu au 16ème siècle)

-         La proximité des Espagnols à qui la Ligue ouvre les portes d’AMIENS en 1598. Du coup, les protestants aident Henri IV à reprendre la ville.

 

 

AU XVII ème SIECLE

 

A ABBEVILLE

 

En 1665, arriva à ABBEVILLE Josse VAN ROBAIS, habile manufacturier de MIDDELBOURG (Pays Bas) accompagné de 50 ouvriers hollandais. Colbert l’avait appelé dans le désir d’affranchir sa patrie de l’importation des draps fins d’Angleterre ou de Hollande. Le roi dut accorder à cet industriel des privilèges considérables à commencer par le droit de pratiquer le culte protestant en dehors de toutes les lois d’interdiction. Dans le même temps on réprima à quelques kilomètres de là, les pratiques protestantes.

 

Photo de la manufacture des rames (Collection MACQUERON voir notre page « liens patrimoine»)

 

 

                                        

 

                                    PROTESTANTS Manufacture Rame.gif

 

 

                                         

 

A VAUDRICOURT POIREAUVILLE

 

A partir de 1641 on se réunissait sur la terre de VAUDRICOURT, appartenant à Jephté de RAMBURES, seigneur de POIREAUVILLE. Le synode de 1653 désignait cette même paroisse en l’appelant : Eglise d’OISEMONT, ST VALERY et POIREAUVILLE. Le synode de 1655 décida que le pasteur donnerait le tiers de son temps à cette dernière annexe.

 

Le temple de VAUDRICOURT ne s’élevait pas dans le château. Il n’y avait qu’un moulin et le sieur de RAMBURES n’y habitait pas. Toutefois, pour assurer aux Protestants des environs un lieu de culte au fur et à mesure que l’Edit de NANTES fut appliqué de façon de plus en plus restrictive, deux de ses enfants y avaient leur domicile ordinaire, deux jeunes filles de 16 et 18 ans.

 

En 1665 il est interdit au Seigneur de POIREAUVILLE de recevoir plus de 30 personnes pour assister au culte. Or, le synode de CLERMONT en 1667 a fait appel à la charité des églises de la province pour aider celle de ST VALERY (et donc VAUDRICOURT) à construire une salle destinée au culte. En même temps, il lui accorda un pasteur particulier, ce fut Paul COULEZ.

 

 

 Le 23 février 1671 le prévôt de ST RIQUIER, par ordonnance, accusa de RAMBURES et Paul COULEZ. D’après les témoins, ce ministre, dont le domicile était à VALINES après avoir été à ST VALERY, faisait chaque dimanche le culte à VAUDRICOURT.

Comme autrefois, on y venait en grand nombre de ST VALERY, de la FERTE, de MONS BOUBERT, de MIANNAY etc. Aux questions qui lui furent faites, COULEZ reconnu que l’église de VAUDRICOURT avait son consistoire, que les sieurs de RAMBURES et POIREAUVILLE ; de MONTMORENCY, GATON et BEAURIN de ST VALERY en étaient les membres, et qu’il recevait son traitement fort modique, des mains de POIREAUVILLE et d’autres personnes.

 

Lors de l’interrogatoire du ministre COULEZ, en 1672, le prêche à VAUDRICOURT était supprimé depuis une année. Voyant cela Daniel de BOUBERS, avait cherché à le transporter dans sa terre de BOISMONT. A peine le culte y eut-il été célébré deux fois, après l’accomplissement des formalités légales, qu’il fut frappé d’interdiction.

 

En février 1675 le pasteur COULEZ dut se retirer de cette église. Jephté de RAMBURES quant à lui décéda pendant le procès relatif à VAUDRICOURT.

 

Château de Vaudricourt (Collection MACQUERON voir notre page « liens patrimoine»)

 

 

                                  

 

                                PROTESTANTS  Chateau Vaudricourt.gif

 

A OISEMONT

 

En 1665, Paul GEORGES,  avait été remplacé par Pierre BOIRIES, et celui-ci l’avait été en 1667 par Jacques de VAUX.

 

Aux dires des témoins, appelés à différentes reprises devant le prévôt du VIMEU, le service se faisait dans une chambre haute du château : 30 personnes y étaient admises ; le surplus devait attendre dans la cour ; le service fini pour les premières recommençait pour les secondes ; une troisième réunion avait lieu dans l’après midi. Un témoin affirma que l’assemblée comptait quelquefois 90 personnes. On y venait des bourgs d’OISEMONT, SENARPONT, HORNOY, des villages d’HEUCOURT, CROQUOISON, VERGIES, VRAIGNES.

 

 

Sur la pression très forte de la hiérarchie catholique après du pouvoir royal, comme celle de Monseigneur FAVRE, évêque d’AMIENS. Il obtient la décision royale en date du 27 mars 1665, de faire détruire le temple de CANNESSIERES près d’OISEMONT. En conséquence, seuls les seigneurs peuvent pratiquer leur foi mais Monseigneur FAVRE obtient l’interdiction de ce culte là aussi.

 

A ST VALERY

 

Les réformés étaient peu nombreux à ST VALERY. Ceux qui y vivaient dans la seconde moitié du 17ème siècle étaient pour la plupart des étrangers venus s’installer dans la cité dont la réputation commerciale s’affirmait chaque jour et se faisaient recevoir bourgeois après un temps plus ou moins long de résidence. En ce cas, le seigneur châtelain devait donner son approbation à tout établissement de religionnaire à ST VALERY et l’autorisation d’exercer un métier n’était accordée par l’échevinage qu’après avis favorable du marquis de GAMACHES. Le nouveau venu devait également verser une somme assez importante à l’église paroissiale ST MARTIN. 

 

Le nombre de protestants était trop restreint pour qu’il y ait à ST VALERY un temple pour la célébration du culte. Les assemblées des protestants de ST VALERY et des environs se tenaient donc à POIREAUVILLE VAUDRICOURT.

 

En 1663 commencèrent les premières difficultés entre catholiques et protestants dans cette ville. Lors du passage de la procession du Saint Sacrement, les habitants devaient tendre des draps sur leurs façades. Daniel LEFEBVRE, Jean et Philippe DUFLOS, religionnaires, ne satisfirent pas à cette exigence. Ils furent aussitôt condamnés.

 

Après la disparition du temple de POIREAUVILLE et l’impossibilité de s’établir à BOISMONT (voir ci-dessus), les protestants de ST VALERY durent aller au prêche tenu à ABBEVILLE.

 

Les conversions des protestants au catholicisme , favorisées par Louis XIV par toutes sortes de moyens : la persuasion d’abord, dont l’action était confiée au clergé, les exemptions des tailles, indemnités aux nouveaux convertis, facilités pour le paiement de leurs dettes eurent un certain écho à ST VALERY.

 

Les protestants, traqués de tous côtés, cherchèrent à se cacher ou à émigrer.

En 1681, l’intendant de Picardie fait « deffenses à tous gribanniers, pilotes ou maîtres de navires à ST VALERY, d’embarquer ou recevoir sur leur bord aucune personne de quelques qualité qu’il puisse être s’il n’a une permission de bonne forme signée du sieur de BOMICOURT, maistre des Eaux et Forets d’ABBEVILLE, que nous commettons à cet esffet…. « 

 

Quelques religionnaires, soupçonnés de vouloir partir furent gardés à vue dans leurs demeures par ordre de l’autorité municipale.

 

Le 19ème jour de décembre 1685, le procureur fiscal MACHART de ST VALERY décide de mettre sous surveillance, Philippe MARCHANT et Madeleine COQUEST sa femme. Albrand BLANART, PARMENTIER, Jacques ASSEGOND et Michel PIRIMONYE  marchand mercier et la femme de Jean PETITCAULT, tous de la religion prétendue réformée. Les uns sont soupçonnés de vouloir s’exiler, les autres d’avoir abjuré sans réelle conviction.

 

Les relaps (ceux qui ne renonçaient pas à leur foi protestante ou qui revenaient à leurs anciennes pratiques) furent sévèrement punis. Une déclaration du Roi les menaçait d’emprisonnement ou les galères à perpétuité. Les dépouilles de ceux qui venaient à décéder après avoir refusé de recevoir l’extrême onction devaient être traînées sur une claie, avant de recevoir une sépulture. En 1686 après un procès intenté « post mortem » à Jacques BEAURAIN de ST VALERY, marchand mercier, son corps, exhumé, fut étendu sur une claie et promené dans les rues de ST VALERY.

 

A SAINT VALERY, peu à peu le silence se fit autour des protestants. Ceux qui demeurèrent en secret fidèles à leur foi, après avoir vécu dans une sorte d’isolement, furent bientôt mêlés par contact forcé aux catholiques. En 1692, les prêtres de SAINT MARTIN conféraient le baptême aux enfants des protestants et les meilleures familles catholiques de la ville tenaient les nouveaux-nés sur les fonts baptismaux.

 

Pierre PICAULT, fils légitime de Pierre, marchand mercier, de la religion prétendue réformée, et de Suzanne BEAURIN, sa femme, de la mesme religion naquit le 16 juillet (1692) et fut baptizé le lendemain. Son parrain Philippe PONTHIEU, bourgeois de cette ville et sa marraine demoiselle Madeleine MACHART,, fille de feu Nicolas, ancien maïeur

Suzanne BEAURAIN, mère de cet enfant mourut relaps  à SAINT VALERY ainsi que son fils Jacques. .

 

 

Durant toute cette période de l’après révocation, les protestants sont fortement brimés et écartés d’un grand nombre de fonctions économiques ou administratives. De plus, il faut l’autorisation obligatoire des magistrats pour procéder aux inhumations (de nuit) mariages ou baptêmes. Les pasteurs sont tenus très loins de leurs fidèles.

 

L’EXIL

 

 

 

La révocation de l’Edit de NANTES en 1685 oblige les protestants à se cacher.

 

Beaucoup s’exilent malgré l’interdiction. Les départs se font à partir des ports de ST VALERY et du CROTOY vers l’Angleterre et les Provinces Unies protestantes.

D’autres partent vers l’Ecosse, en remontant vers Cambrai et Tournai. Ils peuplent un quartier d’EDIMBOURG appelé « quartier de Picardie ».

Un quartier de SPITALFIELDS à LONDRES servit également de refuge aux protestants picards.

Enfin certains s’exilent vers la Prusse, où des protestants picards introduisent la fabrication d’huile de lin ou de colza celle de savon noir.

 

Favoriser la fuite des huguenots, était chose fort périlleuse. C’était un crime puni d’abord des galères perpétuelles, avec confiscation des biens et, depuis le mois d’octobre 1687, de la peine de mort. Une grande vigilance s’exerçait sur mer, sur les côtes, sur les frontières, dans l’intérieur du pays. Malgré cela, bien des gens se vouèrent au métier de guides. 

 

L’une des difficultés du voyage des migrants qui traversaient nos contrées était le passage de la Somme. Malgré les dangers que l’on courait, plusieurs nouveaux catholiques les traitaient avec beaucoup d’humanité. Ainsi en 1694, Mademoiselle DE BADE domiciliée près d’AMIENS et Madame d’HERLY, domiciliée dans le village qui porte son nom furent dénoncée à la police pour avoir aidé des protestants à s’enfuir.

 

A ABBEVILLE, AMIENS, on arrêta une foule de fugitifs. Les prisons en regorgeaient.

 

La majorité des protestants est restée parce que ce n’était guère possible de partir pour tous ceux,  nobles ou roturiers car ils ne pouvaient vendre leurs biens.

 

Dans l’élection d’ABBEVILLE, 12 particuliers sont partis dont les biens ont été confisqués. De celle de ST VALERY, 4

 

 

LES CONVERSIONS

 

Avant la révocation de l’édit de NANTES, plusieurs conversions se produisirent. Elles ont été soulignées par un certain apparat Le 22 février 1682, Jeanne LANDE, agée de 27 ans fille de André LANDE et Anne CAPERON abjura en présence de 6 prêtres.

 

 

Pour échapper aux persécutions, certains abjurent et se convertissent vraiment. Mais beaucoup ont abjuré tout en continuant à pratiquer leur religion. Un certain nombre de prêtres ont, de leur propre initiative, donné des certificats de complaisance à des protestants en sachant parfaitement qu’ils continueraient en fait d’être protestants.

 

 

Dans le VIMEU, certains abjurent : les RAMBURES, d’autres sont récalcitrants comme les ROUTIER. Plusieurs refuges huguenots ont existé, quoique très mal connus puisque clandestins : près d’HORNOY et OISEMONT.

 

 

 

 

 

 

LES GALERIENS PROTESTANTS

 

Il n’y eut selon les sources officielles toutefois très lacunaires, qu’un protestant originaire du Vimeu condamné aux galères. Son nom figure sur une plaque située au Musée du Désert à MIALET (30), plus précisément au Hameau du Mas SOUBEYRAN. (voir notre page : liens genealogie : musée du Désert de MIALET )  Il s’agit de :

 

BAURIN Antoine chaîné de PARIS, arrivé à MARSEILLE le 11 Août 1685, conduite par LE VASSEUR, au nombre de 162 hommes, y compris 6 morts sur la route. Natif de TULLY près la ville d’EU, âgé de 42 ans, de moyenne stature, poil châtain, le visage et nez long, les yeux bleus, condamné par arrest du Parlement de PARIS, du 16 avril 1685 sans dire pourquoy. Il fut envoyé à l’Amérique ordre du Roy du 9 octobre 1686. 

 

 

Il y avait 5 catégories de forçats : les Turcs (hommes d’Algérie ou du Levant), les faux sauniers, les déserteurs, les criminels et enfin les protestants.

Après la révocation de l’Edit de NANTES, les protestants qui étaient condamnés aux galères avaient commis les délits suivants : Assistance à une assemblée religieuse, tentative de fuite hors du royaume, hospitalité accordée à un passeur.

 

Leur nombre s’accrut considérablement à partir de la révocation de l’Edit de NANTES en 1685. C’est ainsi que le 27 juin 1686 il y avait 600 forçats protestants à MARSEILLE. Il semble d’ailleurs que leur nombre était tel qu’il fallût les disperser dans les prisons des lieux voisins. En effet plus des trois quarts sont incapables de monter dans les galères à cause de leur âge ou de leur faiblesse. La décroissance des protestants galériens se fit à partir du milieu du 18ème siècle.

 

La vie des galères nous apparaît de nos jours comme un véritable enfer mais il fallait à tout prix des galériens car 42 galères réclamaient au moins 12.000 rameurs et même davantage car on devait tenir compte des remplacements nécessaires. En effet, les galériens mourraient vite sous la triple influence des mauvais traitements, de la mauvaise nourriture et d’un travail excessif.

 

LE VOYAGE

 

Aussitôt condamné, le coupable était conduit dans les prisons de dépôt où il demeurait – souvent plusieurs mois – jusqu’à ce que le nombre de condamnés aux galères fut suffisant pour former une chaîne, sorte de convoi qui les acheminait jusqu’au siège des galères.

Ils étaient envoyés à DUNKERQUE, ROCHEFORT, TOULON ou MARSEILLE.

C’est là que les attendaient les souffrances de la chaîne. C’est ainsi qu’on appelait le lugubre cortège des forçats que l’on conduisait à travers la France jusqu’au port de mer où ils devaient subir leur peine ; les portaient des colliers de fer, et ces colliers étaient rattachés les uns aux autres par une courte chaîne qui les liait deux à deux et par une autre beaucoup plus longue qui reliait tous ces couples de malheureux les uns aux autres. Il fallait que leur moindre mouvement se fit ensemble sous peine de meurtrissures pour tous ; tout était affreux, une nourriture dont les animaux ne voulaient pas, un coucher de quelques heures dans la boue ou le fumier, les étapes d’une longueur excessive, les rigueurs de l’hiver ou de l’été avec quelques haillons pour tout vêtement, la férocité des gardes, tout était insupportable.

 

LA VIE DES FORCATS

 

Arrivé au bagne, on les marquait au fer rouge des trois lettres G.A.L. On leur rasait les cheveux, puis on les revêtait de la tenue du bagnard qui consistait en deux chemises de grosse toile d’étoupe, une chemisette de serge rouge, une paire de bas, et une calotte rouge, jamais de chaussures. Tous les deux ans, on leur fournissait une capote faite de grosse ficelle, de la forme d’une robe de chambre tombant jusqu’au talon. C’était le plus apprécié des vêtements lui servant de matelas et aussi de couverture pendant les nuits froides.

La dernière opération à l’arrivée était le ferrement et l’accouplement, le forçat avait un boulon d’un kilo et demi au pied et se rattachait ainsi à 18 autres congénères. En principe il n’était jamais déferré, il restait littéralement attaché à son banc la nuit comme le jour pour travailler, se nourrir et se reposer. L’espace était si mesuré qu’il n’avait même pas la place de s’allonger pour dormir. On peut imaginer l’affreuse odeur que dégageait cette masse humaine privée des soins de propreté élémentaires. Aucune installation quelconque pour favoriser leurs besoins naturels, seuls, les paquets de mer, par mauvais temps, emportaient tout et laissaient la place à peu près nette.

 

La nourriture était bien sommaire et tout juste suffisante ; elle consistait en biscuit et une soupe de fèves à l’huile. Mais la douzaine tout au plus de fèves était très mal cuite et les forçats avaient grand peine à les manger.

 

 

Dessin de Samuel BASTIDE

 

 

                         PROTESTANTS Galeriens.jpg

 

 

 

LES LIBERATIONS

 

Les précautions prises envers les galériens étaient telles que les évasions étaient presque impossibles. Il s’en produisit néanmoins. Moyennant 200 livres les surveillants ferment les yeux sur les évasions ou les facilitent. Cependant, une prime de 50 ou 100 livres étant promise à ceux qui ramèneraient un forçat celles-ci pouvaient s’avérer être un échec. Les galériens protestants en grande majorité ne cherchèrent guère à s’échapper.

 

D’autres, pour obtenir leur liberté abjurèrent. Il est impossible d’établir une statistique des galériens qui abjurèrent.

 

Dans la deuxième partie du 18ème siècle la question du rachat d’un galérien par versement d’une forte somme prit de l’importance.

 

Les galériens protestants libérés passaient tous par la Suisse. Ils y restaient quelque temps pour se remettre sur pied et repartaient vers d’autres pays. En 1713, 136 galériens protestants furent accueillis à GENEVE, puis à ZURICH.  A BERNE, même sollicitude envers les galériens réfugiés.

L’Allemagne ne resta pas en arrière. A  BERLIN se réfugièrent de nombreuses familles dont les descendants vivent toujours en Allemagne. A FRANCFORT, ce fut le même accueil enthousiaste.

 

On peut affirmer que les huguenots du bagne furent en général l’élite morale et religieuse du protestantisme français. Combien moururent dans les geôles ou sur les bateaux, personne ne peut aujourd’hui en faire le décompte. Les registres d’écrou ayant eux-mêmes partiellement disparu, il est impossible d’effectuer même un début de comptage.

 

Quant à ceux qui furent envoyés dans les îles de St Thomas et St Eustache aux fins de colonisation, aucune statistique ne peut dire combien ils étaient ni si ils sont arrivés à bon port ou décédés au cours du voyage, le bateau pouvant aussi faire naufrage . Cette mesure était en quelque sorte une mesure de faveur prise par l’Intendant des galères pour préserver la vie de nombre de protestants qui lui faisaient pitié.

 

 

LE PROTESTANTISME AU 18ème et au 19ème siècle

 

L’émigration de 1724 a beaucoup affaibli le protestantisme. Près d’HORNOY, il se conservait dans quelques familles. Néanmoins les jeunes gens partaient rejoindre leurs parents émigrés avant eux en Angleterre. Jouissant tous d’une assez grande aisance, les Réformés cherchaient à concilier autant que possible leurs intérêts. C’est ainsi que pour ne pas s’exposer aux tracasseries et dénonciations des curés, leurs nouveaux nés étaient régulièrement baptisés par le curé du lieu. Lorsqu’un pasteur arrivait chez eux, c’était un « cousin ».

En 1806, il ne reste que très peu de protestants dans le VIMEU et plus du tout à SAINT VALERY SUR SOMME.

 

 

 

 

 N'oubliez pas non plus de consulter le site très documenté de Chantal et Jean Paul ROELLY sur les protestants picards (voir notre page "liens genealogie")

 

 

 

 

Sources : Les Protestants dans la Somme depuis le 16ème siècle de J.M. WISCART dans Société d'Archéologie du VIMEU 

Histoire des Protestants de Picardie de L. ROSSIER en ligne en intégralité sur Google Books

Histoire de ST VALERY : A. HUGUET

Les galères de France et les Galériens Protestants des 17 et 18ème siècle de G. TOURNIER

Les galériens pour la Foi de Samuel BASTIDE

 

 

 

 

 


Date de création : 10/01/2009 @ 13:55
Dernière modification : 23/05/2014 @ 18:47
Catégorie : Histoire locale 07
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