HISTOIRE DE BETHENCOURT SUR MER
Le nom de BETHENCOURT a une origine purement féodale et vient de Bethonis Curtis.
En ce qui concerne l’implantation du château féodal, on se reportera au chapitre : « Le VIMEU au XIème siècle »
Un acte de Philippe le BEL mentionne le village en 1284 sous le nom de BETENCURIA, et Henri II à son tour en 1549 sous le nom de BETHENCOURT-SUR-LA-MER (dictionnaire GARNIER)
Selon un registre de la Chambre des Comptes de LILLE, la déclaration des feux de 1469 indique pour TULLY et BETHENCOURT : 24 feux, ou foyers. Les villages - qui n’en font qu’un - dépendent du doyenné de GAMACHES.
Plus tard, le village dépendra du doyenné de ST VALERY, l'église
était dans un premier temps un secours (chapelle annexe) de TULLY, jusqu'au début du 18ème siècle environ.
LES SEIGNEURS DE BETHENCOURT SUR MER
La seigneurie mouvante de la Chatellenie de ST VALERY consistait en un château bien bâti (sur l'emplacement de la motte féodale ?) des communs, maisons de ferme, herbages pour 9 journaux, 4 journaux de bois et 200 de terres labourables. (photo de la motte féodale sur la base « Mérimée » , voir notre page liens patrimoine)
Si l’on ne peut affirmer que Jean de BETHENCOURT, le découvreur des îles Canaries était originaire de BETHENCOURT SUR MER, ni même du département de la Somme, il existait au 13ème siècle une famille de ce nom à BETHENCOURT SUR MER.
En effet, dans le cartulaire de Notre Dame de SERY, près de GAMACHES, on trouve mention d’une donation en 1257 d’André de BETHENCOURT, de 20 journaux de terre au profit de l’abbaye. Ces terres appartenaient en réalité à sa mère, Heremburge, nièce de Willaume de FRIVILLE.
Déjà en 1256, Jean MAUPIN, seigneur de FRIVILLE, du consentement de Jean de BETHENCOURT, son seigneur, vendit à l’abbaye de SERY 12 journaux de terre à FRIVILLE et un droit de terrage.
Plus tard, dans le livre rouge d’EU transcrit par l’abbé LEGRIS, il apparaît qu’en 1275 un nommé Giffrei PETIT a quitté mesire Wibert sire de BETENCOURT, chevalier de toutes convenanches, controversies, quereles, louages, engagemens et de toutes autres choses qui ont esté entre le dit Giffrei et le dit Wibert chevalier et son père mort. Pierres d’entre deus ponts étant maire d’EU.
De 1500 à 1535 c'est Lancelot de BACOUEL qui est écuyer et maïeur d'ABBEVILLE le seigneur de BETHENCOURT.
Dans le document d’octobre 1557 établissant la contribution à l’effort de guerre par Henri II, on constate la multiplicité des fiefs situés à BETHENCOURT SUR MER, ainsi :
Hugues TRUFFIER, seigneur d’ALLENAY possède un fief à BETHENCOURT SUR MER qu’il a déclaré valoir 34 livres tournois ;
Du même TRUFFIER à la même date, déclare posséder un autre fief à BETHENCOURT SUR MER valant 36 livres tournois ;
Peronne PARMENTIER veuve de Guillaume SAUNIER demeurant à ABBEVILLE, déclare posséder un fief à BETHENCOURT SUR MER tenant du seigneur dudit lieu quelle a déclaré valoir 16 livres tournois.
De Symon de ST GERMAIN demeurant à ST VALERY en Vimeu pour un fief situé à BETHENCOURT SUR MER tenu de la chatelLenie de ST VALERY appartenant par moitié en douaire à demoiselle Marie DAMBAS, et qu’il a déclaré valoir la somme de 20 livres.
Du même Symon de ST GERMAIN pour un autre fief à BETHENCOURT SUR MER qu’il a déclaré valoir la somme de 100 sols.
En 1560 le seigneur de BETHENCOURT était Ludovic de GONZAGUE de CLEVES, duc de Nivernais, prince de Mantoue, comte d’EU. Il devait la seigneurie de BETHENCOURT ainsi que celle de CAYEUX, de SAINT VALERY et de BOUILLANCOURT EN SERY à sa femme, Henriette de CLEVES.
En 1630, Claude LE BLOND, écuyer président au praesidial d'ABBEVILLE succède à Henriette de CLEVES.
En 1660, un autre Claude LE BLOND écuyer et officier d'infanterie succède au premier.
En mai 1660, un acte du notaire LECLERCQ d’AULT mentionne Charles de MAUQUOIS comme seigneur de HEUDELIMONT, BETHENCOURT SUR LA MER et autres lieux.
.
Blason DE MAUQUOIS (Amorial d'HOZIER)

En 1690, un troisième Claude LE BLOND, écuyer, devient à son tour seigneur de BETHENCOURT.
Mesurage des terres BETHENCOURT par Jean de MONTMIGNON en 1619
Jean de MONTMIGNON était probablement le fils de Michel de MONTMIGON, bourgeois, marchand et maïeur de SAINT VALERY SUR SOMMME. Il est d’après ce document propriétaire d’un certain nombre de terres dans le village.
Il est intéressant de constater à la lecture de ce document que les routes actuelles qui traversent le village étaient déjà tracées au début du 17ème siècle et que certains lieux-dit comme l’Hommelet ou la Vallée sont toujours inscrits sur l’actuel cadastre.
La première pièce appelée la Vallée (à) Charles DUPONT contient y compris la maison et les …..onze journaux savoir neuf journaux labourables
La deuxième pièce appelée la Vallée sous le bois contient cinq journaux soixante douze vergées
La troisième pièce tenant au fief de Monsieur de ST GERMAIN contient six journaux quinze vergers y compris le chemin
La quatrième pièce tenant au chemin menant à la ville d'EU contient six journaux y compris ledit chemin
La cinquième pièce proche .......... et tenant au frocq (1) contient quatre journaux.
La sixième tenant au fermier d'Antoine de ST GERMAIN contient un journal et demi.
La septième tenant au chemin d'ABBEVILLE contient deux journaux y compris ledit chemin
La huitième tenant au chemin de MENESLIES tenant de Pierre de LOBEL contient neuf journaux et demy et l'autre pièce tenant dudit de LOBEL contient cinq journaux et demy.
La neuvième appelée l'HOMMELET contient neuf journaux soixante une vergées y compris le chemin
La dixième pièce proche (de) ladite pièce tenant au chemin menant à WOINCOURT contient huit journaux une fraction compris le chemin tenant dudit BEAUVISAGE de TULLY
La onzième proche du chemin de NOIRVILLE appelée « la conquête du Roi » contient quatre journaux trente sept vergées y compris le chemin
La douzième pièce aboutant au chemin de NOIRVILLE tenant dudit BEAUVISAGE contient un journal douze vergées y compris ledit chemin
La treizième pièce proche de NOIRVILLE contient deux journaux tenant dudit BEAUVISAGE
La quatorzième pièce appelée le D…......contient un journal douze vergées
La quinzième pièce contient un journal moins quatre vergées appelée « la masure »
La seizième pièce proche du baillage de GAMACHES contient un journal.
(1) frocq : Place communale
VENTE IMMOBILIERE EN 1632 A BETHENCOURT SUR MER
A tous ceux présents qui liront. Charles DACHEU procureur notaire Royal en la sénéchaussée de Ponthieu bailly de la terre et seigneurie de BETHENCOURT pour Charles MAUQUOIS escuier seigneur de HEUDELIMONT, Petit MAREST, LA MOTTE …et autres lieux, gentilhomme suivant ordonnance de la Reyne
Aujourd’hui est comparu en personne Jehan OBERT demeurant à AULT au nom et comme porte fort de Marguerite VAREMBAULT veuve d’Antoine PREVOST demeurant au village d’YZENGREMEL de contrat de vendition ...passé pardevant notaire royaulx de ponthieu le huitième (jour) de novembre mil six cent trente- deux et …recognut ladite VAREMBAULT pour son proffit et pour parvenir au mariage de Marie PREVOST sa fille …avoir vendu, délaissé quitté et transporté pour et au proffit de Messire Claude VAREMBAULT d’estat de médecin. demeurant en la ville d’ABBEVILLE cinq quartiers de terre faisant partie d’un journal et demy aliénant l’autre partie qu’elle a donné à sa fille sis au terroir de BETHENCOURT. Le total tenant d’un côté à Mathieu DE PONT d’autre côté à Jehan ? d’un bout à Jehan DE SAINT GERMAIN d’autre bout à Robert HAUDIGUER tenu de cette seigneurie de BETHENCOURT …
Icelle vente faite moyennant douze deniers ….
RETRAIT LIGNAGER EN 1664
Le 23 décembre 1664, Chez Maître Antoine CHEVALIER, bailly de la Seigneurie de BETHENCOURT/MER, comparaissent François de MONTMIGNON bourgeois marchand de ST VALERY, représentant aussi Michel de MONTMIGNON ancien maïeur de ST VALERY et Demoiselle de SACHY, veuve de Jacques de MONTMIGNON, bourgeois d’AMIENS. Les 3 étant frères.
Ils sont convoqués par Pierre de ST GERMAIN, dit l’aisné, procureur fiscal de la seigneurie de BETHENCOURT marié avec Suzanne DE BEAURAIN, fils d’Adrien de ST GERMAIN décédé vers 1660.
Par contrat en date du 19 juin 1648 rédigé par Nicolas DE CAYEUX notaire de ST VALERY, soit 16 ans auparavant, Adrien de ST GERMAIN a vendu aux frères MONTMIGNON 12 journaux de terre au terroir BETHENCOURT dans le lieudit «Le Camp TOULOU ».
S’appuyant sur le droit juridique du « retrait lignager » (1), Pierre de ST GERMAIN demande à ce que les DE MONTMIGNON lui restituent cette pièce de terre. En échange bien sûr, Pierre de ST GERMAIN rembourse aux de MONTMIGNON la somme de 450 livres.
Le tout ayant été approuvé par le seigneur du lieu : Le Seigneur MAUQUOIS, seigneur de HEUDLIMONT et de BETHENCOURT.
-
Le retrait lignager est un droit coutumier qui permettait aux membres d’un lignage de reprendre un bien vendu à un autre lignage, un bien héritable, moyennant le remboursement du prix d’achat du bien. Le retrait a pour but la préservation du patrimoine familial. (Source Wikipedia)
Ci-dessous la retranscription partielle de l’acte notarié.
Le 23 décembre 1664
Pardevant les notaires royaux au baillage d’AMIENS résidents au Bourg d’AULT soussignés
Fut présent en sa personne honorable homme François de MONTMIGNON bourgeois et marchand demeurant en la ville de ST VALERY étant présent au Bourg d’AULT, lequel a recognu qu’il avait été appelé pardevant Monsieur le Lieutenant général au baillage d’AMIENS à la requête de Pierre de ST GERMAIN fils de défunct Adrien de ST GERMAIN demeurant au baillage de BETENCOURT conjointement avec honorable homme Michel de MONTMIGNON ancien maïeur et la dicte ville de ST VALLERY et damoiselle Jenne de SACHY veuve de aussi honorable homme Jacques de MONTMIGNON bourgeois en la ville d’AMIENS.
Ledit de ST GERMAIN (demande que soit procédé) au retrait lignager de neuf journeaux de terre et deux pieds au terroir dudict BETENCOURT tenue de la seigneurie dudict lieu faisant la plus grande partie de 12 journeaux qui ont été vendus au proffit desdict sieurs de MONTMIGNON par ledict feu Adrien de ST GERMAIN par contrat passé pardevant Nicolas de CAYEUX notaire royal à ST VALERY le 19ème jour de juin 1648. Ledict sieur de MONTMIGNON (François) comparant prétend dire et affirmer qu’il était mal à propos appelé parce que il n’avoit plus de droict dans les trois.journeaux de terre qui luy sont assurés par le partage fait avecq lesdict Sieur de MONTMIGNON de neuf journeaux ci-dessus size au terroir dudict BETENCOURT
Lesdits 3 journeaux de terre ayant été (revendus) par proximité de lignage à Jean VALERY jeune homme à marier. Iceluy VALERY ne pourra prétendre aucun droict de propriété et accorde que ledict de ST GERMAIN entre en propriété de 3 journeaux de terre sictué au terroir dudict BETHENCOURT appelé le « Camp TOULOU ». Le quel tenant d’un costé aux hoirs de feu Nicolas DE PONT, d’un bout à Pierre de ST GERMAIN le jeusne d’autre côté et d’autre bout aux hoirs de (blanc). Le comparant (François de MONTMIGNON) et acceptant en personne au profit duquel il a renoncé au droict de propriété qu’il en avait au titre dudict contrat d’acquisition moyennant qu’il a été remboursé par iceluy de ST GERMAIN présentement comptant de la somme de 450 livres de principal ainsi que du droict seigneurial pour ce payé ensemble 10 deniers de loyaux comptes dont ledict sieur de MONTMIGNON s’est tenu content.
Ledit de SAINT GERMAIN subroge ledict seigneur de HEUDLIMONT en ses droicts et hypotèques . (S’oblige) à mettre lesdits titres, actes et papiers entre les mains,ce qu’il a été accepté par icelui seigneur de HEUDELIMONT .. Passé audict lieu d’AULT après midy en la maison de Me Antoine CHEVALLIER, bally de ladicte seigneurie de BETENCOURT. Le 23ème jour de décembre 1664 ont signé
MONMIGNON, MAUQUOIS de HEULIMONT, Pierre de SAINT GERMAIN.
LEGS POUR LA PAROISSE
Le dimanche 29ème jour de juillet 1674 nous François BOUCHER, prêtre curé de cette paroisse de TULY et BETHENCOURT, Etienne DE POND, marguiller en charge, Pierre de St GERMAIN l’aisné , procureur pour office, Pierre de ST GERMAIN le jeune, laboureur, Jean THERON, maréchal, Jacques de ST GERMAIN, chirurgien, Martin de ST GERMAIN, laboureur, Honoré LE CAT, cordier, Charles LA VACQUERIE, laboureur, Anthoine MAGNIER, marchand de chevaux, Gabriel LOTHIN, tisserand, François DOINEL et Pierre ANDRIEU, aussy tisserands de thoile tous habitans du village de BETHENCOURT y demeurant, assemblés aux vêpres avec tous les autres habitans pour délibérer s’il éstoit à propos d’accepter la somme de 100 livres qu’Anthoinette COURBERT, veuve de déffunt Anthoine de ST GERMAIN vivant laboureur demeurant audit BETHENCOURT offre de consigner entre les mains du marguiller de laditte église de BETHENCOURT à la charge de 2 obits seulement, aux fins de luy abandonner un journal de terre que sondit mary a légué à laditte église à la charge de 3 obits et d’en paier (payer) par laditte église les droits seigneuriaux et d’amortissement.
Après une ample délibération par nous et par tous …nous avons tous d’un commun consentement ésté d’avis d’accepter laditte somme de 100 livres pour quoy nous avons tous consentis et donné pouvoir autant qu’il est en nous à Etienne DE POND, marguiller de l’église d’accepter laditte somme de 100 livres et de renoncer à la propriété dudit journal de terre ..En foy de quoy nous avons tous signé le jour et an que dessus.
BETHENCOURT SUR MER au 18 ème siècle
L'abbaye de ST VALERY
Si des seigneurs se sont succédés dans la possession des terres du village, ce sont les abbés de ST VALERY qui en percevaient la dîme.
Ainsi d'après le cartulaire de ST VALERY, le 8 février 1676 les dîmes de BETHENCOURT et TULLY sont évaluées à 530 livres.
Le 2 Novembre 1703, le bail des dîmes de BETHENCOURT est renouvelé aux précédents fermiers : François TERON (THERON) et Nicolas GRANCIR (GRANDSIRE) moyennant une somme de 440 livres par an et 10 écus de pot de vin
Le 15 juin 1716 , nouveau bail des dîmes de BETHENCOURT à Joseph DELATTRE moyennant 450 livres par an et 10 écus de pot de vin .
Le 12 Novembre 1723 , bail des dimes de BETHENCOURT et TULLY à Joseph DELASTRE, précédent preneur, moyennant 500 livres par an et 30 livres de pot de vin
La seigneurie de BETHENCOURT SUR MER appartenait en 1703 à M. d’URE par sa femme, Charlotte LE BLOND. Cette dernière la lui légua après son décès en 1681. Elle avait été inhumée dans un caveau situé dans la chapelle Notre Dame des Victoires située dans l'église de ST BLIMONT.
Après 1720, c'est Marie Françoise D'URRE, femme de Charles de LAMIRE qui détient la seigneurie.
Ci-après le blason de la famille d'URRE ou d'EURRE (source Heraldiquegenweb)
.

En juillet 1748 aveu est rendu à Monsieur DELARETZ, seigneur de BETHENCOURT sur MER par Charlotte DE SAINT GERMAIN veuve d’Adrien BOS d’un article tenu en roture de la seigneurie de BETTENCOURT. Un autre servi audit seigneur par Pierre François et Marguerite BOUILLON d’un article tenu en roture de la Seigneurie.
Toujours à la même date, un aveu est servi à Monsieur DELARETZ, seigneur de BETHENCOURT SUR MER par Marie Jeanne HAUDIQUER veuve de Jacques BOS demeurant au lieu d’un article tenu en roture de la Seigneurie.
Un autre encore servi audit Seigneur par Etienne BOS demeurant à BETHENCOURT d’un article tenu en roture de ladite Seigneurie.
L’ensemble a été passé pardevant Mr BOURGEOIS bailly à BETTENCOURT. (série C aux A.D. de la Somme)
De 1750 à 1771 Claudine Antoinette De LAMIRE mariée à Jean Baptiste le GAUCHER DU BROUTEL, écuyer est en possession de la seigneurie.
Jusqu'à la Révolution de 1789, c'est Marie Charlotte le GAUCHER DU BROUTEL alliée le 18 novembre 1771 à François Ghislain Baron de FRANCE qui détient la seigneurie.
En 1709, la population de BETHENCOURT n’était que de quatre cents âmes . A cette époque, le village ne comptait guère que des tisserands et des laboureurs.
En 1726, BETHENCOURT SUR MER compte 515 habitants et fait partie de l’élection d’EU (dictionnaire universel SAUGRAIN)
Entre 1657 et 1777 il y eut 48 inhumations dans l’église. Après la dernière guerre il se forma une excavation dans le dallage de l’église. On y découvrit « une sépulture en étoile fort garnie de squelettes »
UN BEAU MARIAGE A BETHENCOURT SUR MER
Le 26 septembre 1732
Pardevant les notaires royaux du baillage d’Amiens résidant à Ault soussigné, furent présents Antoine DEMAILLY, ecuyer seigneur de BREAUTE demeurant au village de BETHENCOURT SUR AULT, iceluy fils de Messire André DE MAILLY à son décès écuyer seigneur de BREAUTE et de feu dame Agathe D’ANVIN D’HARDENTUN ses père et mère assisté de Messire Louis Nicolas LE ROY écuyer seigneur de VALLINES et autres lieux demeurant audit BETHENCOURT et de dame Françoise Antoinette DE MAILLY sœur dudit futur époux d’une part.
Damoiselle Anne Françoise D’HARDENTUN de BOCASSELIN Damoiselle Marie D’ANVIN demeurant au village d’OCHANCOURT icelle demoiselle fille de feu Antoine D’ANVIN son père à son décès seigneur d’HARDENTHUN et de feue sa mère Françoise du MAST sa mère
Assistée de Messire Jean Antoine D’ANVIN seigneur D’HARDENTUN son frère ainé et de Messire Nicolas François D’ANVIN écuyer aussi son frère d’autre part.
PRISE DE POSSESSION DE LA CURE DE BETHENCOURT Le 26 juillet 1743
L’an mil sept cent quarante trois le vingt six juillet après midy à la lecture des lettres de visa et de possession accordées par monseigneur l’illustricime seigneur reverendissime evêque d’Amiens de la cure de Saint Etienne de Bettencourt sur mer à Messire Jacques HOLINGRE prêtre du diocèze d’Amiens sur la nomination de Messire Charles de LAMIRE seigneur de l’ARREST comme tuteur de ses enfants mineurs hérittiers de deffunte dame Françoise d’URE leur mère le douaire du temporel dudit lieu de Bettencourt sur Mer . En conséquence de la démission par le simplicissime Messire Alexandre DUPUIS prêtre …. de ladite cure , René Toussaint DUVAL notaire Royal héréditaire et Apostolique au baillage d’Amiens prévosté de VIMEUX résident au Bourg d’Ault soussigné en la présence des témoins ci- après nommés présents audit lieu de Bettencourt aujourd’hui exprès transporté…
Ledit Sire HOLINGRE … requérant en possession … de ladite cure de Saint Etienne de Bettencourt sur mer par la libre entrée en l’église paroissiale dudit Bettencourt, prise d’eau bénite, prière à Dieu devant le grand autel, toucher de pupitre et du livre des Saints Evangiles, séance dans la chaire de Vérité, visite du St Sacrement séance en la place dudit Sire curé , visitation des fonds baptismaux, son des cloches, exhibition des signatures et visa et… autres cérémonies en tel cas requises et accoutumées , après qu’il m’est apparût que ledit Sire HOLINGRE a signé le formulaire de foy dressé en exécution des constitutions de notre SS le pape Innocent Dix et Alexandre Sept des 31 may 1653 et 16 octobre 1656 contre la doctrine des cinq propositions de Cornelius Jansemius contenus dans son livre intitulé Augustinus (1) suivant le certificat qui luy a été délivré par ledit Sire Maurice soussigné le 23 de ledit mois à laquelle prise de possession lu et publié à haute et intelligible voix par moy notaire susdit personne ne s’est opposé donc l’estant ce que dessus ledit sire HOLINGRE a requis et demandé acte à luy octroyer pour lui servir et valloir en temps et lieu .. fait et passé audit Bettencourt les jours et an que dessus
En présence de Pierre SALLE huissier demeurant au bourg d’Ault, et de Jean Baptiste HURTEL tailleur d’habits demeurant audit Bettencourt tous deux témoins .. requis et appelés et de plusieurs autres personnes qui se sont trouvées en ladite église et notamment de Messire Nicolas BOURGEOIS conseiller du Roy grenettier au grenier à sel d’Ault et Messire le Bailly de Bettencourt de Messire Claude GOSSET procureur fiscal de la dit Seigneurie demeurant au Bourg d’Ault, d’Etienne FOURNIER , Charles LAFFILLE, François, Pierre, Adrien GRANDSIRE et Nicolas PICARD tous habitants dudit Bettencourt y demeurant qui ont signé avecq ledit Sire HOLINGRE témoins.
(1) Le jansénisme doit son nom à l’évêque d’Ypres : Cornelius JANSEN, auteur de l’AUGUSTINUS, publié en 1640 et condamné par le pape en 1653.
Eglise de BETHENCOURT SUR MER
.

.
Les serruriers de BETHENCOURT SUR MER
Le premier du nom s’appelle Martin HAUDIQUER, il apparaît en 1706. Les serruriers s’appellent PETIT, LECAT, COMTE, DERAMBURE, HURTEL, JOURNEL, CAILLET, MAUBERT, SAINT GERMAIN, PARODE, DESGARDIN, BOST, DELENCLOS.
On fabrique des serrures pour malle, pupitre, caisse, armoire. Le cadenas a été introduit depuis 1840 environ. On cite souvent la maison CANTREL BOUTTE pour la fabrication de ces articles. C’est une spécialité qui a mis sur le même plan BETHENCOURT et FRESSENNEVILLE
LES MEUNIERS DE BETHENCOURT
Le 4 mai 1747, Monsieur de LARIVIERE, au nom de Charles de LAMIRE, seigneur de BETHENCOURT du moulin à vent à Claude ROY et sa femme pour 6 ou 9 années moyennant 370 Livres.
En juillet de la même année, visite du moulin à la demande de Charles de LAMIRE par Jacques COUILLET, charpentier et Pierre LENNE, meunier.
Blason de Charles de LAMIRE
.

Eglise de BETHENCOURT SUR MER
L’église date du 19ème siècle, mais a été bâtie en deux fois. Le portail, la nef et le chœur sont plus anciens que les bas-côtés. Le tout est en craie taillée.
Deux statues de la vierge, en bois, l’une grande est du 17ème ou 18ème siècle, l’autre du 16ème se voient dans la nef. Mais la meilleure pièce du mobilier ce sont les fonds baptismaux, du 16ème siècle : la cuve octogone est décorée d’une frise de deux rangs de feuillage, le rang supérieur enroulé autour d’un ruban. Le pied cylindrique repose sur une base octogone.
(voir dans notre page liens Patrimoine « site mérimée » la photo des fonds baptismaux)
Inhumations dans l’église ou le cimetière :
Adrien de ST GERMAIN, curé le 18 juillet 1710
Jacques HALINGRE, curé le 14 février 1777 à 77 ans.
Le 4 août 1710, la cure de Bethencourt revient à Messire de POLLOY (série C enregistrement d’AULT)
Eglise de BETHENCOURT SUR MER Collection MACQUERON en ligne (voir notre page « liens patrimoine »)
.

PERIODE REVOLUTIONNAIRE
CAHIER DE DOLEANCES DE BETHENCOURT SUR MER
Voici les principales revendications des habitants à la veille de la Révolution Française.
Impôt sur le sel
Les habitants se plaignent que l’impôt sur le sel coûte à présent 31 sols au lieu de 11 précédemment.
Si quelqu’un s’aventure à aller chercher une cruche d’eau à la mer pour saler sa soupe, qui est sa seule nourriture, il est jeté en prison et ne peut en sortir que grâce à une âme charitable qui paye l’amende pour lui.
Cidre
Il est interdit de faire presser son cidre chez un voisin qui possède un pressoir. Un procès peut être intenté à celui qui est pris en train de le faire, alors qu’il n’a pas les moyens d’un posséder un.
Conditions de vie
Les habitants de BETHENCOURT ne peuvent garder le silence sur la dureté de cœur des gros décimateurs (personne pouvant percevoir la dîme) , MM. De SAINT VALERY (abbés de l’abbaye) . En 1783, quatorze ou quinze ménages se sont trouvés sans nourriture ni feu ni lieu par l’incendie. Les malheureux sont allés demander secours. Les religieux n’ont même pas daigné leur accorder l’hospitalité.
Les habitants au nombre de plus de 500 « communiants » c'est-à-dire en âge de fréquenter la paroisse, sont dans un tel état de misère qu’ils en sont réduits à faire mendier leurs enfants dès le plus jeune âge.
Les arbres
Les arbres de haute futée appartiennent au Seigneur qui les plante dans toutes les rues, le long des habitations ce qui a pour conséquence de détruire les chaussées des rues et même les habitations. Les voitures, ne pouvant passer dans les chemins passent dans la campagne, détruisant ainsi les récoltes. Les arbres plantés auprès de l’église sont en train de la détruire, ainsi que de renverser les murs du cimetière.
Le cimetière
Le cimetière situé autour de l’église est trop petit pour les inhumations, au point que l’on est souvent obligé d’exhumer d’anciens corps. Il fut ordonné en 1785 d’agrandir le cimetière sur un terrain appartenant au Seigneur. Celui refusa.
COMPARANTS
Antoine-Geoffroy BEAUVISAGE, syndic, Jean-François LAFILE, Pierre GRANDSIRE, Jean-Louis DUFRIEN, Nicolas BOUTE, Etienne MAQUENHEN, Jacques HARRELLE, Pierre DANIEL, Michel BOUTE, Modeste GRANDSIRE, Antoine TAVERNIER, Etienne HAUDIQUET, Jean-Louis HAUDIQUET, Firmin HAUDIQUET, Charles HAUDIQUET, Jean BOUTE, Félix HAUDIQUET, Dominique QUENHEN, Hubert DELENCLOS, Valery LECLERCQ, Michel HURTELLE, Alexandre LION, Jean-Baptiste CAILLET, Antoine LOTTIN, Louis LAVAQUERIE, Josse DERAMBURE, Félix VAST.
DEPUTES : Louis Nicolas DEPOILLY, greffier, Firmin BEAUVISAGE.
En 1804 un incendie ravage le village, le montant des pertes s’élève à 3.420 Francs.
Sources :
Notice sur la serrurerie de Picardie de P. BRIEZ
Histoire de cinq villes et trois cents villages E. PRAROND
WOIGNARUE en VIMEU de Charles LECAT
Le pays de VIMEU : RODIERE/ DES FORTS
Archives départementales série O et B
Collection MACQUERON
DE BEAUVILLE : Recueil de documents inédits concernant la Picardie
Notariat d'AULT aux Archives Départementales