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Histoire locale 10 - GUERRE 39-45 EN VIMEU

 

 

Les tragiques évènements de 1940, lors de l’avancée allemande sur notre région ont été relatés à la fin de la guerre  par un journaliste local Etienne CHANTREL. Les textes sont restitués intégralement, sans ajouts ni retrait.

 

 

 

 

 

 

L’AVANCEE ALLEMANDE DANS LE VIMEU EN MAI 1940

 

(BRESLE ET VIMEU DU 19/1/1947)

 

 

Nous avons dit que, dans les premiers mois de 1940, l’ancienne salle d’armes de la Paul-Doumer, annexe du Casino (de MERS LES BAINS) servit de foyer du Soldat pour les hommes de l’HOE 2 1-16, infirmiers et infirmières logeant dans divers immeubles de la ville, hôtel « Astoria », colonie de la ville de PARIS, hôtel « Royal et des Bains » etc. Ce dernier, d’ailleurs depuis six ans, a vu passer et a logé des soldats de toutes les nationalités. Il fut surtout occupé pendant l’occupation par les … occupants eux-mêmes et en particulier, par des marins allemands.

Mais les évènements se précipitent. Nous sommes en avril 1940. Des réunions ont lieu au Casino Municipal, des conférences plutôt, au cours desquelles, le commandant de SAINT-RAPT, commandant de la formation sanitaire et le capitaine GUYADER donnent à la population des conseils pour la défense contre les gaz.

Le vendredi 17 mai, dernière conférence. Et, à un moment, le conférencier (M. de SAINT RAPT lui-même si nous avons bonne mémoire) donne cet avertissement : « d’ici quinze jours, d’ici huit jours, demain, votre ville peut être bombardée … »

 

Or, le lendemain même, samedi 18 mai, vers 14 heures 30, une escadrille d’avions allemands (22) venant de la direction de GAMACHES, où la mitraille avait crépité, apparaissait au-dessus de MERS et du TREPORT. Elle avait lancé une bombe sur l’usine MAILLARD à INCHEVILLE et bombardé la caserne MORRIS à EU : dégâts matériels assez importants ; deux hommes et dix-sept chevaux tués.

A ce moment là, M. Onésime PARMENT, conseiller municipal à EU, depuis longtemps malade, mourut subitement. 

Des bombes tombèrent sur la gare de triage, une locomotive fut déraillée, les rails coupés, un bâtiment détruit et M. André VASSEUR blessé.

 

MERS à cette époque comptait environ 5.000 habitants, beaucoup de familles étant venues s’y fixer ou s’y réfugier depuis le début de la guerre. Beaucoup de monde sur la plage et avenue Maréchal-Foch (avenue de la gare). Or, une bombe tomba sur la route exactement à la limite départementale. Un trou de 2 mètres de profondeur dans le sol ; aucune personne atteinte. Quelques bombes sur la grève ; personne non plus d’atteint.

Ce fut le commencement de la panique et de l’exode.

Quant au foyer du Soldat, dès cet instant, il cessa d’être foyer du soldat.

En effet, quelques jours plus tard, l’H.O.E 2 1-16 incapable de recevoir des ordres précis, tant la pagaïe était grande, quittait MERS. Le matériel sanitaire était remisé dans le Casino. Il y en avait pour quelques millions ; Il ne put en emporter qu’une partie et vint en rechercher une certaine quantité un peu plus tard.

 

Une anecdote en passant : certain jour, la Route Nationale était noire de monde et de véhicules de toutes sortes : fugitifs de Belgique, du Nord et de la Somme. Alerte d’avions. Un coup de téléphone est envoyé à la Mairie :

-         Allo !

-         Ici un officier. Faites immédiatement évacuer toute la place. Il y a alerte.

-         Mais ce n’est pas un maire et un adjoint qui peuvent  procéder à ce service d’ordre. Et où iront les gens ?

-         Il le faut !

 

Il n’y avait rien à faire

Voilà un exemple d’affolement. Quoi qu’il en soit, la salle de la rue Paul-Doumer, libre de soldats, se mit à recevoir des Sans-logis.

 

Signé E.C. (Etienne CHANTREL)

 

 

 

 

 

 

 

 

SOUVENIRS DE 1940

 

(BRESLE ET VIMEU DU 15/06/1947)

 

 

C’est le samedi 18 juin que les choses commencèrent à se gâter dans nos parages. Des bombes tombèrent à INCHEVILLE sur un bâtiment de l’usine MAILLARD, à EU, sur la caserne MORRIS, non loin de la voie de raccordement des lignes d’ABBEVILLE et de DIEPPE (il y eut deux morts) au tirage du TREPORT (il y eu un blessé), et, non loin du chemin de fer, sur la Route Nationale, 15 bis, à la limite du TREPORT et de MERS. Il s’ensuivit de très nombreux départs, notamment parmi la population balnéaire, arrivée plus tôt que d’habitude, beaucoup de « baigneurs » regagnant PARIS.

 

Le lundi 20 mai, de graves incidents marquent l’exode des populations dans les environs de SAINT MAXENT et du TRANSLAY, au dessus de GAMACHES. C’est par milliers et milliers que se font alors les départs tant à GAMACHES qu’à BLANGY, à BEAUCHAMPS et de toutes les communes avoisinant la BRESLE. L’encombrement des routes, surtout aux abords de la ville d’EU, est inimaginable.

J’ajoute que, depuis ce moment, les nouvelles concernant la plupart des localités situées à plus de vingt kilomètres du TREPORT ne nous arrivent plus que rares et imprécises, qu’il s’agisse de BLANGY SUR BRESLE, HALLENCOURT, MOYENNEVILLE, voire ABBEVILLE et SAINT VALERY SUR SOMME.

 

Le dépôt du chemin de fer du TREPORT-MERS est évacué dans la nuit du lundi au mardi 20-21 mai. Cette évacuation ne contribue pas peu à jeter la perturbation parmi la population.

Ce même jour, mardi 21 mai, faisant une tournée en motocyclette dans le VIMEU je constate que certaines communes telles que FEUQUIERES et FRIVILLE ESCARBOTIN, FRESSENNEVILLE principalement, sont presque complètement désertes.

 

 

Le jeudi 23 mai vers 6 heures du matin, trompé par la brume, un avion français capote en atterrissant sur la plage de MERS, le pilote est indemne, un de ses compagnons, assez sérieusement blessé, reçoit les soins du docteur PEPIN.

 

Depuis plusieurs jours déjà, les services de l’eau, du gaz et de l’électricité sont interrompus au TREPORT, à MERS, à EU, à GAMACHES et dans la région : ce qui ajoute encore aux difficultés de la vie économique et rend impossible le fonctionnement de certaines industries.

Pour ma part, je suis désolé de ne pouvoir continuer à éditer normalement mes hebdomadaires, dont la parution eût été, je le sais, particulièrement bien accueillie par un public avide de nouvelles, et qui n’en recevait presque plus. Cependant, mes journaux parurent deux fois, entièrement écrits à la main et recopiés par des personnes de bonne volonté. Je les soumis à la censure de M. FLEURY-COQUERELLE agréé et conseiller municipal à EU. La première fois, mon tirage atteignit ….5 exemplaires (1 « Bresle et Vimeuse » qui fut affiché à GAMACHES , 1 « Eclaireur du Vimeu » pour AULT et 3 « Echo d’EU-TREPORT-MERS ») ; la seconde fois, sensible augmentation de ce tirage qui est de ………12 exemplaires !

 

Quant aux communiqués officiels, seuls pouvaient les apporter les postes de T.S.F. à galènes, de plusieurs communes de la région, on allait les chercher à EU, chez le concierge du château où diverses notabilités se trouvaient réunies à 8 heures du matin, 1h 30 de l’après midi et 7h 30 du soir.

 

Sur ces entrefaites, arrive, le 22 ou le 23, la première vague des motorisés allemands, première incursion dont parle le communiqué. Chenillettes blindées et motocyclettes nous dit-on, avaient franchi le pont de SAINT VALERY venant de NOYELLES SUR MER, et , par les chemins et routes, par les champs plus simplement – la sécheresse favorisant ce genre d’équipée – elles se répandent dans toute la région à l’Ouest et au Sud d’ABBEVILLE. Bien des détails nous marquent encore à ce sujet. Ce que nous savons, c’est que beaucoup de communes reçurent leur visite, y compris MERS, OUST MAREST, GAMACHES, par conséquent les bords de la BRESLE, sans oublier AULT, où elles vinrent quelques jours de suite.

Nous ne pouvons insister, sinon pour dire que, à partir de ce moment, le Pont Tournant du TREPORT demeura ouvert.

 

Le samedi 25 mai, des bombes tombent sur GAMACHES, non loin de la Grand’Place et de l’Imprimerie ; Une femme est tuée. La filature ne forme plus qu’un immense brasier. Le même jour, des bombes tombent à EU dans le quartier du passage à niveau. Une dizaine de maisons brûlent, notamment la verrerie DAVERDOINGT et la confiserie TOUVOYE. Mais il n’y a pas de victimes. Les pompiers viennent à bout de ces sinistres.

 

Les jours qui suivent sont beaucoup plus calmes. Cependant, le canon ne cesse de tonner et les avions font entendre fréquemment leur ronronnement qui agace.

Beaucoup d’habitants sont rentrés : à FEUQUIERES, à FRIVILLE-ESCARBOTIN, à FRESSENNEVILLE, Visiblement, la vie reprend ; seules quelques denrées manquent particulièrement. Les champs reçoivent les soins habituels de la saison. Mais la fermeture de la plupart des usines métallurgiques laisse de grands vides.

Généralement les administrateurs sont demeurés à leur poste.

 

Plusieurs maires réquisitionnent, dans les maisons de commerce fermées, les marchandises nécessaires à leurs administrés.

Le gaz fonctionne de nouveau au TREPORT, à EU, et à MERS, où l’électricité et l’eau sont également rendues.

Cependant on a de mauvaises nouvelles de DIEPPE, dont nombre de grands immeubles, le quartier du POLLET, la Chambre de Commerce, la Sous-Préfecture , le  Port ont énormément souffert.

Le mercredi 31 mai, M. DAUDIN, sous-préfet d’ABBEVILLE, qui est venu se fixer à GAMACHES, dans l’immeuble de M. BOUILLON, fondeur, me fait le tragique récit des bombardements d’ABBEVILLE, au cours desquels il y a eu, hélas ! de nombreuses victimes. Quant aux monuments, ils ont été pour la plupart irrémédiablement atteints, SAINT VULFRAN est partiellement tombé, SAINT GILLES et SAINT SEPULCRE ne sont qu’amas de ruines. La restauration du chef lieu d’arrondissement sera œuvre de longue haleine.

Les camions du Secours National ont commencé leur œuvre bienfaisante dans la région. Je les vois à la mairie d’ESCARBOTIN dont M. Louis DEFRANCE a pris le commandement : du pain, des conserves, de la levure sont apportés par leurs soins.

 

Quant aux motorisés allemands, ils ont été peu à peu refoulés vers ABBEVILLE et vers SAINT VALERY. Mais je ne puis savoir si la vieille capitale du VIMEU est entre les mains de l’autorité allemande ou de l’autorité française.

 

Trois semaines plus tard seulement, au LANLOUP, près de PAIMPOL, j’apprendrai que l’hôpital-hospice n’a pas été évacué et que le docteur LEGER est demeuré avec ses malades ; de même qu’il y a un certain nombre de victimes parmi les personnes qui essayèrent, du CROTOY à SAINT VALERY, de traverser la baie de Somme.

 

Ce dont souffrit également la population du VIMEU pendant ces semaines tragiques, ce fut du défaut d’argent. Les percepteurs et un certain nombre de receveurs des P.T.T. s’étant repliés, pensions, assistances et allocations ne purent être payées, du moins dans leur totalité. Les mairies procédèrent par bons, mais le nombre de ceux-ci finit par gêner la plupart des commerçants.

 

 

D’autre part, presque partout, on manquait de médecins.

 

Le samedi 1er juin, une nouvelle vient causer un certain émoi : l’autorité militaire ordonne l’évacuation de toute la zone située au Sud de la Somme et allant de HURT (CAYEUX) à VERGIES, soit une bande de 10 kilomètres environ en deça du fleuve. FRIVILLE ESCARBOTIN n’échappe que sur sa demande à cette mesure, qui affecte la plupart des communes du canton de SAINT VALERY, nombre de communes du canton de MOYENNEVILLE (où dit-on il y eut beaucoup de ruines) , des cantons d’HALLENCOURT et d’OISEMONT.  En ce dernier chef-lieu, il y eut également, paraît-il, à déplorer des victimes.

Cette évacuation ne signifie nullement une aggravation de la situation de notre côté. Mais la bataille des FLANDRES est terminée, et il n’est pas douteux que le choc sera terrible sur la Somme. Il devait être terrible, en effet, mais moins encore dans notre région, où la rupture des lignes eut lieu assez rapidement, que dans les parages de la Haute Somme.

 

Quoi qu’il en soit, dans les journées des 1er 2, 3 et 4 juin, le vent était à l’optimisme. Un communiqué indiquait même une progression de nos troupes au Sud-Ouest d’ABBEVILLE. Une nouvelle tournée dans les cantons d’AULT et de GAMACHES, le lundi 3, m’apporta la preuve de cette confiance qui régnait presque partout. Dans certaines communes, les absences pouvaient se compter sur les doigts d’une seule main. Aussi, le lendemain, mardi 4, en auto, avec le maire de MERS, M. MARCASSIN et un collègue, M. PALPIED, allâmes-nous rendre visite aux maires d’AULT, BETHENCOURT, TULLY, MENESLIES leur portant un peu de ravitaillement ainsi qu’aux boulangers quelques kilos de levure récupérés en Seine-Inférieure (Seine Maritime). Notre randonnée se termina par GAMACHES, où je me proposais de faire paraître un journal imprimé, le samedi suivant, et par EU, où nous rendîmes visite au dévoué maire, M. Henri FRANCHET, qui devait demeurer à son poste jusqu’au dernier instant, admirable de calme, de sang-froid et d’allant.

Qu’on excuse ces détails : ils démontrent à ceux qui, plus tard, furent tentés de nous reprocher de leur avoir caché la vérité, que l’optimisme était permis et partagé de tous. Et tel il était, cet optimisme, qu’un haut fonctionnaire de ROUEN, disait, le dimanche 1er,  aux membres de sa famille qui avaient quitté MERS : « Si la situation avait été il y a deux jours, ce qu’elle est aujourd’hui, je vous aurais conseillé de ne pas partir. Mais puisque vous êtes ici, allez vous mettre plus loin à l’abri ! ».

 

Etienne CHANTREL

 

 

Note du WEBMESTRE :

 

Photo du quartier ST VULFRAN en mai 1940 affichée dans la collégiale par l’association des amis de ST VULFRAN

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GUERRE 39 Abbeville 1940.jpg

 

 

 

 

 

En effet, fort peu de photos de cette époque sont parvenues jusqu’à nous. Nous nous permettons également de retranscrire le commentaire de cette photo affiché également dans l’église.

 

« Le 20 mai 1940 une escadrille de 25 à 30 unités de l’aviation allemande déversa des tonnes d’engins explosifs et incendiaires qui allumèrent de nombreux foyers d’incendie dans ABBEVILLE.

Le stock d’essence d’un garage situé tout à côté de la collégiale fit s’élever des flammes terrifiantes de la hauteur de la tour Saint Firmin à demi-décapitée.

Vers midi, les voûtes de la collégiale furent crevées, son chœur anéanti et ses cloches abattues et fondues.

Le soir même, les allemands firent leur apparition dans une ville dévastée et aux nombreux morts, la collégiale se dressait au milieu d’un champ de ruines de 17 hectares ; 13 kilomètres de rues avaient été détruits. »

 

 

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REPRESAILLES SUITE A DES ACTES DE SABOTAGES OCTOBRE 1940  

 

Le préfet de la Somme s’inquiète  des mesures de représailles en rapport avec des actes de sabotages commis dans le département. C’est ainsi que les interdictions suivantes se mettent en place :

 

1.  Défense aux habitants de quitter leurs maisons de 19h du soir à 7h du matin ;

2. Fermeture des cafés et restaurants à  19h à l’exception de ceux qui sont réservés aux militaires allemands ;

3. Interdiction formelle aux cultivateurs de laisser flamber les feux sur les champs après 17h, pour quelque raison que ce soit ;

 

L’autorité occupante doit régler la durée de l’application de ces mesures qui sont entrées en vigueur le samedi 19 octobre 1940.

 

Le préfet se plaint de ce que ces mesures ralentissent la vie économique, gênent les travaux agricoles et perturbent la vie administrative.

 

 

 

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LA ZONE INTERDITE EN OCTOBRE 1941 

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L'occupant décréta la zone côtière interdite aux habitants de la région pour des raisons de sécurité. Ci-dessous l'avis paru dans "l'écho du vimeu" le 11 octobre 1941.

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                              GUERRE 39 Zone interdite.jpg

 

 

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CELEBRATION DU 11 NOVEMBRE 1943 DANS LE VIMEU

 

A OUST-MAREST, un drapeau tricolore et le drapeau des A.C.

A BOUVAINCOURT SUR BRESLE, de nombreuses personnes chantèrent « La Marseillaise » au Monument

A DARGNIES, 2 usines cessèrent le travail de11h à 12h et les 2 autres firent au même moment grève sur le tas.

A WOINCOURT, très bel élan ouvrier : défilé au chant de la Marseillaise.

A SAINT QUENTIN LAMOTTE, 2 drapeaux et un défilé continuel au Monument.

A AULT, Maître MARIAGE, maire, a enlevé, par deux fois, 2 drapeaux que des patriotes avaient placés au Monument où 67 gerbes furent déposées.

A FRIAUCOURT, on admira longtemps après, un coussin de fleurs rouges sur lequel se détachait une croix de Lorraine faite de fleurs blanches.

A ALLENAY, le maire, qui avait la veille, interdit de fleurir le monument, a fait enlever les fleurs.

 

Source : La Picardie Libre du 1er décembre 1943  

 

 

 

 

 

 

 

 

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LA LIBERATION SUR LA COTE (AOUT 1944)

 

Cinquante ans après, Jean MONBORGNE, alors jeune enseignant à MERS puis à AULT, se souvient. L’auteur de « l’histoire d’AULT «  et de « l’histoire du BOIS DE CISE » n’a rien oublié de ces journées brûlantes.(Edition spéciale de l'Informateur septembre 1994)

 

L’approche des alliés

 

Sur la côte, en cette fin d’août 44, depuis que les armées alliées ont franchi la Seine, les signes avant-coureurs de la débâcle allemande sont apparus : réquisition de tous les véhicules en état de rouler, du plus vieux camion à gazogène à la plus poussiéreuse guimbarde : passage de plus en plus fréquent, sur la grand route, de convois camouflés ou de longues files de soldats en retraite, l’air morne et fatigué, quelques-uns sans fusil ou sans casque, la plupart sales et débraillés…

 

Dans toutes les stations côtières, cependant, zone interdite où le joug de l’occupant s’est révélé particulièrement lourd, les garnisons sont toujours là, composées d’Allemands et de mercenaires arméniens. Mais on les sent nerveux, tendus, prêts à tout, comme des fauves traqués. Il y a quelques jours, sous prétexte de sabotage – des clous répandus sur la grand’route pour gêner le passage des convois-, ils ont, en représailles, avancé de plusieurs heures le couvre feu, obligeant les habitants à se terrer chez eux dès l’après-midi, toute apparition de civil dans l’encadrement d’une porte se traduisant par la mise en joue immédiate de sentinelles postées aux carrefours ou sur la place. Maintenant, ils préparent leur déménagement : on les voit, à l’annexe de l’Hôtel de France, transformée en entrepôt, charger leur butin sur des camions. Pour fuir plus vite, les plus démunis entreprennent la réquisition des bicyclettes, passant de maison en maison, toutes armes braquées. Si la porte ne s’ouvre pas assez vite, ils cognent de la crosse de leur fusil, menaçant de tout enfoncer. Tout vélo aperçu est immédiatement confisqué ; que le propriétaire s’accroche et les coups de crosse pleuvent. Ce n’est plus de la réquisition, c’est du vol.

 

Le 31 août connaît la dernière et bien inutile  preuve de haine de vaincus exaspérés : dans l’après midi, deux officiers S.S, reconnaissables aux écussons de leur col, font brusquement irruption à la  Colonie St Jean de la rue du Marché. Descendues de leur Volkswagen verte, ils s’engouffrent dans la cour. Quelques instants plus tard éclate une série de détonations sourdes et l’ont voit, au premier étage, s’échapper des fenêtres aux vitres brisées une intense fumée noire. Plusieurs grenades incendiaires viennent d’être lancées dans les centaines de postes de T.S.F. accumulés dans les dortoirs, depuis que la population du littoral, soupçonnée d’écouter les messages de LONDRES, a reçu l’ordre de les livrer sous peine de mort. Leur tâche sinistre accomplie, les deux forcenés ressortent et repartent, toutes mitraillettes braquées, prêtes à tirer, suivis par les regards sombres des habitants de la rue, attirés par le vacarme. Leur voiture disparaît de l’angle de l’église ; on n’en verra plus d’autre.

 

Le Grand Jour

 

Le lendemain est le vendredi 1er septembre. C’est le Grand Jour. Ce jour, ceux qui l’ont vécu ne l’oublieront jamais plus. Dès l’aube, dans le bourg, plus trace d’Allemands : des derniers ont dû déménager durant la nuit, à la cloche de bois. C’est alors que, de maison en maison, une folle rumeur se propage : les Alliés seraient parvenus à EU ! à EU ! Non, ce n’est pas possible. La radio de LONDRES, écoutée sur des postes clandestins, ne les signalait hier soir encore qu’à NEUFCHATEL EN BRAY. A plus de 40 kms !

Décidé à en avoir le cœur net, je sors le vélo de sa cachette, au fond du jardin, et fonce vers EU, distant de 7km. Il est maintenant dix heures. Tout en pédalant sur la grand’route, je m’étonne : on ne voit personne. Pas un chien au « Temps perdu » (sur la commune de Saint quentin lamotte). Quand j’atteins le haut de la côte d’EU, je commence à m’inquiéter. Que vais-je trouver en bas ? Et si je tombais à nouveau sur ces maudits « Chleuhs » ! Ou en pleine bagarre ? Mais non, si cela était, on entendrait des détonations. Quelques coups de pédale rapides dans la descente et j’atteins, juste après la courbe de la maison forestière, la dernière portion de côte. Et soudain je freine à fond, stupéfait.

 

Je viens d’apercevoir, juste en bas, en plein milieu du carrefour, un canon braqué. C’est une espèce de petite pièce antichar, basse, trapue, un canon de 57 m’apprendra-t-on plus tard. Je m’arrête, indécis. Sont-ce des Allemands ou des Alliés ? Redoublant d’attention, il me semble distinguer, derrière le bouclier de la pièce, des silhouettes casquées accroupies. Et d’elles on ne voit nettement que la tête et le casque, un drôle de casque plat qui n’a rien de commun avec celui des Allemands. Seraient-ce des Anglais ?

 

Je m’approche à pied, lentement, tenant d’une main ma machine. Les autres, là-bas, me regardant approcher sans bouger. Et quand je distingue mieux leur visage, je vois qu’ils sourient. Ce jeune civil hésitant qui descend vers eux doit beaucoup les amuser. Maintenant, je les vois de plus près, je distingue leurs uniformes. Plus de doute, ce sont eux. Les Alliés sont arrivés. Enfin ! ils sont là, au bas de la côte d’EU en chair et en os. L’émotion m’étreint. J’ai le cœur qui cogne, une boule dans la gorge. Ainsi c’est vrai, nous sommes délivrés, le cauchemar a pris fin ! 

 

M’approchant des soldats, je risque :

-         « Vous, English ? »

-         « No, Canadian »

 

Des Canadiens, en voilà une surprise. Si je m’attendais………N’en pouvant plus de joie, je serre frénétiquement la main du « Tommy » le plus proche, qui me contemple, hilare. Visiblement, ce jeune Français, tombé du ciel l’amuse beaucoup. Et voici que soudain, tournant le regard vers l’enfilade de la route conduisant à EU, je sursaute : derrière la pièce antichar, mise en batterie face à la descente pour parer de toute évidence une éventuelle contre-attaque allemande, je découvre, alignée en direction du rond-point conduisant à la Chaussée de Picardie, une colonne motorisée entière, environnée de civils exubérants qui vont et viennent, riant et s’exclamant. Devant l’inattendu du spectacle, j’écarquille les yeux, stupéfait. Quel matériel ! La troisième D.I canadienne n’est qu’une division d’infanterie motorisée mais quel équipement ! Où sont nos troufions de 40, se traînant à pied le long des routes avec, en plein été, leur grosse capote, leur  paquetage, et leurs bandes molletières de la Guerre Quatorze ? Sanglés dans des battle-dress bien coupés, à l’aise dans des tenues légères et pratiques, débarrassés de tout leur fourniment, les nouveaux combattants de la libération ne se déplacent plus qu’en half tracks ou en camions. Toute division d’infanterie qu’elle soit, la troisième D.I. possède des centaines, des milliers de véhicules : des jeeps, des command-cars, des camions bâchés, des chenillettes, des chars légers, des canons tractés....Et quelle organisation ! Dans des scout-cars ou des jeeps de liaison, des officiers s’entretiennent tranquillement par radio avec des estafettes motocyclistes lancées partout en avant-garde. De cette colonne, hérissée d’armes automatiques, se dégage une formidable impression de puissance.

 

Insigne de la 3ème Division d’Infanterie Canadienne

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                                                 GUERRE 39 3 DI Canadienne.gif

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L’arrivée des Canadiens à EU

 

Admiratif, je remonte toute la file, ouvrant de grands yeux. Et peu à peu, en questionnant les Eudois occupés à fraterniser avec leurs libérateurs, je parviens à reconstituer l’itinéraire et l’horaire des Canadiens. Ils sont arrivés ce matin, sans rencontrer de résistance notable par la route départementale NEUFCHATEL-LONDINIERES-FRESNOY. On a vu déboucher le gros de la colonne sur la place Mathomesnil à 10h15 exactement. Auparavant, des motocyclistes chargés d’éclairer la marche étaient parvenus à EU dès 9h. C’est donc dès ce moment que la nouvelle de l’arrivée des Canadiens s’est mise à déferler sur la ville comme un raz-de-marée. Minutes inoubliables qu’avec force gestes on ne finit  pas de me conter … Aux cris répétés de « Les voilà ! », « Les voilà ! ». La population entière, rassemblée sur la place du Champ de Mars et tout le long du boulevard, acclame les vainqueurs. On leur lance des fleurs, des canettes de bière. En échange, les soldats distribuent des cigarettes et du chocolat, faisant de leurs doigts en V le signe de la victoire. Des femmes, des jeunes filles escaladent les camions, les half-tracks, les jeeps pour embrasseur leurs libérateurs. Des larmes coulent sur toutes les joues. Cet instant-là, dans la petite cité eudoise qui a subi plusieurs bombardements et dont tout le centre est en ruines, il y avait quatre ans qu’on l’attendait.

 

Tandis que les éléments de tête de la colonne filant immédiatement  placer un verrou à la sortie de la ville, c’est-à-dire au bas de la côte d’EU où je l’ai rencontré, le reste se dirige vers la place Carnot face à la collégiale, où le maire Henri FRANCHET et les conseillers municipaux souhaitent la bienvenue aux officiers. La Marseillaise est entonnée spontanément par la foule en liesse, massée sur la place, tandis que les cloches de la collégiale se mettent à sonner. Dès 9h 30, le drapeau tricolore avait été hissé sur l’hôtel de ville, mais partout désormais, on pavoise. Toute la journée, l’animation dans EU va être intense : tandis que des chenillettes patrouillent dans les rues, d’autres éléments traversent la ville alors qu’une partie de la colonne stationne sur la place et autour du château dont la cour d’honneur a été envahie par un état-major aux véhicules hérissés d’antennes. Les Canadiens se montrent très prudents car des îlots de résistance subsistent dans région, notamment à INCHEVILLE où quelques centaines d’Allemands s’accrochent. 

 

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Fiche matricule d'un de ces soldats canadiens qui ont libéré le Vimeu (Collection personnelle)

 

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                              GUERRE 39 Fiche matricule.jpg

 

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La libération à MERS

 

Toute la matinée, des estafettes motocyclistes sont lancées en reconnaissance vers l’ouest, vers la mer. Mais ce n’est qu’un peu après midi que les premières voitures blindées et les premiers chars font leur entrée dans MERS. A ce moment précis, une manifestation organisée au monument aux Morts par le comité local de libération rassemble toute la population sur la place Lefort. Elle réserve une ovation enthousiaste aux nouveaux-venus dont les véhicules commencent à faire la navette avec LE TREPORT. Des acclamations fusent et, durant tout l’après-midi, ce sera une allée et venue joyeuse entre MERS et LE TREPORT pour fêter et ovationner les libérateurs. C’est que MERS en particulier a bien des raisons de manifester sa joie : la cité, berceau de la résistance picarde, a payé un lourd tribut à la lutte contre l’occupant.

 

Parmi la foule mersoise en liesse, on remarque surtout un grand garçon basané, plus ému et plus enthousiaste encore que les autres de voir les Canadiens libérer la ville : c’est un jeune enseignant nommé Arnold MONTEFIORE, un de mes collègues à MERS et ancien camarade d’Ecole Normale. La raison de sa joie est simple : son père est d’origine canadienne. Volontaire en quatorze, il est venu combattre en France, y a épousé une jeune institutrice française de la région d’ABBEVILLE. Le couple a eu cinq enfants dont Arnold est le second. Nommé enseignant à MERS mais recherché par la GESTAPO, en raison de son ascendance ; MONTEFIORE a dû se réfugier pour un temps dans la clandestinité. Maintenant, il peut de nouveau se montrer au grand jour. Cet après-midi là, en voyant surgir dans MERS en folie un char monté par des Canadiens, il n’y tient plus. Il escalade l’engin, se fait reconnaître de ses compatriotes et s’installe dans la tourelle à côté du chef de char. Puis, comme s’il voulait dire adieu à la ville, il obtient de celui-ci qu’il fasse avec le char le tour du pays. Bientôt, il repartira avec ses nouveaux amis, poursuivant la lutte ne leur compagnie et remontant les côtes de MANCHE vers BOULOGNE.  Mais il n’ira pas loin : trois jours plus tard, à TREPIEDS, près d’ETAPLES dans le Pas de Calais, il trouvera la mort au combat. En souvenir de lui, de son sourire et de son courage, on donnera son nom au nouveau stade implanté sur la prairie, il est resté depuis le « Stade MONTEFIORE ».

 

 

 

La libération à AULT

 

De retour à AULT, encore tout ému et excité des minutes exaltantes vécues dans la matinée, j’arrive juste à temps pour voir apparaître dans la Grande Rue, noire de monde, deux motocyclistes canadiens couverts de poussière. Les nouveaux venus n’ont pas le temps de comprendre ce qui leur arrive qu’ils sont littéralement étouffés et submergés. Les aultois n’ont pas encore de colonne motorisée à se mettre sous la dent : ils n’ont pour l’instant que deux motocyclistes. Mais ça leur suffit. Ils  en veulent pour leur argent. Les femmes, les filles, surtout, sont déchaînées. Pressés, poussés, enlacés, embrassés, congratulés, les deux Canadiens, leur visage bronzé couvert de sueur et de rouge à lèvres, essaient de se dégager en riant de toutes leurs dents. On leur offre des bouquets, on leur tend à boire, on veut absolument les toucher, les palper, s’assurer qu’ils sont bien là, en chair et en os, que ce n’est pas un rêve.

 

Les premières effusions passés, les deux motards font comprendre qu’ils veulent des renseignements : « Y a t-il encore des allemands dans le pays et autour, au Bois de Cise, à Cayeux, à St Valery » Ainsi procèdent les Alliés : ils projettent en avant des antennes qui explorent le terrain et envoient des messages radio : seulement alors le gros de la colonne se met en branle et réduit les nids de résistance signalés. On répond aux nouveaux-venus avec force gestes « Non, plus d’Allemands à AULT, ils sont partis cette nuit, mais au Bois de Cise, sûrement il y en a encore ; méfiez-vous c’est miné. Quant à CAYEUX et à SAINT VALERY, on ne sait pas. Mais il est probable qu’ils continuent à tenir les points sur la Somme ».

Suffisamment renseignés, les deux motards repartent en pétaradant. Dès lors, la foule aultoise, s’estimant définitivement libérée par leur irruption donne libre cours à sa joie. Tout le bourg est dans la Grande Rue. On se croirait revenir aux 15 août d’avant-guerre, au temps des premiers congés payés. Des garçons et des filles, bras dessus- bras dessous, montent et descendent l’avenue, riant et chantant. Les filles arborent des cocardes à leur corsage ou de

petits  bouquets tricolores à leur robe. Aux fenêtres, aux balcons, ont surgi comme par enchantement des dizaines de drapeaux tricolores, certains barrés de la Croix de Lorraine. En plus il fait beau, adorablement beau. L’été 40, l’été de la défaite, avait été lui aussi d’une beauté implacable. Mais le beau temps de cet été 44 ; l’été de la délivrance, se révèle d’une sérénité sublime. L’éclat de tous ces drapeaux, joint aux rayons brûlants du soleil, donne au bourg un air de fête, une  splendeur insoutenable à nos yeux déshabitués. Après plus de quatre années d’oriflammes à croix gammée, ce subit envol des couleurs nationales qu’accompagne maintenant le carillon furieux des cloches lancées à toute volée, restera au cœur des témoins comme le plus merveilleux souvenir de cette journée sans pareille.

 

Le premier enthousiasme passé, voici que s’organise, au rond-point de la mairie, le dépôt d’une gerbe au monument aux Morts par le comité local de libération présidé par Joseph GUILLOU, un ancien des deux guerres. Cet hommage rendu aux morts, on se met à discuter bruyamment du châtiment à réserver aux Collabos, notamment aux « collaboratrices horizontales » ayant un peu trop fait bénéficier les Allemands de leurs charmes. Des groupes de volontaires, le brassard au bras, partent dans toutes les directions pour quérir « manu militari » les coupables. Condamnées à être tondues, elles vont trouver à leur arrivée, dans la cour de la mairie, le coiffeur et son aide derrière deux chaises placées en évidence. Tandis que la justice populaire suit son cours, d’autres motocyclistes canadiens font irruption, qui seront suivis un peu plus tard de quelques véhicules légers. On organisera alors, en leur honneur, de nouvelles festivités. Le soir venu, par mesure de prudence, on décidera de faire garder par des volontaires, munis de quelques grenades allemandes récupérées, les barrages en chicane établis aux diverses entrées de la cité. Le bruit persiste en effet que des Allemands sont encore au Bois de Cise et qu’une contre-attaque nocturne n’est pas à exclure.

 

La nuit de la Libération 

 

On ne dormira pas beaucoup celle nuit- là, première nuit de la libération. Nuit, unique, nuit enchanteresse, sous les étoiles scintillantes d’un ciel idéalement pur. Nuit sereine, nuit souveraine, belle nuit…Cette nuit, ceux et celles qui l’ont vécue, s’en souviendront toute leur vie. Car la liberté, on ne l’apprécie vraiment qu’après l’avoir perdue. ……

Près des barrages, nous veillerons toute la nuit. Nous étions tous très jeunes, avec le sentiment, pourtant d’avoir beaucoup vécu. Tant de tempêtes, tant d’orages ! Tant de deuils et tant de ruines ! Cette liberté reconquise, nous savions de quel prix nous l’avions payée. Cinq années de notre jeunesse gaspillées, envolées, perdues. ………

 

Des Allemands au Bois de Cise

 

Délivrés ? Pas tout à fait encore. Le lendemain de la libération, samedi 2 septembre, la rumeur enfle et se précise : « Ils » sont encore retranchés au Bois de Cise, dans les villas du bord de mer, notamment la grande villa LUMEN (1) transformée en forteresse, hors de l’atteinte des Canadiens. Depuis un an, en effet, le Bois de Cise est devenu « zone militaire interdite », signalée par des panneaux « Verboten » à tête de mort. Vidé de ses derniers civils, il a été entièrement miné, et nul n’ose s’en approcher. Si bien que le Bois, le jour de la libération, n’a connu que le silence, un silence hostile et menaçant.

Résolu à en avoir le cœur net, un groupe de résistants du bourg d’AULT, conduit par le cafetier TRIBONA, un ancien de la Légion étrangère, décide d’aller se rendre compte sur place. Séparés en deux équipes progressant simultanément par le haut et par le bas, les équipes progressant simultanément, suivant les passes balisés, utilisés par les Allemands eux-mêmes. Or, voici qu’ayant dépassé un chalet portant des traces d’occupation récente, que découvre le groupe du haut ? Deux blessés allemands, gravement atteints, gisant dans l’étroit passage, bordé de barbelés, conduisant à LUMEN et vraisemblablement victimes de leurs propres mines. En face, à quelques dizaines de mètres, se dresse silencieuse, énigmatique, la masse imposante de la villa en forme de grand fort mauresque, isolement dressé sur sa falaise, les nouveaux venus ont la désagréable impression d’être observés. Seraient-ils victimes de leur imagination ? Une chose pourtant est indiscutable : il y a encore des Allemands au Bois de Cise. La  présence des blessés n’en est-elle pas la preuve ?

 

Carte postale de la villa LUMEN

 

                                GUERRE 39 Lumen.gif

 

 

Dans le doute et se jugeant insuffisamment armé, le groupe décide de revenir sur ses pas et d’alerter les Canadiens. Ceux-ci entreprennent alors méthodiquement l’investissement du Bois. Tandis que les deux blessés sont transportés à l’hôpital de EU, la villa « LUMEN » est encerclée et attaquée au bazooka. Et qu’en voit-on sortir, les bras en l’air, en file indienne, après avoir agité un drapeau blanc ? Une dizaine d’Allemands ! Les prisonniers emmenés, quelques coups de feu entendus à la lisière sud font renaître un instant l’inquiétude. Mais on  constate bientôt qu’il s’agit d’un autre groupe de résistants, originaires de SAINT QUENTIN LAMOTTE en exploration de l’autre partie du Bois. Il n’y a plus d’Allemands à redouter. Le Bois de Cise est libre. Mais dans quel état ! Sinistré à 90%, c’est un nouvel Oradour où ne se dressent plus que les squelettes décharnés de villas dont ne subsistent que les quatre murs au milieu des frondaisons dévastées. Au Bois de Cise, la libération, ce ne sera pas la joie. Seulement le silence, un silence de cimetière, un silence de mort. La guerre est passée par là.

 

 

(1) Maison dite Villa Lumen construite entre 1902 et 1905. Selon J. Monborgne, ce serait le pavillon de la Tunisie de l'exposition universelle de 1900.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                 

 

 

                                                  

 

 

 

 

 

 

 


Date de création : 24/11/2010 @ 18:57
Dernière modification : 23/06/2017 @ 17:16
Catégorie : Histoire locale 10
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