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Histoire locale 06 - LES BAS CHAMPS

 

                                           LES BAS CHAMPS

 

 

 

Les bas champs de CAYEUX forment un triangle d'environ 4.000 hectares. Ils s'étendent de la falaise d'AULT jusqu'à la pointe du HOURDEL sur une ligne de galets de 16 kilomètres de long, puis du HOURDEL au cap HORNU. La base du triangle étant formée par la route de EU à SAINT VALERY située sur les falaises mortes.

 

 

Carte géographique des bas champs

    

 

            BAS CHAMPS Carte.gif

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 .

 Les bas champs sont formés d'alluvions marines : sables, vases, galets, provenant de la démolition des falaises normandes.

Il y a lieu de rappeler, que ce déplacement du galet, dans la direction du Sud –Ouest au Nord-Est, est un fait scientifiquement connu. Voici comment s’exprime le professeur DEMANGEON à ce sujet :

 

 « Les débris des falaises démolies ne s’arrêtent pas longtemps sur la plage ; les flots les entraînent vers le nord –est : c’est la direction de la grande vague de marée qui envahit la Manche à chaque flux......... Les vents d’ouest ou d’aval qui dominent sur toute la côte, agissent victorieusement sur la vitesse, la durée et la direction des courants marins. La prédominance des vents d’ouest est donc une cause essentielle dans le phénomène d’alluvionnement qui a créé les Bas-Champs.

Dans le transport des alluvions, il faut distinguer les galets et les sables. Le charriage des galets ne se fait qu’à de courtes distances. L’action des vagues sur les galets consiste à les déplacer et à les rouler, en les usant. »  

 

Si la nature a créé un cordon de galets à partir de l'extrémité nord de la falaise d'AULT, des digues ont été construites de la main de l'homme et des canaux de drainage ont été creusés pour assainir les terres.

 

Avant l'an 500 de notre ère, un cordon de galets existait perpendiculairement au rivage actuel : les alluvions et les galets en provenance du Cap d'Antifer se heurtaient dans leur progression vers le Nord au courant de la rivière  Somme. C'est sur celui ci que sont  bâtis les villages de CAYEUX, HURT et WATIEHURT. A mesure du recul de la falaise, la mer façonna le Hâble d'AULT et y creusa des rigoles. Le Hâble devenant un havre pour les bateaux lors des intempéries.

 

Carte du Hâble d'AULT (Collection MACQUERON en ligne, voir notre page « liens »)

 

 

 

 

 

 BAS CHAMPS Carte du Hable.jpg

 

 

Les populations littorales restent longtemps isolées et bénéficient tardivement du développement social amené par les Romains. Vers l’an 300 ces derniers établissent un  préfet maritime à ST VALERY SUR SOMME.La découverte de pièces de monnaies romaines dans l’ancien port du Hâble d’AULT (voir ci-dessus), situé à hauteur d’ONIVAL, attestent d’une économie active dans la région.La découverte d’un ossuaire datant vraisemblablement du 7ème au 9ème siècle à  POUTRINCOURT en 2013 atteste d’une présence humaine dès cette époque.

L’influence scandinave est forte et bien intégrée localement. En 923, Rollon le Viking tente une incursion sur le territoire allant de SAINT VALERY à EU. A partir du 9ème siècle, l’amélioration progressive de la productivité agricole entraîne un accroissement démographique à la base d’une phase de croissance qui s’accélère à partir de 10ème siècle pour durer jusqu’au 14ème siècle.

 

Le niveau de la mer baisse dès le 8ème siècle et abandonne des terrains de plus en plus vastes. L’abbaye de SAINT RIQUIER gérait alors le littoral. Elle favorisa la conquête des terrains délaissés par la mer sur le littoral par l’intermédiaire du creusement de fossés et la construction de levées de terre. Les rejets de dragage finiront par constituer des chaussées (keuchies en Picard).

 

L’abbaye de SAINT VALERY prend bientôt le pas sur SAINT RIQUIER et étend son influence jusqu’à QUEND et FLIXECOURT au Sud. La plupart de ses domaines s’étendent dans les zones maritimes ou marécageuses. Les marais situés entre CAYEUX et AULT fournissaient de nombreuses ressources telles que le fourrage et la litière pour les bêtes, la tourbe comme combustible, les roseaux et les joncs pour la couverture, le bois, l’osier et le cresson. Des salines y étaient exploitées.

 

Vers 1225-1260, on assiste à une extension excessive des labours en milieu continental. Les terrains commencent à manquer compte tenu de la pression démographique.  Les moines assèchent les marais par un système de renclôtures. A cette époque, le pape confirme les privilèges de l’abbaye sur la ville et donc sur les seigneurs locaux, la maison de DREUX.

 

Mais sur le terrain les choses ne sont pas si simples car dans un document de 1243 du cartulaire de l’abbaye de SAINT VALERY, Jean de FRIAUCOURT, chevalier et Jean de NIBAS, clerc, sont arbitres des différends entre noble dame AANOR, comtesse de DREUX, veuve de Robert et fille de Thomas de SAINT VALERY, associée avec les bourgeois du bourg d’AULT avec l’Abbé de SAINT VALERY au sujet des marais situés audit KAIEU et AUGST(AULT) Ratifié par Jean de KAIEU, seigneur de BROUTELLES. (Cartulaire de SAINT VALERY fonds Baluze)Source : Société d’émulation d’ABBEVILLE bulletin 2016 Tome 32

 

Les abbayes locales s’entendent sur la construction de digues au sud des Bas Champs et pour »renclore leurs terres et y creuser des fossés d’assèchement de 6 pieds d’ouverture ». 

Les moines s’efforcent de mettre en pâturages ou en tourbages les marais incultes qu’ils possèdent en bordure de la mer à AULT, à ONIVAL au lieu dit « la Perle » et à HAUTEBUT.

 

En 1276, les moines de SAINT VALERY se heurtent avec l’abbaye du LIEU DIEU. Par un accord intervenu entre l’abbé de ce monastère et celui de SAINT VALERY, en cette année 1276 on voit que les moines possédaient à WOIGNARUE une maison qui leur servait pour le tourbage et le pâturage de leurs vastes marais d’HAUTEBUT et de ceux situés entre la maison de BEAUREPAIRE et BRUTELLES. L’acte de transaction spécifie que les parties pourront renclore leurs terres et y creuser des fossés d’assèchement de 6 pieds d’ouverture, des « cauchies » (voir plus haut). Celles-ci avaient déjà été construites à cette époque à diverses reprises notamment devant la maison de BEAUMER.

 

En 1396, les moines font rétablir avec le concours des habitants du CROTOY et de FAVIERES, une digue de 800 pieds de long dans les marais de FAVIERES.

En 1399, de concert avec le seigneur de SAIGNEVILLE, ils font exécuter un travail du même genre près d’une saline leur appartenant.

 

Dès le quatorzième siècle des travaux destinés à protéger les terres des assauts de la mer sont attestés. Aux Archives Nationales un dossier concernant le marais de CAYEUX témoigne d'un accord qui date de 1408 entre les religieux de SAINT VALERY, les habitants de CAYEUX, le seigneur d'ALLENAY sur les bornages, l'entretien des digues, le droit d'usage dans les marais.

 

Dans le même temps, comme en témoigne une vente  par le seigneur de CAYEUX en 1526, le Val de CAYEUX et la Petite Mollière ont été conquis sur la mer. (Archives Nationales)

 

Nous savons plus précisément qu’au 17ème siècle, l’intervention de ces digues s’est faite dans le nord de CAYEUX pour boucher, sur le rivage, de fortes interruptions dans le cordon de galets, causées par la mer. Telle a été la chaussée du « TERRATU », ce nom, qui, dans le patois local, signifie « tiendras-tu » lui avait été donné en 1710 parce qu’on craignait qu’elle ne pût résister aux attaques du flot, dont elle retenait les marées. Placée en contact direct avec la mer, cette situation la condamnait à être démolie. Aussi, après avoir subsisté une quarantaine d’années, grâce aux efforts faits pour lui rendre ce que les vagues lui enlevaient dans les coups de vent, et mérité d’avoir été qualifiée d’ « ENCLOS DE CONSOLATION » par les possesseurs des champs qu’elle protégeait, finalement, en 1754, la mer l’emporta. C’est, du reste, le sort qui déjà avait été réservé aux Chaussées du même ordre : « PONT-DE-BRIQUES » (1625) les « RESCOUSSES » (1699) « DIGUE SALEE » (1712) qu’on avait à tort, édifiées trop près du rivage.

 

Au moyen âge, le Hâble avec ses deux ports d'AULT,  et CAYEUX est un centre de pêche important. Les abbayes de BERTEAUCOURT, du TREPORT, de SAINT RIQUIER et de CORBIE y bénéficient de rentes en poisson. Les seigneurs d'AULT et de CAYEUX perçoivent différents droits sur le poisson.

En effet, la pêche se pratique de trois façons :

  • La pêche en bateau, soit dans le Hâble, soit en mer, au moyen de filets et de lignes ;
  • La pêche au moyen de parcs et tenderies sur le sable ;
  • La récolte à la main des crustacés et des coquillages : moules, huîtres, crevettes etc...

 

Le Hâble d’AULT était au 14ème siècle la propriété des moines de l’abbaye de SAINT VALERY. Ceux –ci percevaient des redevances sur les bâtiments et les marchandises qui s’y trouvaient. Ceci laisse à penser qu’il s’agissait également d’un port de commerce. Il aurait été également durant la guerre de Cent ans le point de passage vulnérable de l’armée anglaise venue envahir notre région.

 

Mais au fil du temps, sous l’effet de l’implantation progressive des  digues le Hâble tend à se combler par l'apport tant de galets que d' alluvions. Le chenal du Hâble se déplace vers le nord : en deux siècles, de 1550 à 1750 il s'est déplacé de 7 kilomètres vers le Nord.


Voici plus de 200 ans que le Hâble d'AULT a été séparé de la mer conformément aux plans de Monsieur BOMPART ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de Sa Majesté Louis XV. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un étang d'une soixantaine d'hectares s'étendant du sud de CAYEUX aux abords d'ONIVAL. Il était autrefois beaucoup plus étendu : en 1767 il mesurait 4 kilomètres de long et 900 mètres de large et communiquait librement avec la mer ; le volume d'eau emmagasiné à chaque marée procurait une chasse importante qui maintenait un chenal ouvert dans le cordon de galets. Ce chenal a été bouché de main d'homme de 1750 à 1773 : c'est le Grand Barrement.

 

 

Les habitants du Hâble excédés par les inondations qui venaient recouvrir leurs terres ont vu dans le Barrement du Hâble une solution à tous leurs maux. On trouve aux Archives Nationales des procès verbaux d'enquête, requête des habitants de CAYEUX pour la construction d'une digue entre 1721 et 1753.

On procède donc en 1751-52 au comblement du chenal devançant ainsi ce que le processus de la nature avait déjà entamé. Une écluse fut également construite au niveau de CAYEUX pour évacuer vers la mer les eaux d'infiltration. 1.500 hommes participèrent à ces travaux sur une durée de 15 ans.

 

C'était compter sans la force des éléments. Dès l'hiver suivant 1752-53, la mer détruit l'écluse qui avait été creusée sur le cordon littoral. La mer menace alors CAYEUX. La digue fut renforcée et l'écluse reconstruite. Mais l'apport incessant de galets bouche l'écluse. L'eau d'infiltration inonde alors les récoltes en 1766, 1767 et 1768.

Durant tout le 18ème siècle le pays fut malsain. Certains chemins restaient impraticables durant 9 mois de l'année, les habitants affligés de fièvres. 

 

Cette situation catastrophique incite l'intendant de Picardie à saisir le Conseil d'Etat qui prescrit une visite générale des Bas-Champs du bourg d'AULT au HOURDEL à l'effet d'indiquer tous les travaux nécessaires à la défense contre la mer et au dessèchement. L'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées BOMPART rend un premier rapport en 1768.

Pour accélérer le dessèchement il propose de creuser deux canaux :

-       Le Canal de CAYEUX pour drainer les terres du Hâble

-       Le Canal de BRUTELLES - LANCHERES .

Les deux canaux confluent à la hauteur de la ferme du petit Terratu (actuellement la maison de l'Oiseau) et se jettent par une écluse dans la baie de Somme, appelée les PORTES DE LA MER toujours utilisée aujourd'hui.

 

Quant à la défense contre la mer BOMPART estime suffisant le cordon de galets situé entre le Hâble d'AULT jusqu'à la pointe du HOURDEL, mais par contre il s'amaigrit dangereusement entre le Hâble et AULT, laissant à découvert le « Perroir » d'AULT, sur l'actuel territoire d'ONIVAL qui était le lieu de vie des marins pêcheurs.  Il décida alors de construire trois épis chargés de retenir les galets : deux à ONIVAL et un à CAYEUX.

 

A la fin de l'année 1773 les travaux sont achevés. Les réceptions des canaux de CAYEUX et de LANCHERES, de l'écluse du Grand Terratu ont lieu du 7 au 9 juillet 1773. Les épis d'AULT et de CAYEUX avaient été construits dès 1771-72. Il n'y avait plus qu'à entretenir !

 

Il est une conséquence du barrement du Hâble qui ne semble pas avoir préoccupé les gens du 18ème siècle : le bouleversement apporté à l'économie locale.

CAYEUX et AULT vivent en grande partie de la mer. Deux cents familles habitent entre l'ancienne église de CAYEUX et le Hâble à peu près autant au Perroir d'AULT. Ces pêcheurs sont pour la plupart des pêcheurs à pied. Dans les Bas Champs au 18ème siècle l'agriculture est minoritaire or, tous les documents ne parlent que d'agriculture. De la pêche et des pêcheurs pas un mot. Et c'est certainement les pêcheurs qui ont le plus souffert du « grand barrement » : plus d'abri pour les barques, plus de moules ni poisson plat dans le Hâble. Les marins de CAYEUX sont obligés de relâcher derrière la pointe du HOURDEL, mais il n'y a là bas aucun aménagement et c'est très loin.

 

Que sont devenus les marins de CAYEUX après le « grand barrement » ? Ils n'avaient jamais été riches, ils sont tombés dans une misère noire. Ils sont partis à DIEPPE, ou CALAIS, se sont engagés dans la marine militaire, soldats, serruriers : c'est l'époque où la serrurerie à domicile se développe dans le Vimeu.

 

 

Les sommes gigantesques dépensées depuis 1770 n'ont guère modifié l'évolution du cordon littoral. Les galets arrachés aux falaises normandes continuent de passer devant CAYEUX, en moins grand nombre qu'autrefois : on les arrête à PALUEL, PENLY, DIEPPE, au TREPORT et à AULT.

 

 

Néanmoins, la pointe du HOURDEL s’accroît continuellement. Elle consiste à recevoir les galets que la mer prélève d’ ONIVAL à CAYEUX et qu’elle charrie sur le littoral. La pointe du HOURDEL bénéficie peut être également dans une certaine mesure, des galets que les jetées de DIEPPE et du TREPORT éloignent vers la haute mer.

De 1812 à 1833, elle s’est avancée de 80 mètres, dans la direction du CROTOY. Depuis le bourg d’AULT jusqu’à l’extrémité de cette pointe, on comptait à peu près 10.000 mètres en 1640, 15.820 mètres en 1736 et 16.050 mètres en 1835.

 

 

Photo aérienne du Hâble (Collection Personnelle) 

 

 

 

 

 

 

 

BAS CHAMPS Photo aerienne.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ASSOCIATION DES PROPRIETAIRES DES BAS CHAMPS

 

 

Très tôt, les propriétaires se regroupent d'abord en « Watergraves » puis en « Association des propriétaires des bas champs ». Ceux –ci décident des travaux à effectuer. Dans un article du journal BRESLE et VIMEU de 1924 il est fait mention de ces propositions.

 

Après les dégâts commis par la violente tempête des 5 et 6 mars 1912, dégâts qui avaient mis les Cayolais dans l’obligation de contracter un emprunt de 25.000 Francs pour réparer les dommages commis dans leur commune, la nécessité pour éviter le retour offensif de pareils désastres, de l’intervention d’une digue située, non plus en avant, mais en arrière, des levées côtiers de galets s’impose ; les administrateurs du Syndicat des Cultivateurs des Bas-Champs envoyèrent  au Ministre de l’Agriculture  une pétition en vue d’obtenir une subvention à ce sujet. La digue épaisse (12 mètres de base) projetée en s’allongeant parallèlement au rivage, avec ses crêtes dressées à 4 mètres de haut sur 6 kilomètres, à plus de 100 mètres en arrière du cordon littoral, devenait l’obstacle capable d’opposer aux invasions marines, après rupture du cordon par les vagues, une barrière infranchissable.

Malheureusement les crédits demandés n’ayant pas été accordés, l’exécution de ce projet de défense, trop onéreuse (300.000 Francs) pour que le Syndicat pu à lui seul, la supporter, est restée en suspens

 

Il y n'y eut donc que des essais de renforcement de la base des digues, en augmentant, par des apports de galets, leur degré de résistance, ensuite, la construction, en arrière du cordon littoral, de digues de soutien à 100 mètres de distance.

 

Dans le premier de ces essais, la protection n’a pu y être obtenue qu’à l’aide du procédé dit des « Serpents  de mer » inventé par cet ingénieur dont le nom DECAUVILLE, est devenu si populaire. Il consiste, après avoir rempli de galets des cylindres treillagés, en fil de fer galvanisé, à placer contre la digue ces gabions, en séries horizontales, les unes au-dessus des autres, dans les régions où la digue est le plus attaquée. Reliés par des fins de fer plus solides, ils constituent une cuirasse, contre laquelle les vagues épuisent leurs efforts, sans parvenir à l’ébranler. L’épreuve qu’elle a subie en mars 1914 a été concluante. Toutes les digues ainsi protégées ont résisté. Sur la côte, notamment la ferme dite des Galets doit à cette influence d’avoir pu subsister. Les vagues déferlantes, en venant se heurter contre le placage de galions appliqué contre la digue qui la protégeait, lançaient leurs gerbes par-dessus les toits, sans lui faire subir d’autres dommages qu’une douche résultant de leur retombée en cascades dans la cour intérieure. Après cette preuve d’efficacité, l’emploi des « Serpents DECAUVILLE » comme moyen de défense, n’a pas manqué d’être généralisé.

 

Quant à la construction de digues en arrière du cordon littoral, elle offre cet intérêt d’imposer un arrêt aux invasions marines, quand une brèche s’y est ouverte. Tel a été l’effet de celle qui, sous le nom de « Digue Mary » a été édifiée dans le sud en 1824 en face de l’amincissement présenté par ce cordon, à ONIVAL, à la naissance de la falaise crayeuse du BOURG D’AULT.

 

 

Inversement, les Bas-Champs, sur leur façade, étalée en bordure de la baie de Somme, gagnent du terrain dans l’estuaire. Depuis que la rivière est parvenue après régularisation de sa pente, à ce degré de stabilité qui lui permet de remblayer son lit avec des alluvions limoneuses, sur les bords envasés de l’estuaire, une large zone de prairies mouillées (mollières) propice à l’élevage des moutons, s’est étendue en face de ses bancs sablonneux. La transformation ensuite de ces présalés en « mollières rencloses » après l’égouttage de leurs eaux dans un réseau de canaux d’assèchement, et la création de barrages destinés à les protéger contre les inondations, a fait que ces « terrains de renclotures » affermis par le colmatage, sont devenus d’une grande fertilité, sans avoir besoin d’engrais : d’où un accroissement du domaine agricole des Bas Champs aux dépens de la baie, sous l’influence du travail humain et d’autant plus profitable que ces terres nouvelles presque exemptes d’impôts sont soumises à un régime fiscal privilégié.

 

Le meilleur exemple en est offert par celle de ST VALERY. La qualification de « Sur Somme » appliquée à cet ancien port de la baie, à une époque où il était fréquenté par des navires de fort tonnage, n’est plus justifiée. Depuis longtemps on n’en a plus vu sortir de flottes comparables à celles qui en 1066 s’en détacha pour conduire Guillaume CONQUERANT en Angleterre avec ses armées. Actuellement enserrée par ses Mollières, sa communication avec les passes de la Somme, ne peut se faire qu’à l’aide d’un chenal de 14 kilomètres entretenu à grands frais dans les bancs de sables vaseux de la baie, et ce n’est qu’aux fortes marées que des bateaux de faible tirant d’eau peuvent temporairement y pénétrer. D’où ce fait aussi que la ville basse doit maintenant sa prospérité à la mise en culture des terres nouvelles qui la bordent.

 

 

 

 

 

LES TRAVAUX DE DEFENSE CONTRE LA MER AU DEBUT DU 20ème SIECLE

 

Dans un autre article du journal  BRESLE et VIMEU du 31 janvier 1925, on prend conscience de l'acharnement de l'association des Bas champs à consolider la digue.

 

 

L’association des Bas-Champs poursuit activement ses travaux de défense sur la plage d’ONIVAL  à la digue naturelle.

Comme on le sait, des travaux provisoires ont été entrepris immédiatement après les tempêtes de fin d’octobre et de commencement de novembre (1924). Ces premiers ouvrages, destinés à combler la brèche de 150 mètres faite par la mer dans le cordon littoral, sont en voie d’achèvement et s’élèvent à environ 50.000 Francs. Ils ont donné, jusqu’ici, les résultats attendus, puisqu’ils n’étaient destinés qu’à empêcher, dans la mesure du possible, le retour des flots dans le territoire des Bas-Champs, lors des vives eaux de novembre et de décembre. Ils ont résisté aux efforts des fortes marées et n’ont subi que des avaries inévitables et, somme toute, sans importance. Néanmoins, les eaux de la mer ont pénétré, par infiltrations, dans les Bas-Champs de WOIGNARUE et de BRUTELLES, et comme ces hautes mers ont coïncidé avec des pluies abondantes, il en est résulté quelques inondations dans les bas-terroirs du Marais de CAYEUX, de l’ENVIETTE etc…

Les hautes marées des 24 au 28 janvier (1925) ayant été accompagnées d’un temps assez calme, les projets de l’Association peuvent maintenant être poursuivis sans aucun inconvénient et avec quelque chance de succès.

Quels sont donc les projets en voie d’exécution ? Tout d’abord, il reste à consolider la digue naturelle par des apports de galets, en arrière.

 

Nous pourrions ajouter de nombreux chapitres à ce combat contre la mer dans cette partie de notre littoral et évoquer l'épisode des fortes tempêtes de janvier-février 1990 qui inondèrent durablement les Bas Champs.

 

Tous ces combats ont façonné un paysage incomparable, un milieu naturel de vie sauvage de notre région qu'il faut absolument préserver. Les Bas champs abritent des espèces d'oiseaux devenues rares. Il forment avec le parc du MARQUENTERRE et la Baie de Somme un des plus joli ensemble paysager des côtes de France.

Les moines de SAINT VALERY n'avaient certainement pas prévu un tel engouement touristique pour cette portion de territoire, leur objectif étant de valoriser un terrain hostile à l'homme et en faire une source de revenus agricoles.

 

Nous vous renvoyons aux nombreux et très intéressants articles en ligne ou ouvrages écrits sur ce sujet.

Un projet de repoldérisation autour de la ferme de la Caroline est aussi en débat.

 

 

Sources :

Le grand barrement Jean ESTIENNE Bulletin de la  Société d'Archéologie   du VIMEU 1994.

Histoire du Bourg d'AULT J. MONBORGNE.

Ch VELAIN : Professeur honoraire de Géographie Physique à la Sorbonne dans :

BRESLE ET VIMEU 1924 1925

Archives Nationales R/1/705 Apanage d'ARTOIS.

Société d’émulation d’ABBEVILLE bulletin 2016 Tome 32

Histoire de l'Abbaye de SAINT VALERY SUR SOMME

 

 


Date de création : 15/08/2011 @ 17:45
Dernière modification : 31/01/2024 @ 18:51
Catégorie : Histoire locale 06
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