SERRURERIE DANS LE VIMEU AU 20ème SIECLE
Voici les principales fabrications du VIMEU pendant la guerre 14-18, réunies sous forme de tableau
COMMUNE –
ETABLISSEMENT
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PERSONNEL
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PERSONNEL
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FABRICATIONS
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OBSERVATIONS
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AVANT 14
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APRES 14
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AULT
DERLOCHE Serrures
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120
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60
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Gaines relais
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BETHENCOURT/MER
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HAUDIQUER Sécateurs
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115
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80
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Fournit l'armée indirectement
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DEBEAURAIN Serrures
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75
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30
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Gaines relais
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MAQUENNEHEN ET IMBERT Cuivrerie
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73
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20
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Fournit l'armée en petites pièces
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BIGNARD Serrures
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36
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Néant
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Idem
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MATHON CARON Sécateurs
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31
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Néant
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Idem
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BOURSEVILLE
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OPAIX Frères Vis
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20
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9
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Vis pour autos, boulons
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TULLY
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BUIRET DEBEAURAIN Clefs
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170
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60
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Grenades
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GAUDEFROY CAQUERET Fonte aciérie
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60
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30
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Idem
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HUTEL Vis
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130
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70
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Gaines relais
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ESCARBOTIN
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ACOULON Fonderie de cuivre
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51
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26
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Petites pièces
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DEBEAUVAIS & HOLLEVILLE Fonderie de cuivre
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36
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8
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900 bouchons obus/jour
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DUQUENNOY Fonderie de cuivre
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42
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Arrêt
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BOUTTE Serrures
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100
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50
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Boucles pour équipement, obus
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WEBER Limes (alias WINCKLER)
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12
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Arrêt
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NIEBLING Fonderie de cuivre
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49
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12
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Indirectement pour l'armée
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IMBERT Serrures
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128
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50
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Serrures marines Gaines relais
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FLEURY DEPOILLY Serrures
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170
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70
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Crampons T.S.F. Pièces pour 75
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STACOFFE Fondeur en fonte
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80
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68
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Eperons Fers à chaussures Boucles
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DEFRANCE Fonderie de cuivre
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35
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Arrêt
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ROGER Fonderie de cuivre
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15
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Arrêt
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TIRARD Fonderie de cuivre
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160
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110
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Eperons boulons d'assemblage
Pièces pour autos
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NORTIER Tournerie de cuivre
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30
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Arrêt
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MARESCAUX Fonderie de cuivre
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80
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Arrêt
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Travail 2/j semaine
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FEUQUIERES
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AUER
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150
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100
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Obus Grenades
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LIEVIN DAVERGNE Vis et Coffrets
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60
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30
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Gaines relais d'obus
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BAUCHE Coffres
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50
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20
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Idem
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DUFRANCATEL Coffrets
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12
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8
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Idem
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JOUVET
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30
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6
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Coffres arme de tir réduit
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FORESTIER Coffrets
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40
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15
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Usinage obus
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RIQUIER Fonderie
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300
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100
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S’outille pour fabriquer des baïonnettes
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WOINCOURT
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BRICARD Fonderie
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80
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40
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Gaines d’obus
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DARGNIES
BOIZARD Mécanicien
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3
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13
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100 corps d’obus jour
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SAINT GERMAIN Frères
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60
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36
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Poignées baïonnettes bouclerie
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PARMENTIER Fonderie
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120
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50
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Grenades
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MILBLED Fonderie
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100
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40
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Grenades
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BEAUDOURG ? Mécanicien
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30
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15
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Gaines relais
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MARIAGE Fonderie
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15
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18
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Grenades
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BEAUCHAMPS
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EVENO NOLE
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60
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100
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Obus grenades
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OUST MAREST
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FICHET Coffres forts
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150
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60
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Obus grenades
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GAMACHES
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POLLET Tournerie Bois
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50
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30
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Bouchons de grenades
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MARIAGE Fonderie
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20
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20
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Grenades
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Photo d'une gaine relais

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Dans un article du journal BRESLE ET VIMEU de septembre 1935, le président de la chambre de commerce d’ABBEVILLE trace les principales insuffisances de l’industrie locale et nationale.
LA SITUATION DE L’INDUSTRIE DANS LA REGION D’ABBEVILLE
Rapport du président de la Chambre de Commerce d’ABBEVILLE, Monsieur RIQUIER
SERRURERIE
La serrurerie du Vimeu dépend complètement de l’activité du bâtiment. Or, par suite de la raréfaction des capitaux, par suite aussi du grand nombre d’appartements vacants ne trouvant pas preneurs aussi bien dans les grandes villes que dans les communes de moyenne importance, cette activité est pour ainsi dire complètement arrêtée.
Il s’en suit que les commandes qui alimentent cette importante industrie de notre région sont considérablement diminuées. Les rares ordres à passer sont âprement disputés par les producteurs, et les acheteurs inquiets du lendemain (ne) se font aucun stock et marchandent au point que les industriels se laissent souvent aller à vendre au-dessous de leurs prix de revient.
Les diminutions des chiffres d’affaires atteignent en moyenne de 30 à 40 %.
Le chômage partiel sévit dans toutes les usines dont les plus favorisées ne travaillent pas plus de 32 heures par semaine.
Il y a donc aussi dans le Vimeu un certain nombre de chômeurs complets.
Comme il arrive trop souvent dans les périodes de crise et de mévente, l’entente conclue entre les producteurs n’a pu être maintenue.
CUIVRERIE DE BATIMENT
La production de la fabrication de la cuivrerie de bâtiment du 1er juillet 1934 au 30 juin 1935 a été mauvaise.
Pendant cette période il faut constater malheureusement l’aggravation de la crise et la persistance du malaise.
La situation dans laquelle se trouve actuellement l’industrie du bâtiment est déplorable.
Le chômage, loin de diminuer, comme le prétendent certaines statistiques complaisantes, s’étend de plus en plus dans le bâtiment. Aussi, les commandes de cuivrerie de bâtiment ont-elles été passées avec parcimonie et marchandage.
Le chiffre d’affaires de l’année a été à nouveau régressif.
Il n’y a pas de résultat à cause de l’âpreté de la concurrence et la baisse générale des prix de vente.
L’exportation ne passe pour ainsi dire plus de commandes. Nos articles ne sont pas protégés, même dans nos colonies, et la concurrence étrangère nous enlève des ordres.
Les compagnies de chemin de fer ont passé des commandes importantes, qui ont été enlevées à des prix certainement déficitaires.
La Marine a donné aussi des ordres qu’elle n’attribue pas toujours aux vrais fabricants.
La fabrication du meuble souffre aussi actuellement du marasme des affaires.
Photo d’une serrure de marine (Collection personnelle)
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ROBINETTERIE
Si, cette année encore, nos industries ont souffert de la crise, manque d’affaires et prix bas, cela ne tient pas du tout il faut bien le dire, au manque de besoins sur le marché intérieur.
L’industrie du Vimeu, sa branche robinetterie en particulier a encore devant elle de belles perspectives d’avenir, car la France est loin d’avoir, au point de vue confort, l’équipement des grandes nations industrielles.
Le butane, les adductions d’eau, le sanitaire, la glacière, voilà, pour la robinetterie, une source de débouchés certains, qui ne devrait pas être près d’être tarie.
Pourquoi donc manquons nous d’affaires et pourquoi aussi sommes-nous obligés de vendre si bon marché ?
Nous manquons d’affaires :
Parce que, comme les autres industries, notre développement est suspendu par le manque de confiance dans l’avenir et par les incertitudes extérieures et intérieures.
Parce que, devant leur pénurie pécuniaire, l’Etat, les départements et les communies hésitent à entreprendre les grands travaux indispensables.
Parce que nos clients ne veulent plus stocker les marchandises même courantes.
Nous vendons bon marché :
Parce que nous avons une industrie relativement facile, qui nécessite peu d’immobilisation de capitaux et favorise l’éclosion de nouvelles maisons concurrentes.
Parce que la politique actuelle, en faveur de l’artisanat, contribue, qu’on le veuille ou non, à nous créer une concurrence supplémentaire très active dans certains articles.
Parce que surtout, nous n’avons jamais pu mettre sur pied les accords de vente qui permettent de traiter le peu d’affaires qui se présente à des conditions rémunératrices. Les efforts tentés l’année dernière ont tourné court et après cette néfaste expérience personne ne paraît désireux de rouvrir les pourparlers.
Ce qui précède s’applique au marché intérieur ; mieux vaut ne pas parler de l’activité de nos industries sur le marché extérieur car elle est complètement tombée.
Allemands et Italiens nous battent partout à plate couture, même dans nos colonies ; Rien d’étonnant à cela, d’ailleurs puisque nous n’avons pas de politique exportatrice et que, d’autre part, cela devient, d’ailleurs un triste lieu commun, les charges d’impôts, d’assurances sociales et d’allocations familiales nous donnent le coup de grâce.
FONTE MALLEABLE - CLES DE SERRURES
La situation, déjà bien mauvaise l’an dernier, s’est nettement aggravée : les affaires sont de plus en plus ralenties et les prix de vente, établis sans le moindre souci du prix de revient, dénotent la plus grande fantaisie.
Hantés par le besoin de s’assurer un minimum de travail, afin d’éviter au personnel une augmentation du chômage, certains fabricants oublient totalement qu’il existe cependant un point bas à ne pas dépasser.
Tout au contraire, les matières premières sont fermes : les fontes et les cockes notamment ont consolidé leurs cours rehaussés au début de 1934.
En clés de quincaillerie, l’entente des prix, vieille cependant de 25 ans, a été tellement boycottée qu’elle a dû être dénoncée : depuis lors, la lutte augmente de jour en jour ; c’est une guerre ouverte et sans merci, dans laquelle le prix du concurrent, seul, sert de base.
Si les fabrications reprises aux Allemands sauvent la corporation de la ruine, elles sont loin de compenser le ralentissement général des affaires : les cours pratiqués sont nettement dangereux dans un métier où la main d’œuvre, devenue génératrice de trop de charges, joue un grand rôle.
A la concurrence illogique et désastreuse faite par le petit fabricant camouflé en artisan, et signalée l’an dernier, s’ajoute maintenant celle de la véritable petite usine, qui travaille le samedi après-midi, le lundi (1) et au besoin le dimanche matin, avec du personnel régulièrement inscrit dans d’autres usines ; or, il est vraisemblable que l’employeur occasionnel n’acquitte pas les charges correspondantes : assurances sociales, allocations familiales ….
Pendant ce temps, l’Etat dispense libéralement des primes de chômage, et l’on ne peut songer sans anxiété aux effets que produirait l’application de la semaine de 40 heures (2) dans de telles conditions.
(1) La journée de repos était non pas le samedi mais le lundi dans bon nombre d’entreprises, et ce, jusqu'au milieu des années 60. Peu à peu le samedi remplaça le lundi.
(2) La réduction du temps de travail de 48 heures à 40 heures par semaine a été votée par le Front populaire en 1936.
STATISTIQUES SUR LE CHIFFRE D'AFFAIRES DE LA SERRURERIE EN 1953 et 1954
Sur la base d’un document officiel de l’association des fabricants de serrures de bâtiment, qui a produit un tableau des chiffres d’affaires de l’ensemble la profession française de Serrurerie de janvier à fin septembre en 1953 et 1954 , nous avons pu tracer les deux graphiques suivants.
Les entreprises concernées sont indexées entre les graphiques.

VIMEU : BRICARD – DEBEAURAIN – DERLOCHE – DESPREZ - FLEURY DEPOILLY LAPERCHE - GUERVILLE RIQUIER – HOLLEVILLE - POUMAREDES & MARTINET- STREMLER – TIRARD - VACHETTE ;
ORNE : LEMARCHAND – MAILLARD – MERMIER
MARNE & SEINE ET MARNE : MOREAU – VARIN
LOIRE : MANUFACTURE FOREZIENNE – MERMIER
HAUTE SAONE : LAURENT
REGION PARISIENNE : MUEL
AUTRE : LEMOINE dont l’emplacement géographique n’a pu être déterminé.
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La conclusion que l’on peut en tirer c’est qu’en l’espace d’une année, le Vimeu prend une part croissante dans le marché de la serrurerie au détriment de l’Est de la France.