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Histoire locale 12 - METIER : PAYSAN

                                                        LE PAYSAN DANS LE DEPARTEMENT DE LA SOMME

 

LE PAYSAGE RURAL

 

En l’an mil le paysage rural était celui de la forêt et des villages aménagés dans les clairières. La maison  paysanne était bâtie au milieu d’une parcelle cultivée fermée par une palissade. On y pratiquait l’élevage et le jardinage pour la production alimentaire quotidienne de la famille : basse-cour, cochons, « herbes et racines », arbres fruitiers.

A cette époque, des défrichements importants sont pratiqués pour accroître les superficies cultivées. Ceci s’explique par le besoin de nourrir une population en augmentation.

 

 

LES PROPRIETAIRES DE LA TERRE

 

A la veille de la Révolution en Picardie, la noblesse avait 33,4 % du territoire, le clergé 14,6 % et donc 36,7 %  appartenaient aux paysans. Un laboureur était souvent un gros paysan. Ceux-ci possèdent plus de surfaces que les artisans ; les artisans plus que les tisserands et les uns et les autres plus que les manouvriers qui n’en sont cependant pas absolument dépourvus.

 

La famille paysanne ne pratique pas la misogynie. Un vrai partage des tâches y est bien perceptible depuis longtemps. La fermière travaille à proximité immédiate des bâtiments agricoles, sans doute pour avoir l’œil sur les plus petits enfants et pour préparer en même temps les repas et faire le ménage. Elle nourrit les volailles, baratte le beurre, confectionne le fromage, tond les moutons, traie les vaches, les chèvres.

 

 

LE RYTHME DE TRAVAIL

 

Le paysan se reposait principalement le dimanche. Sauf dérogation exceptionnelle, il était inconcevable de travailler le jour du Seigneur. Il en était de même durant les jours fériés de l’Eglise, extrêmement nombreux et variables selon les diocèses. Il y en avait environ une cinquantaine par an

 

 

LE BAIL

 

Le bail était le document fondamental de la vie agraire. Après une rapide présentation des parties en présence, le notaire  écrivait la durée prévue puis énumérait les diverses contraintes du preneur pour la culture, la mise en valeur du domaine à exploiter.

 

Mais au 17ème et au 18ème siècle, dans la généralité d’AMIENS, les longues guerres ont privé les propriétaires de la plus grande partie des terres qui y sont situées et de la liberté de sortir des villes où ils habitaient pour veiller à leurs biens de campagne. Les fermiers pendant tout ce temps, et même depuis se sont perpétués de père en fils sur l’exploitation. Pour eux, pas de terme à la location. Dès qu’ils acquittaient le fermage, ils se croyaient libres de transmettre la terre louée à qui bon leur semblait, de la donner en dot à leurs enfants, de la céder à titre gratuit ou onéreux, de la diviser, de la léguer par testament, sans qu’ils songent à consulter le propriétaire. Celui-ci n’avait rien  à dire si on lui payait le « pot de vin » à chaque renouvellement de bail, c’est-à-dire tous les six ou neuf ans.

 

Que devenait le droit de propriété ? Ne pouvant donc ni changer de fermier à son gré, ni augmenter la redevance, ni modifier les conditions de la jouissance, réduit à toucher aux époques déterminées par la coutume ou le bail, le fermage dont le chiffre est invariable, le propriétaire n’avait guère sur son bien qu’un simple droit de créance.

Si, à l’expiration du bail, le propriétaire parle d’augmenter le loyer, le fermier ne voudra pas y consentir. Reçoit-il son congé, pas de résistance, il se retire …….mais personne ne se présentera pour lui succéder ; la solidarité est générale. Nul n’y manquera dût la terre rester en friche puisque le propriétaire ne peut davantage  la vendre. Qui donc oserait l’acheter ?

Quand le propriétaire se détermine à cultiver lui-même ou s’il parvient à trouver au loin un nouvel occupant, l’un ou l’autre doit se préparer à une vie de réprouvé. Nulle main dans le village ne s’approchera de la sienne, nul bras ne lui viendra en aide. Le charron et le maréchal refuseront de travailler pour lui.

Ce droit, appelé communément « droit de marché » s’étendit aux moissonneurs, aux bergers, aux batteurs en grange, aux journaliers et aux domestiques  nécessaires à l’exploitation. Les vengeances se règlent violemment : incendies, meurtres, tueries d’animaux la plupart impunis à cause de la loi du silence.

 

 

LA VIE AGRAIRE

 

Les paysans cultivaient toutes les parcelles deux années sur trois, la dernière étant laissée en jachère pour ne pas épuiser la terre. La première année, on semait les blés d’hiver, la deuxième, les blés de printemps ou l’avoine, la troisième, la terre se reposait. Chaque année, on déplaçait les cultures sur tout l’ensemble.

L’usage général au moyen âge d’engranger toute la récolte, obligeait le propriétaire à entretenir des bâtiments considérables. Ce n’est qu’à la fin du 18ème siècle que l’on commence à laisser une partie des grains dans la campagne, ajustés en meulons couverts de genets, de joncs ou de roseaux, si proprement qu’ils n’ont rien à craindre de la pluie. Avec l’automne commence le battage au fléau. Au 18ème  siècle la machine à battre fait son apparition.

Après la moisson, le statut du champ changeait. Ils devenaient vains ou vides. A partir de ce moment- là, les pauvres du village pouvaient glaner sur les parcelles, les épis laissés sur place, c’était la « vaine pâture ».

 

Les glaneuses de MILLET

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                                             PAYSANS Glaneuses.png

 

 

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Les animaux des paysans étaient regroupés pour former un troupeau commun qu’on menait dans les champs jusqu’à l’époque des labours selon un itinéraire soigneusement préparé pour éviter tout conflit (voir à ce sujet le procès en 1783 dans l’histoire de FRIVILLE ESCARBOTIN).

Il était inutile de marquer les bêtes, chacun reconnaissait les siennes et les bêtes retrouvaient tout naturellement leur étable. Ce faisant les animaux engraissaient les terres.

 

 

LES BATIMENTS AGRICOLES

 

Les maisons-cours regroupent les différents édifices autour d’une cour plus ou moins vaste et étaient souvent le centre d’une exploitation considérable, spécialisée dans la production céréalière. En général, le bâtiment en façade était celui de l’immense grange. Quand on pénétrait dans la cour, en passant sous un porche-pigeonnier, on se trouvait face au corps de logis. A droite et à gauche, les autres édifices accueillaient les écuries, les étables, les porcheries et les remises.

 

 

La  ferme picarde (collection Macqueron voir notre page liens patrimoine)

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                                            PAYSAN Ferme picarde.gif

 

 

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LES INSTRUMENTS AGRICOLES

 

La charrue dominait avec son soc et son versoir. Elle exige des attelages puissants composés de 2,3 ou 4 chevaux, parfois même plus de 6. Le passage de la charrue produisait un petit fossé, appelé raie ou sillon.

La herse, sorte d’énorme râteau, était un instrument tracté, pourvu de pointes de  bois ou de fer, pour travailler le sol sur une faible profondeur. Longtemps triangulaire, elle est devenue à partir du 16ème siècle rectangulaire.

 

La mécanisation

 

 

Les premières vraies machines agricoles se sont répandues au milieu du 19ème siècle : la faucheuse fut importée en France vers 1860 et on en dénombrait 23.000 en 1892. 24 nouveaux modèles moissonneuses furent présentés à l’Exposition Universelle de Paris en 1867. La moissonneuse-javeleuse et la moissonneuse- lieuse ont surgi vers 1900 et la moissonneuse batteuse dans les années suivantes. Un nouvel âge agricole commençait avec l’arrivée du tracteur.

Les tracteurs, invention américaine  arriva en France en plein milieu de la première guerre mondiale. Ce fut en effet en 1916 qu’Etienne CLEMENTEL, du Crédit Agricole envisagea de développer la motorisation agricole et qu’on expérimenta les premiers tracteurs américains. Le nombre de tracteurs passa de 22.500 en 1929 à 35.000 en 1938 puis à 98.000 en 1948. Le plan MONNET, dès 1946 avait favorisé la mécanisation agricole, en prévoyant 200.000 tracteurs  pour 1950 mais l’aboutissement fut plus long que prévu, il fallut attendre 1965 pour que la France soit équipée d’un million de tracteurs. L’achat du tracteur n’était pas si simple. Dans cette époque de pénurie d’après-guerre, il fallait en effet un « BON «  délivré par le génie rural pour être autorisé à acheter un tracteur. Les coopératives d’utilisation du matériel agricole, appelés couramment les CUMA étaient toujours prioritaires. En 1948 ce fut le triomphe du tracteur et en même temps la disparition à la fois des animaux de traits et de la main d’œuvre paysanne.

 

Photo du fauchage à la main (collection personnelle)

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                             PAYSAN Fauchage.jpg

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LES ENGRAIS

 

Les fumures d’animaux recouvraient plus de 90 % des terres agricoles à l’époque de Louis XV. Evidemment, le petit paysan n’ayant pas d’animaux pouvait difficilement pratiquer la fumure. Il pouvait néanmoins amender la terre avec du sable, de la marne, de la tourbe, de la chaux, des coquillages, des algues etc… L’usage de la marne, mélange naturel d’argile et de calcaire était connu depuis le 13ème siècle.

 

 

LES CULTURES

 

Les céréales sont les cultures dominantes jusqu’à l’arrivée massive de la pomme de terre.

 

Le fabricant de lin

 

Le fabricant de lin autrement appelé « écoucheur » achète le lin sur fond (sur le champ), en fait lui-même la récolte, le fabrique avec sa famille pendant l’hiver pour le vendre ensuite. Son salaire ou plutôt son bénéfice est très varié et ne peut être évalué qu’approximativement puisqu’il dépend du prix de la matière première au moment où elle est achetée au cultivateur et du prix de vente après la fabrication. Ce genre d’industrie occupe la plus grande partie de la population ouvrière pendant près de la moitié de l’année, l’autre moitié est employée aux travaux agricoles. (source : Le 12 mai 1860, Statistique industrielle de la somme série M aux A.D. de la Somme.)

Concrètement, nous avons trouvé un acte de vente de lin situé sur une terre de la commune de TULLY, passé devant notaire en juillet 1852.Monsieur Edouard D’AULT propriétaire à ABBEVILLE d’une parcelle cultivée de lin vend sur pied à Théophile MATHON, ouvrier serrurier de BETHENCOURT SUR MER, 60 ares pour 200 Francs. Cette somme sera payée le jour de Noël 1852 à l’étude, tandis que Théophile MATHON aura vendu la graine avant ce terme.

 


La pomme de terre venue d’Amérique a été connue dès le début du 16ème siècle. Contrairement aux idées reçues, elle a vite été adoptée pour l’alimentation en Franche Comté. Mais par la suite, on l’a rejetée au rang d’aliment pour le bétail. Elle est revenue en force dans les champs surtout à partir de la fin du 18ème siècle, contribuant fortement à la lutte contre les disettes, et surtout contre la famine pendant la Révolution. Tout le mérite de PARMENTIER fut de faire mieux connaître ce légume. Comme la betterave, elle migra du jardin potager vers la culture en plein champ.

 

Antoine PARMENTIER

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                                                 PAYSANS Parmentier.png

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LES RENDEMENTS

 

A la veille de la guerre de 1914, les rendements étaient encore très faibles : 13,3 quintaux à l’hectare seulement, en moyenne pour la France. Pendant le conflit mondial, ils ont même chuté à 8,7 quintaux. Par la suite, la progression au niveau national et devenue impressionnante : 15,4 quintaux à l’hectare en 1930, 18 en 1950, 29 en 1960, 65 en 1984 et 72 en l’an 2000. Les meilleures terres produisent aujourd’hui plus de 100 quintaux à l’hectare. Quand on pense que nos ancêtres s’échinaient pour 5 malheureux quintaux !

 

 

LES TRAVAILLEURS AGRICOLES

 

Les exploitants les plus riches font appel à du personnel mais  la plupart des exploitations n’ont que 4 ou 5 domestiques : un berger, un ou deux valets charretiers, un valet de cour, une servante.

Le berger compte ses moutons, sépare du troupeau les bêtes malades et les brebis qui vont agneler, tient les appentis en bon état et toujours propres, élève de bons chiens pour la garde du troupeau.

 

Le valet de charrue sera chargé de labourer, de présider à la récolte, de faire fumer et charrier les engrais, faire essarter, épierrer la terre, la herser et la rouler. Il sait réparer le matériel, tient les écuries propres et s’occupe des chevaux.

 

La servante de cour s’occupe de la volaille des porcs et des vaches. Elle nettoie les poulaillers et les étables traie les vaches deux fois en hiver, trois l’été. Elle bat le beurre, confectionne les fromages.

 

Le personnel était presque toujours logé, nourri, blanchi. Certains domestiques étaient méprisés, utilisés comme de véritables esclaves tandis que d’autres étaient considérés avec humanité par la famille dont ils faisaient partie.

 

Avant le 16ème  siècle les domestiques étaient payés en nature : mesures de grains, tête de bétail, rendement d’une pièce de terre. Plus tard, les transactions en nature devinrent plus rares, les attributions en argent suivirent. Le » louage » moyennant espèces sonnantes et trébuchantes devenu presque général sous Louis XV. Il se réglait à la fin de l’année. Le berger occupait le premier rang dans la hiérarchie du personnel. Les gages du berger varient suivant le nombre de brebis qu’il a droit de joindre au troupeau.

 

 

LE DEUXIEME METIER DES AGRICULTEURS

 

Les femmes tissaient quelquefois et filaient toujours. Le gain de la fileuse est estimé à 3 sols ce qui était un minimum. Elles filaient le lin qu’on employait dans les fabriques : la renommée des fileuses picardes dépassait les frontières.

 

L’accroissement de la population au milieu du 18ème siècle tient à l’évolution de la culture qui augmentait la valeur des terres arables, par les défrichements mais aussi par le développement de l’industrie rurale. C’est en Picardie que l’alliance de l’élément agricole et de l’élément industriel fut portée, au 18ème siècle à un degré qui ne se rencontrait nulle part ailleurs. Cet esprit industrieux serait-il dû au contact des colonies flamandes que les troubles politiques de leur province avaient fait refluer vers la Picardie ? (au 16ème siècle particulièrement)

 

En 1740, 25.000 métiers battaient dans la généralité d’AMIENS l’essentiel d’entre eux se trouvait dans la campagne. De même, la serrurerie se développait dans le Vimeu, les paysans des environs d’ABBEVILLE, eux abandonnent le tissage de la laine à cause des ateliers des VAN ROBAIS avec lesquels ils ne peuvent pas lutter et se tournent vers la toile.

 

Dès 1754, on déplorait la baisse des fermages « parce que la plus saine partie de la population s’occupait du commerce des étoffes qui se fabriquaient à la campagne. »

Un journalier de la campagne gagne 12 à 15 sols par jour, un ouvrier de manufacture 15,20 ou 25 sols. Il est donc plus avantageux d’être fabricant que cultivateur.

 

Inexorablement, l’industrie se développe à la campagne. A SAINT VALERY SUR SOMME, l’importation du coton se développe. Vers 1760 les gentilhommes picards favorisent la filature de coton contrairement à certaines provinces où la répugnance pour les industries « qui enlèvent les bras à la terre » s’affirme nettement. A SAINT VALERY à cette époque, il y a 680 fileuses de coton. Celles-ci gagnent deux fois plus qu’à filer la laine ou le lin. Le niveau de vie des familles concernées s’améliore d’autant.

 

Aujourd’hui, l’histoire semble se reproduire car en raison des difficultés du métier certains agriculteurs se tournent vers une diversification pour augmenter leur revenu. L’activité des chambres d’hôtes en fut une dans les années 80. Aujourd’hui, certains commercialisent directement leurs produits, soit par une chaîne de boutiques, soit directement par internet afin d’éviter les intermédiaires toujours synonymes de prix bas à la vente.

 

Note du Webmestre : Un chapitre centré uniquement sur l’élevage viendra compléter ultérieurement cette rubrique.

 

 

 

 

Sources : La vie agricole dans le nord de la France : DE CALONNE

                Revue Nos Ancêtres vie et métiers N°5 Janv. Fev. 2004

Statistiques industrielles Série M aux A..D d'AMIENS

Notariat d'AULT aux A.D. D'AMIENS

 

 


Date de création : 11/11/2013 @ 18:03
Dernière modification : 17/12/2019 @ 18:24
Catégorie : Histoire locale 12
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