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Histoire locale 06 - LE RAMASSAGE DES GALETS

                                                                                    LE  RAMASSAGE DE GALETS

 

L’origine

 

La formation du galet trouve son origine à l’époque du crétacé : -137 à -65 millions d’années. A cette époque, la mer recouvre la majeure partie de la terre. Lorsque la mer commence à se retirer, elle laisse place à un sol composé de craie mais aussi de débris d’organismes, essentiellement des plantes fossilisées. Ce sont ces éléments qui sont à l’origine du galet.  Sur cette couche s’est additionnée une strate de silice présente dans les eaux de la mer, qui donnera le silex. C’est cette composition du sol qui se trouve dans les falaises. Les falaises sont nées de l’entrechoquement des plaques terrestres.

 

La formation du galet

 

La falaise est formée pour l’essentiel d’une alternance irrégulière de couches de craie et de silex. L’érosion de la falaise fait naître les galets. L’érosion est due au travail de sape de la mer d’une part, à l’infiltration des eaux de pluie d’autre part, qui fait éclater de grands pans de falaise en particulier à l’occasion des périodes de gel. Le travail de la mer fait disparaître la craie et le roulis des vagues donne une forme arrondie au galet. L’ensemble de ces galets va créer des bancs ou cordons de galets le long de la côte, du Cap d’Antifer à la Baie de Somme.

 

La couleur des galets

 

La couleur varie en fonction du pourcentage de ses différents composants. Ainsi le galet normand contiendrait environ 2 à 5 % de silice et le galet picard 5 à 10 % ce qui expliquerait la couleur bleue de certains galets dans la région de CAYEUX SUR MER.

 

Des noms pour le ramassage

 

Du cap d’Antifer à CAYEUX SUR MER les hommes vont ramasser le galet : LE HAVRE, ETRETAT, FECAMP, SAINT VALERY EN CAUX, DIEPPE, LE TREPORT etc…

Les ramasseurs de galets sont affublés de noms divers : galérien, corbeau des falaises, cailloutier, ramasseu…

 

Les outils et les techniques

 

Les techniques et les outils sont sensiblement les mêmes sur l’ensemble du territoire. Les ramasseurs utilisent des mandes ou mannes, sorte de panier en osier qu’ils remplissent de galets à la main. Ils choisissent essentiellement des galets blancs, gris ou bleus et de forme régulière. La mande est placée entre les genoux, les mains les mettent dans la manne. Une fois la manne remplie le ramasseur la hisse sur son épaule pour la vider ensuite dans le bât. Ces paniers représentent une charge d’environ 20 à 25 kg. Les bâts ou caisses sont placés sur des chevaux ou des mulets. Sur le dos du cheval est installée une sorte de couverture épaisse un sac rempli de paille appelé paillasson sur lequel repose la charge de galets. Les chevaux attendent le remplissage complet de leur charge avant de remonter la plage.

 

Carte postale de ramasseurs à Dieppe 

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                                                     GALETS-Ramasseurs.gif

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Arrivé à destination, le chargement est vidé sur un dépôt provisoire. Cet emplacement est loué à l’Etat par les ramasseurs de galets sous forme de concession. Le cheval pouvait porter jusqu’à 200 kg. Les chevaux effectuent entre 4 et 6 tours matin et après-midi, ils transportent ainsi des tonnes de galets par semaine.

Les chevaux sont équipés de fers arrondis afin que les cailloux ne les blessent pas. Il faut avoir une écurie et une certaine trésorerie pour entretenir les chevaux ou les mulets…

 

Lorsqu’il n’y a pas d’accès pour les animaux, on remonte le galet à dos d’homme ou de femme dans des hottes. Avec le temps les conditions d’accès s’améliorent, des monte- charges, des grues sont installés. Des lignes de chemin de fer sont aménagées à partir de la fin de XIXème siècle. C’est le cas à CAYEUX SUR MER.

 

Le triage et le conditionnement

 

Les galets sont ramassés à marée basse et remontés à marée haute. Le triage s’effectue soit sur une table ou un banc de calibrage, soit à l’œil. Les gros galets sont surtout utilisés comme remblai pour les routes. Les autres galets sont conditionnés dans des sacs de jute de 50 kgs.

 

Carte postale du triage de galets à St valery sur somme

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                                              GALETS Triage St Valery.gif

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Le transport

 

Les galets traités sont ensuite transportés une ou plusieurs fois par semaine vers les bateaux, les trains. Le galet est véhiculé au 19ème siècle par une charrette tirée par des chevaux. Au HOURDEL, par exemple, les galets sont transportés par des bateaux à fonds plats ou barge pour se diriger vers le port de SAINT VALERY SUR SOMME. Au TREPORT, le galet part sur des bateaux à vapeur.

Au 20ème siècle, les camions remplacent les chevaux et les charrettes.

 

Carte postale des bateaux au Hourdel

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                                                GALETS Le hourdel.jpg

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Les ramasseurs

 

Ils ont des statuts différents. Pour certains, c’est une activité annuelle, pour d’autres un complément. Certains pêcheurs, en dehors des campagnes de pêche vont ainsi augmenter leurs revenus par cette activité. Cette dernière fait appel également aux plus malheureux comme certaines familles qui vivent dans les grottes des falaises.

La rémunération se fait en fonction du poids récolté, soit à la tâche. Plus la bille de galet est ronde et petite, plus elle a de valeur.

 

Les vendeurs de galets

 

Une fois le galet ramassé, il est souvent vendu à des intermédiaires qui se chargent de trouver des clients pour cette marchandise. Ils réalisent souvent des contrats à l’exportation : Allemagne, Hollande Japon, Amérique du Sud.

 

 

La réglementation

 

A la collecte anarchique et sauvage du galet, l’Etat va intervenir de différentes manières au cours du 19ème et 20ème siècle. Des concessions sont attribuées à des entreprises ou des ramasseurs de galets sur les plages et des baux signés. Des lots sont attribués annuellement par la préfecture. Le ramasseur doit être muni de sa carte délivrée par la préfecture. Si le ramassage est parfois gratuit, l’Etat s’interroge sur le manque à gagner de ce prélèvement sur le domaine public : la valeur marchande de ces galets est importante. Expédiés en Angleterre et en Amérique ils y sont vendus fort chers. Il est logique que le Trésor profite de cette situation : ces matériaux provenant du domaine public maritime. Ainsi, en 1909, l’Etat rédige un règlement sur le ramassage des galets. Les ingénieurs s’interrogent sur les conséquences de ce prélèvement sur l’environnement. La mécanisation de plus en plus performante du ramassage et l’augmentation ainsi des prélèvements conduisent l’Etat à interdire dans les années 70 le ramassage du galet sur les côtes sauf autorisation particulière octroyées à certaines entreprises comme à CAYEUX SUR MER avec un cahier des charges très précis.

 

Celui-ci est largement mis en cause dans la fragilité des digues naturelles façonnées par la mer qui apporte quotidiennement son amas de galets en provenance des falaises normandes (voir notre article sur les Bas Champs).

Dans un autre article du journal BRESLE et VIMEU de 1924 l'auteur dénonce l'exploitation intensive des galets de CAYEUX.

 

« Les conditions d’existence des Bas-Champs sont intimement liées à ces levées de galets, à ce point que leur disparition entraînerait celle de ses villes côtières et la transformation de ses champs cultivés en marais salants. Une demande pressante d’intervention de l’Etat  pour enrayer la cause qui détermine l’affaiblissement de ces levées a été faite. Cette cause réside tout entière dans l’exploitation intensive du galet de cette côte. Non seulement on en extrait tous les ans, de grandes quantités, en vue de leur utilisation comme matériaux de construction, d’empierrement pour les routes et de lest pour bateaux à voile, mais, tous les ans, leur exportation dans les pays d’Outre-Manche comme « galet céramique » pour la fabrication de la porcelaine et du flint-glass se chiffre par des milliers de tonnes.

Avant la guerre (14-18) elle atteignait annuellement  9.900 tonnes tandis que leur soutirage, pour l’emploi dans l’intérieur et le lest des bateaux, dépassait 26.000 tonnes, soit au total un déficit annuel pour ces levées, de 125.000 tonnes. Or, ce prélèvement, qui n’a fait que s’accentuer, représente, pour l’ensemble, une perte énorme et des plus dangereuses ; car n’étant pas compensée par les apports annuels de galets, qui ne sont guère évalués à plus de 100.000 tonnes par an, on peut déjà constater qu’à ce déficit est due l’impuissance des digues littorales ainsi amincies, à résister au choc des vagues.

D’où le recul de cette côte, qui se fait, surtout depuis ONIVAL jusqu’à CAYEUX, avec une rapidité inquiétante et la menace pour ces deux villes d’une destruction, sinon prochaine, au moins certaine, si rien n’est changé dans cet affaiblissement de leurs moyens de défense. Aussi, est-il désirable que l’Etat, au lieu de persister à percevoir des droits de location du « ramassage des galets » dans cette exploitation, rendue ainsi officielle, la réglemente sévèrement, avec interdiction d’exportation. »

 

Extractions

 

Au début du 20ème siècle des extractions de galets sont autorisées ponctuellement par le Préfet.

Ainsi le 5 mars 1900 le Préfet autorise BELPAUME Emile, entrepreneur à AULT s’extraire en 1900 20 m3 de graviers et 40 m3 de galets à AULT. Moyennant 30 Francs. L’acte est enregistré par l’Administration Fiscale.


 

La situation actuelle

 

Il faut faire le constat que cette dernière interdiction n’a jamais été appliquée par l’Etat. Une des plus importantes société d’extraction de galets s’appelle la Société SILMER et elle est implantée à CAYEUX SUR MER  

La Société exporte dans  le monde entier et le journaliste précité de BRESLE et VIMEU n’a pas été entendu.

La société SILMER succède à l’usine de silice fondée en 1928 par Monsieur SANSON. Elle est spécialisée dans la calcination du galet. Le galet calciné à 1500 °C se transforme en silice cristobalite très blanche. Le premier site d’extraction se situe sur le domaine maritime et extraie environ 30.000 tonnes par an. Les galets de silex bleus y sont très purs en silice. Après une calcination de ces galets à 1600 °C, on obtient de la silice cristobalite très blanche. Ce produit est utilisé pour fabriquer les revêtements de façade,  les peintures routières, les matériaux composites les sols industriels, la céramique…

 

Photo exposition ancienne sur le ramassage des galets au Musée de ST VALERY EN CAUX

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                                        GALETS Silmer.jpg

 

 

 

L’entreprise peut prélever des tonnes de galets par an mais doit remblayer autant pour éviter le déficit tant redouté et les inondations comparables à celles de 1990. (voir notre article sur les Bas Champs).

 

Sources : Exposition ancienne au Musée de St Valéry en caux

Le grand barrement Jean ESTIENNE Bulletin de la  Société d'Archéologie   du VIMEU 1994.

Ch VELAIN : Professeur honoraire de Géographie Physique à la Sorbonne dans :

BRESLE ET VIMEU 1924 1925

Fonds de l'enregistrement (série Q) aux A..D d'AMIENS

 

 


Date de création : 11/11/2014 @ 19:23
Dernière modification : 10/06/2022 @ 18:36
Catégorie : Histoire locale 06
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