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HISTOIRE DE FRIVILLE ESCARBOTIN 1800-1851

 

 

                               HISTOIRE DE FRIVILLE ESCARBOTIN (SUITE)

 

LE CHATEAU MONTMIGNON D’ESCARBOTIN

 

Le château actuel  est en partie mutilé. Il comprend aujourd’hui un corps de logis tronqué accolé à un pavillon quadrangulaire  flanqué d’une tourelle ronde. L’ensemble remonte peut être au 16ème siècle car construit en brique et pierre. Il serait antérieur à celui de FRIVILLE.

On peut penser que c’est Françoise d’AILLY et son époux Etienne de ROUSSE (voir plus haut l’histoire de la seigneurie) qui fit construire le château. 

 

 

Dessin de DUTHOIT vers 1869 (voir notre page liens « collection Macqueron  en ligne »)

 

                        ESCARBOTIN Chateau 1864.png

 

 

 

 

Celui-ci resta occupé par la famille de MONTMIGNON, seigneurs d’ESCARBOTIN jusqu’à la Révolution Française. Le dernier héritier Anne Michel Jean Baptiste de MONTMIGNON habitera  AMIENS. Durant le règne de Napoléon 1er, la fabrication de cylindres cannelés prendra un essor considérable dans le Vimeu dont les précurseurs sont les RIVERY d’AMIENS. (voir notre article sur les serruriers au 19ème siècle). Ils s’installeront dans le château d’ESCARBOTIN qui offrait beaucoup d’espace en 1803.

Mais en 1808, Anne Michel de MONTMIGNON reloue le château aux frères MAQUENNEHEN aux conditions ci-dessous mentionnées par acte notarié en date du 14 février 1808 :

 

Pardevant Louis François Gabriel PIEFFORT notaire impérial à la résidence du Bourg d’AULT département de la Somme en présence de témoins

Fut présent Monsieur Anne Michel Jean Baptiste MONTMIGNON propriétaire demeurant à AMIENS rue ST Jacques.

Lequel a donné à titre de bail à loyer pour le temps et espace de 6 ou 9 années complètes et consécutives qui commenceront au 15 mars 1809 et finiront à  pareille jour de la dernière desdites 6 ou 9 années.

Et au profit de Marie Anne VAREMBAULT, veuve de Jean François MAQUENNEHEN, Barnabé, Claude Armand, Elloy Vulfranc et François Manasse MAQUENNEHEN tous 4 enfants serruriers demeurant ensemble au village d’ESCARBOTIN commune de FRIVILLE acceptant pour eux tous.

 

Une maison avec les bâtiments, dépendances, cour, jardin et plant, le tout formant un seul enclos appartenant audit sieur MONTMIGNON situé audit ESCARBOTIN. Occupée maintenant par Louis et Casimir RIVERY père et fils qui a été affermée par ledit sieur MONTMIGNON par bail passé par Me CHEVALIER et son collègue à AMIENS le 1er floréal an 11.(21 avril 1803)

 

Le présent bail fait moyennant 1.200 Francs de loyer. Ils s’obligent

1° A payer toutes les impositions foncières et mobilières, portes et fenêtres, corvées, centimes additionnelles.

2° D’entretenir ladite maison. Couverture en ardoise, en tuiles et en paille.

3° De bien cultiver et amender le jardin en terres convenables, de faire faire par un jardinier à ce connaissant la taille de tous les arbres fruitiers et vignes tant en espalier qu’en contre espalier

4° De bien cultiver et amender également les plants d’arbres fruitiers et de faire fouir et amender le pied des arbres comme il est d’usage dans le pays.  

5° De tenir le jardin et plant en bon état de clôture à peine d’être responsable de délits qui seraient commis dans lesdits jardins et plants.

 

Ledit bail est encore fait aux charges et conditions suivantes :

1° d’habiter par eux-mêmes ladite maison et toujours sans discontinuer, de la garnir de meubles suffisants, de tenir tous les appartements composant tout le corps de logis en bon état de propreté, d’empêcher qu’il y soit fait ou causé aucune dégradation ni détérioration. 

2° de ne pouvoir employer aucun des appartements du corps de logis à l’usage de magasin de quelqu’espèce que ce soit, sauf la cuisine, le fournil et les petites chambres situées vis-à-vis ladite cuisine.

3° De souffrir que le bailleur ou ses gens d’affaires occupent momentanément lorsqu’ils iront à ESCARBOTIN la grande chambre au-dessus du salon et le cabinet en dépendant sans que pour raison de ladite occupation momentanée, les preneurs puissent prétendre à une diminution de leur loyer.

4° De ne pouvoir mettre en labour les plants qui sont à usage d’herbe sinon la partie qui est actuellement du côté du bois.

Les bâtiments de l’ancienne ferme depuis la porte de communication de la cour au cimetière…seront démolis par le bailleur.

 

Fait et passé à BELLOY en la maison de Madame Veuve MONTMIGNON le 14 février 1808 pardevant ledit notaire

 

 

Ce document nous apprend donc qu’il existait une ferme attenante au château dont l’état ne permettait plus une occupation puisque les frères MAQUENNEHEN s’obligent à la détruire.

En février 1815, Anne Michel Jean Baptiste de MONTMIGNON décède à son tour à AMIENS à l’âge de 34 ans. Sa veuve prend en charge la tutelle de leur fille Marie Anne Clémence, âgée de 12 ans environ.

 

Le 24 avril 1824 Marie Anne Clémence épouse Hugues Gabriel Louis GUYARD DE CHANGEY et Madame DUPUGET-MONTMIGNON, veuve de Anne Michel Jean Baptiste, qui a épousé en seconde noces en 1820 Jean Louis PAPIN DE KERFILLY s’empresse de vendre l’ensemble du mobilier présent dans le château d’ESCARBOTIN qu’elle n’habitait plus puisqu’elle résidait à PARIS.

 

Dès le 10 mai 1824 Madame Marie Anne Clémence de MONTMIGNON épouse DE CHANGEY vend aux enchères la terre et le château d’ESCARBOTIN dont elle hérite de son père.

 

L’ensemble des biens à ESCARBOTIN consiste en un château de bâtiment construit sur une superficie de 12 ha, enclos dont 5 ha en bois taillis,  environ 5 ha en herbager et plantation d’arbres à fruits, le reste en construction, parc, cour et jardin.

A BOURSEVILLE, WOIGNARUE, BEAUMER et VAUDRICOURT, 13 pièces de terre contenant ensemble 8 ha environ

A ESCARBOTIN, 24 ha de terre à labour

A BELLOY, un herbage et plantations d’arbres à fruits d’environ 30 ares

A ESCARBOTIN, un moulin à vent faisant farine, maison de meunier, bâtiments et cour, jardin, pâture et 81 ares de terres attachées à la location de ce moulin.

 

Lors de cette vente, quelques pièces de terre situées à ESCARBOTIN ont été vendues mais le château n’a pas trouvé preneur, ni les autres pièces de terre situées en dehors de la commune. 

 

 

Le 26 août 1824, Madame DUPUGET, veuve MONTMIGNON, vend à l’encan tout le contenu du mobilier du château hormis les objets de valeur, car comme le voit plus bas seuls les objets courants ont fait l’objet de cette vente.

 

Il s’agit bien du mobilier présent dans les pièces de vie du château. On y trouve :

3 tables, 1 table à jouer, 9 fauteuils, 1 dormeuse et 2 fauteuils en rotin,

2 encoignures, 1 basset (meuble bas) 1 bibliothèque et 1 armoire, 2 bergères.

1 bois de lit, 2 matelas, 1 lit de plume et 1 traversin ,1 paravent et 2 bidets.

Parmi les bibelots : 1 pot et sa cuvette, 3 cafetières, 1 huillier, 2 lampes, 1 baromètre, 2 compotiers en verre, 2 tableaux, 1 jeu de loto

Quelques pièces de vêtements : 1 chapeau, 3 gilets, 2 ombrelles.

 

Le reste garnissait la cuisine ou les celliers. A noter que de nombreux objets étaient gardés issus de réparation ou en prévision d’autres travaux : des portes, des croisées, des persiennes, chassis, du bois de charpente, des soliveaux.

Des objets en vente servaient également au jardinage voire à la culture de céréales.

 

L’ensemble de la vente rapporta 318 Francs.

 

Le château sera finalement vendu en 1826 par Madame de CHANGEY aux locataires de celui-ci. C’est ainsi qu’un groupement de serruriers – dont les frères MAQUENNEHEN – rachètera ce bien : on dirait aujourd’hui qu’il s’agissait d’une « pépinière d’entreprises ».

 

Plan cadastral d’ESCARBOTIN en 1826 :

 

                                   ESCARBOTIN Plan cadastral 1826.png 

 

 

                                                          

Le 30 mars 1826, est actée la vente de M. et Mme de CHANGEY aux principaux habitants d’ESCARBOTIN

Devant Achille Gratien HENNEVEU, notaire à la résidence du Bourg d’AULT, arrondissement d’ABBEVILLE,

Sont comparus Monsieur Hugues Gabriel Louis GUYARD DE CHANGEY, propriétaire, demeurant à CHANGEY, canton de NUITS (SAINT GEORGES)   département de la côte d’Or, Madame Marie Anne Clémence de MONTMIGNON, son épouse, de lui autorisée, ce jour au château de BELLOY commune de FRIVILLE.

Lesquels déclarant vendre par présente sous l’obligation solidaire de garantie les acquéreurs ci-après nommés,

 

-        Pierre DELABIE, Maître serrurier

-        Pierre BRIET, marchand serrurier

-        Jean Baptiste Hubert BOUTTE, maître serrurier

-        Jean Baptiste POSTEL, marchand serrurier

-        Jean François Gontrand ACOULON, maître serrurier

-        Jacques François BOUTTE, cultivateur

-        Charles Antoine MAILLEUX, serrurier

-        Louis, Claude, Armand MACQUENNEHEN, fabricant de cylindres.

-        Désiré GAUTHIER, marchand de serrures

 

Tous demeurant à ESCARBOTIN, commune de FRIVILLE auparavant en communauté, tant pour eux que pour François Manasses MACQUENNEHEN, Eloi François Vulfrand MACQUENNEHEN et Jacques MACQUENNEHEN desquels ils ont pouvoir avec réserve de partage ou licitation  ultérieure.

 

(hormis)La basse-cour du château d’ESCARBOTIN tenant au cimetière, ensemble le petit jardin au bout situé entre la mare et le mur du cimetière, étant d’une superficie de 10 ares, 80 centiares (20 vergers) tout le reste de la propriété (sera) réservé aux vendeurs, la part vendue sera à prendre dans la limite suivante : la ligne de division partira d’un peuplier cassé qui est de l’autre côté de la mare pour arriver au pilier de la porte de la basse- cour donnant sur le petit plant, coté du midi, laissant la grand porte dans la moitié vendue. La ligne se prolongera ensuite à la hauteur de l’angle du mur du clos appartenant à Monsieur BRIET, excédant d’environ 2 mètres le pilier qui se trouve dans la partie du plant.La partie vendue tiendra d’un côté au cimetière et Monsieur BRIET, d’autre côté à la cour du château, d’un bout au petit plant, d’autre bout à la rue.

 

Elle appartient à Madame de CHANGEY de son chef, de la succession de Monsieur Michel Jean Baptiste DE MONTMIGNON son père décédé l’an 1815 dont elle est seule héritière lequel l’avait recueilli comme héritier de Monsieur Jean Baptiste DE MONTMIGNON, son père, selon qu’il est énoncé en un acte passé devant notaire à AULT le 19 août 1801. 

 

Pour jouir, faire et disposer par les acquéreurs cy dessus nommés des choses vendues à leur profit en toute propriété à compter de ce jour…

Cette vente est faite et acceptée moyennant la somme de 4.200 F, argent du royaume aujourd’hui en circulation, cette somme sera payée par les acquéreurs ainsi qu’ils s’y obligent solidairement audit  domicile à ESCARBOTIN de Monsieur BRIET en 2 termes, le premier de 2.200 Francs le 31 août prochain et le second terme le 31 mars 1827, l’intérêt sera ajouté à chaque payment  au taux de 5% par année, sans retenue.

Clause particulière : Etant toutefois entendu et expliqué que les acquéreurs seront tenus à rétablir la grille et le mur mitoyen à leur frais que dans la partie en vis-à-vis de laquelle elle existe à savoir depuis la mare jusqu’à la barrière qui est entre la cour et la basse- cour du château qu’ils sont tenus de remplacer.

 

Monsieur et Madame de CHANGEY font ici la déclaration que leur contrat de mariage est passé sous le régime de la communauté.

Fait et passé au château de BELLOY devant ledit notaire l’an 1826, le 30 mars, les contractants ont signé avec les témoins et nous notaire après lecture.

 

Au début du 20ème siècle le château a été transformé en école. Cela dura au moins jusqu’à la dernière guerre. Aujourd’hui il est le siège de l’Office de Tourisme.

 

Carte postale du château MONTMIGNON à l’époque de « l’ Ecole de FILLES »

 

                                                              ESCARBOTIN Chateau ecole.jpg

 

 

Dans l’annuaire de la Somme de 1827 on lit :

 

FRIVILLE : Cylindres cannelés : BOUTTE François, GAUTHIER, MAQUENNEHEN Armand, Jacques, Manasses, Vulfranc,CARON A, WARNIER P, WARNIER veuve

 

ESCARBOTIN : serrures : BOUTTE F, BOUTTE Hubert, DEPOILLY, GAUTHIER Joseph, GAUTHIER Laurent,MAQUENNEHEN Armand, Jacques, Manasses, Vulfranc, POSTELSACEPEEWARNIER J.B., WARNIER P.

OLIVE rue de la Tixeranderie

 

 

 

ANALYSE DU RECENSEMENT DE FRIVILLE EN 1836

 

 

Les personnages importants du village

 

Le Maire n'est pas nommé

 

Il y a 2 curés (un par paroisse) : DEFER Joseph, 25 ans

                                                CUVELLIER Cyprien 34 ans

 

Le chirurgien se nomme : TESTU Auguste, il a 39 ans

 

Les instituteurs : DEPOILLY Louis, 70 ans

                          OUIN François, 46 ans

                          GAGE Zéphir, 27 ans

 

Il y a 5 meuniers : COUILLET François, 40 ans

                            LOTTIN François, 53 ans

                            LOTTIN Alexis, 22 ans

                            GOSSET Jean Baptiste, 44 ans 

                            GOSSET Jean Baptiste, 18 ans

 

Répartition de la population :

 

Le nombre d'hommes de + de 21 ans est de : 432

Le nombre de femmes de + de 21 ans est de : 464

Le nombre d'enfants de – de 21 ans est de : 607

La population totale de la commune est de 1503 habitants alors qu’en 1792 elle était de 1284 habitants (Friville-Escarbotin-Belloy).

 

L'âge moyen de la population est de 30 ans environ

 

Il y a un peu plus de 4 personnes par foyers qui sont au nombre de 356

 

64 femmes sont chefs de ménage

 

Le plus vieil habitant, c'est FORATIER Joseph, 82 ans

 

La plus vieille habitante, c'est CAHON Françoise, 84 ans

 

La plus jeune : ANQUIER Marcelline, a 3 semaines

 

Métiers

 

Les propriétaires sont au nombre de 3 et les rentiers 5

 

Secteur agricole : 78 personnes, soit 7 % de la population active

 

Les cultivateurs sont au nombre de 59 et les manouvriers 16.

Il y a de plus, 3 bergers.

 

Secteur artisanal : 899 personnes, soit 81 % de la population active

 

Les artisans du bâtiment sont peu nombreux : 14

Il y a 4 charpentiers, 4 briquetiers, 4 menuisiers également, 1 seul couvreur et 1 vitrier.

 

Ce sont de loin les métiers liés au tissage et filage qui sont les plus représentés. Ainsi il y a 19 tisserands, 2 teinturiers et 500 fileuses !

 

Les métiers qui travaillent les métaux ne sont pas en reste. 266 serruriers et 83 « mécaniciens » (1)

A eux seuls, ils représentent 31 % de la population active.

On compte aussi 4 forgerons, 4 charrons, 3 maréchaux ferrant, 1 tourneur et 1 taillandier.

 

A ces catégories il faut ajouter 2 tonneliers.

 

 

(1)  le serrurier mécanicien est celui qui s'occupe de la fabrication des pièces de mécanique et exécute les machines d'après les plans de l'inventeur. Ce sont des serruriers de précision.

 

Secteur commerçant : 58 personnes, soit 5 % de la population active.

 

Les métiers de bouche représentent 7 personnes :

1 boulanger

3 bouchers

3 cafetiers

 

Les métiers de l'habillement occupent 30 personnes

12 tailleurs

3 couturières

6 cordonniers

9 lingères

 

21 autres « marchands » sont répertoriés sans aucune autre précision.

 

Les personnes peu qualifiées sont au nombre de 63, soit 5,5 % de la population active

 

Ce sont essentiellement, des domestiques, jardiniers, cuisiniers.

 

Les fonctionnaires sont 5

 

3 instituteurs

1 douanier

1 percepteur

 

Les indépendants représentent 7 personnes

1 chirurgien

5 meuniers

1 messager

 

Les femmes actives représentent 87 % de la population féminine totale. Elles sont pratiquement toutes fileuses.

 

Parmi les plus jeunes enfants au travail,on distingue nettement les deux sexes.

Les petites filles sont essentiellement fileuses et ce, dès 11 ans ; à 12 ans, on en répertorie une quinzaine.

Les garçons travaillent plus tard mais leurs métiers sont plus qualifiés.

On note 1 serrurier de 11 ans, 2 de 12, 5 de 13ans

2 mécaniciens (voir plus haut la définition de ce métier) ont 12 ans et autant en ont 13.

1 tailleur exerce son métier à 12 ans.

 

 

SYNTHESE

 

La structure de la population est à nouveau différente de celle des autres villages du Vimeu étudiés.

C'est un village très important par le nombre de ses habitants.

La population agricole est nettement moindre que celle de tous les autres villages. Il semble que la surface de la commune alliée à un nombre d'habitants conséquent n'ait pas permis le développement d'un secteur agricole, qui puisse nourrir ses acteurs.

La population s'est donc orientée vers un secteur artisanal  qui compense ce manque d'agriculteurs puisque plus de 80 % de la population active s'adonne à ces activités artisanales. L'essentiel étant constitué par les femmes qui sont obligées de trouver un revenu d'appoint dans le filage.

 

 

HISTOIRE DE LA SOCIETE CHUCHU DECAYEUX

 

 

LES PROPRIETAIRES

 

Le fondateur de la société s’appelait Pierre Alexandre DECAYEUX. Marié à Julie LOTTIN  il est cultivateur au moins jusqu’en 1851, date du recensement de la commune de FRIVILLE ESCARBOTIN. Julie LOTTIN, fille de Jean François LOTTIN, meunier, est lors de son mariage, « propriétaire » c’est donc une famille aisée qui voit ainsi le jour. A la date de son décès en 1859 – il a 41 ans seulement-  Pierre Alexandre DECAYEUX est fondeur en cuivre. Nous ne savons pas quand il change de profession ni s’il a repris l’activité d’un autre fondeur.

 

Son fils âgé au décès de son père de 13 ans seulement – il est né en novembre 1846 - s’appelait Alexandre Edmond DECAYEUX. Sa mère continue l’activité probablement durant quelques années. Il épouse  en septembre 1871 Céline DELABIE. Cette dernière est la fille de Louis Adolphe DELABIE fondeur en cuivre. Il est associé avec son frère Louis François sous le nom « DELABIE Frères ». Après le mariage de sa fille Céline, Louis Adolphe DELABIE se retire des affaires. Sur le recensement de 1872 Edmond DECAYEUX habite rue neuve à ESCARBOTIN et a déjà un commis en fonderie.

 

Le couple aura un seul fils Alexandre Gaston DECAYEUX né en septembre 1873. Il décède quelques semaines plus tard.

Alexandre Edmond DECAYEUX, meurt le 18 octobre 1894 à l’âge de 47 ans. Il laisse trois filles : Jeanne, Irène et Alice.

 

La raison sociale de la société devient alors  Société « Madame Vve DECAYEUX Fils. » Puis Berthe Irène DECAYEUX ayant épousé en seconde noces Louis TIRARD originaire d’AULT, la société devint la propriété des deux associés : Louis TIRARD et CélineDELABIE-DECAYEUX.

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Objet publicitaire (Collection personnelle)

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En 1904, une autre fille : Jeanne DECAYEUX épouse André CHUCHU, lieutenant d’artillerie originaire de la Marne et polytechnicien. Avant son mariage, il travailla à la mise au point du canon de 75 qui fut utilisé pendant la première guerre mondiale.

A partir de 1907, la société prend le nom de  « TIRARD et CHUCHU », Céline DELABIE-DECAYEUX s'étant retirée.

 

Après la guerre de 14-18, André CHUCHU désintéressa son beau- frère, Louis TIRARD et reprend seul la Société qui devient la Société « CHUCHU DECAYEUX. »

Louis TIRARD décèdera en 1928 laissant cependant un fils Jean TIRARD qui épouse en 1928, quelques semaines après le décès de son père, Geneviève BISSON DE LA ROQUE et alla s’établir à BOURSEVILLE,

 

En 1930, la société CHUCHU DECAYEUX s’est constituée en S.A.R.L d’abord au capital de 2.470.000 Francs, puis, en décembre 1956, celui-ci s'élève à 48.000.000 de Francs.

 

En 1958, Monsieur André CHUCHU prend sa retraite et son fils Jacques le remplace à la tête de la société. Jacques CHUCHU était né en 1905, diplômé de Centrale et licencié en droit.

En 1965, la société atteint le milliard de Francs de chiffre d’affaires et occupe environ 100 personnes.

 

En 1970, Monsieur Jacques CHUCHU-DECAYEUX, désireux d’assurer la pérennité de l’usine, vendit la société à la SociétéBRICARD et Monsieur Alfred  BRICARD en devient PDG.

En 1983, elle occupe 155 salariés.

 

Actuellement, la société est la propriété de la famille  BERLY DE BUIGNE, apparentée à la famille BRICARD et a déménagé àWOINCOURT, rue du chevalier de la Barre en 1998.

 

Ci-dessous en tête d’un catalogue de la Société

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                                                         FRIVILLECatalogue CHUCHU.jpg

 

                                       

 

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LA FABRICATION

 

Edmond DECAYEUX reprit la fabrication de son beau- père qui était constituée d’articles de quincaillerie domestique en profils de laiton, mais surtout se tourna vers la serrurerie, le tout était en laiton fondu au sable. La fabrication de serrures dura jusqu’à la guerre de 1940 puisque la société a fourni toutes les serrures du paquebot NORMANDIE. Le logo de la société est E.D.F  (Edmond DECAYEUX Fils.)

 

En même temps, la société évolue vers la robinetterie. A cette époque il s’agissait uniquement de robinets- quart- de- tour à clé aussi bien pour l’eau que pour le gaz.

 

Devant la multiplication des machines, on installera au milieu de l’usine une machine à vapeur qui fournira l’énergie à tous les postes de travail. Territorialement, l’usine se limitait à un seul bâtiment situé à proximité du logement personnel de la direction, devenu ensuite bureaux. L’usine s’agrandit par acquisitions successives pour constituer les ateliers de décolletage, et de matriçage ainsi que l’extension de l’atelier d’usinage.

 

La production évolue : on s’éloigne de la quincaillerie de bâtiment et de la serrurerie pour développer la robinetterie eau et gaz. La fonderie en coquille remplace de plus en plus la fonderie au sable.

 

Après la dernière guerre où l’usine contribue à l’effort d’armement, l’essor se poursuit. Le parc de machines- outils se développe. 

 La clientèle s’agrandit constituée uniquement de grossistes et de quelques administrations surtout le Gaz de France qui avait des pièces spécifiques à chaque région avant que ne se fasse la centralisation des matériels.

 

Le développement des affaires avec  Gaz de France amène l’extension de la clientèle à l’Algérie, qui perdure après l’indépendance sous le sigle « SONELGAZ »Ces marchés, copiés sur ceux de Gaz de France prirent une grande importance dans le chiffre d’affaires de la Société.

 

 

FUNESTE ANNEE 1847

 

En 1846-47, la crise économique en Europe est due aux mauvaises récoltes de céréales et aggravée par une crise financière et industrielle.  En France, les mauvaises récoltes de céréales sont causées par la sécheresse du printemps et de l’été 1846, aggravée par le mildiou de la pomme de terre, les crues catastrophiques de la Loire et du Rhône à l’automne. Le prix du blé double, l’exportation massive de blé russe déséquilibre la balance commerciale et le budget. Au niveau industriel, 800.000 ouvriers des chantiers de construction ferroviaire ou des entreprises métallurgiques sont au chômage à la fin de 1847. (source Wikipédia).

 

Les deux actes notariés ci-dessous témoignent de cette grave situation économique aussi dans notre Vimeu. 

 

 

 

Les fondeurs de cuivre EGLET et ANQUIER à NOIRVILLE

 

Dès le milieu du 19ème siècle, des fondeurs de cuivre s’installent dans les principales communes du VIMEU.

C’est ainsi que le 18 décembre 1845, par acte sous seing privé 2 cousins : Louis Amand EGLET, 36 ans et Joseph Edouard ANQUIER, 27ans créent une fonderie de cuivre pour articles de serrurerie sise à  NOIRVILLE.

 

Louis Amand EGLET n’avait pas de profession précise en 1836, car lors du recensement de FRIVILLE, il est déclaré « rentier » chez son père cultivateur. Joseph Edouard ANQUIER originaire d’ACHEUX EN VIMEU n’est pas domicilié à FRIVILLE jusqu’en 1845.

 

Hélas les affaires sont probablement moins bonnes qu’espéré car devant le notaire DESMONS de FRIAUCOURT, les deux associés dissolvent la Société le 15 janvier 1847, soit un an après.

Louis Amand EGLET récupère 4.000 Francs de dédommagement de Joseph Edouard ANQUIER qui continue l’activité.

Louis Amand EGLET redevient cultivateur (recensement de FRIVILLE en 1851), se marie et a des enfants. En 1858 il est « marchand de lin ».

 

Du côté de Joseph Edouard ANQUIER les choses n’ont pas dû s’arranger car lors du recensement de 1851 à FRIVILLE, il est devenu cultivateur, puis lors de son mariage en 1855, il est sans emploi. C’est ce qui a sans doute valu l’opposition du père de la mariée au mariage projeté.

L’opposition ayant été surmontée (la mariée était largement majeure), le mariage a pu être célébré mais les époux se sont exilés à PARIS. Joseph Edouard y décèdera 4 ans plus tard en 1859. Nous ne savons pas quel métier il exerçait.

 

Il apparaît donc que la profession de fondeur par ces temps difficiles ( le moment était particulièrement mal choisi) n’était pas à la portée de tous ceux qui pouvaient investir sans avoir pour autant de « culture » industrielle soit familiale, soit par apprentissage. 

         

 

L’acte notarié suivant témoigne des mêmes difficultés économiques dans l’industrie de la serrure.

 

Le prêt notarié des époux BOUTTE

 

Charles Antoine Hubert BOUTTE est né le 2 avril 1797 à FRIVILLE ESCARBOTIN. Il se marie au TRANSLAY en 1823 et sa profession est alors « marchand serrurier ».

Il a 5 enfants, tous nés à FRIVILLE ESCARBOTIN. Lors de la naissance de son dernier fils en 1838 il est toujours marchand de serrures.

 

Nous avons retrouvé dans le notariat de FRIAUCOURT un acte des époux BOUTTE qui empruntent le 28 mai 1847 la modique somme de 18.000 Francs aux époux DANZEL DANVILLE/LE BLOND DU PLOUY, châtelains d’AIGNEVILLE. Le prêt est consenti pour 10 ans, sans possibilité de remboursement par anticipation  au taux de 4% d’intérêts payables chaque année.

 

En garantie, les époux BOUTTE donnent leur maison d’ESCARBOTIN, et environ 7 à 8 ha de terres à labour situées à NIBAS, BUSMENARD et BOUILLANCOURT EN SERY.

 

Ce n’est qu’en prenant connaissance de l’acte de décès de Charles Antoine Hubert BOUTTE que l’on comprend la destination de cette somme de 18.000 Francs.

 

En effet, dans son acte de décès à ABBEVILLE le 18 février 1864, soit 17 ans après la conclusion de l’acte notarié, il est devenu « marchand brasseur » rue Babos. Il a associé également son dernier fils à son activité.

 

Il faut bien se rendre à l’évidence que la situation économique dans le Vimeu était à ce point catastrophique que les acteurs travaillant dans la serrurerie se reconvertissent.

 

 

 

ANALYSE DU RECENSEMENT DE FRIVILLE EN 1851

 
 
Les personnages importants du village
 
Le maire n’est toujours pas nommé
 
Il y a 2 curés (un par paroisse) : DEFER Joseph, 40 ans
                                                CUVILLIER Cyprien, 48 ans
 
Le chirurgien s’appelle : TESTU Augustin, il a 54 ans
 
Les instituteurs : DAMERVAL Stanislas, 32 ans
                         OUIN Eugène Benjamin, 20 ans 
 
Le garde champêtre, c’est HURTEL Etienne, 68 ans
 
Il y a 6 meuniers : GOSSET Jean Baptiste, 59 ans
                           GOSSET Jean Baptiste, 32 ans
                           LELEU Désiré, 32 ans
                           LOTTIN Isidore, 68 ans
                           LOTTIN Alexis, 37 ans
                           COUILLET François, 54 ans
 
Répartition de la population :
 
Le nombre d’hommes de + de 21 ans est de : 475
Le nombre de femmes de + de 21 ans est de : 473
Le nombre d’enfants de – de 21 ans est de : 609
La population totale de la commune est de 1556 personnes
 
L’âge moyen de la population est de 30 ans environ
 
Il y a un peu moins de 4 personnes par foyers qui sont au nombre de 403
 
92 femmes sont chefs de ménage
 
Le plus vieil habitant, c’est DUCORROY Laurent, 84 ans
 
La plus vieille habitante, c’est FAUQUET Madeleine, 87 ans
 
Les deux plus jeunes habitants ont exactement 15 jours, ce sont FOURDRIN Pierre et ACOULON Arcadie.
 
Métiers
 
Les propriétaires sont 35 et les rentiers 9
 
 
Secteur agricole : 121 personnes, soit 16,5 % de la population active
 
Les cultivateurs sont au nombre de 69 et les manouvriers 46.
Il y a aussi 2 bergers, 2 marchands de porcs et 2 bûcherons
 
 
Secteur artisanal : 479 personnes, soit 65,4 % de la population active
 
Les artisans du bâtiment sont au nombre de 17.
Il y a 6 charpentiers, 4 couvreurs, 5 menuisiers et 2 briquetiers.
 
Les métiers liés au tissage se décomposent en : 7 tisserands, 3 teinturiers et 123 fileuses 
 
Les métiers qui travaillent les métaux sont de loin les plus représentés :
9 fabricants de serrures et cylindres cannelés
270 serruriers qui ont pour quelques uns d’entre eux un autre métier (cafetier, cultivateur)
8 mécaniciens serruriers (voir plus haut la définition de ce métier)
5 fondeurs en cuivre et 4 tourneurs
10 tailleurs de limes
4 charrons, 6 maréchaux ferrant, 3 taillandiers (1), 5 forgerons, 1 tonnelier et 1 poêlier
 
3 autres artisans ne peuvent être classés dans les catégories ci-dessus : 1 tourneur en bois, 1 bourrelier et 1 horloger.
 
(1) taillandier : métier qui consiste à fabriquer des outils tranchants tels que ciseaux, cisailles et haches pour les artisans
 
 
Secteur commerçant : 52 personnes, soit 7,1 % de la population active
 
Les métiers de bouche représentent 19 personnes :
15 épiciers ou cafetiers
2 charcutiers
1 boucher
1 boulanger
 
Les métiers de l’habillement occupent 28 personnes
4 tailleurs d’habits
6 blanchisseuses
10 couturières
et 2 blanchisseuses/couturières
6 cordonniers
 
5 autres marchands sont répertoriés qui vendent : des légumes, des graines, du fer et 2 marchands drapiers.
 
Ouvriers, apprentis, domestiques : 64 personnes, soit 8,7 % de la population active
 
23 ouvriers, 2 apprentis et 39 domestiques font partie de cette catégorie.
 
 
Les fonctionnaires sont 7
 
2 instituteurs
1 cantonnier
1 agent voyer
1 garde champêtre
1 percepteur
1 facteur de poste
 
 
Les indépendants représentent 9 personnes
 
1 voiturier
6 meuniers
1 messager
1 chirurgien
 
 
Les femmes actives représentent environ 30 % de la population féminine de + de 21 ans, ce qui est en nette régression par rapport au dernier recensement.
 
Les plus jeunes enfants au travail sont principalement des garçons et des serruriers. 2 garçons de 11 ans sont serruriers, un garçon de 12 ans est ouvrier serrurier, et à 13 ans, 8 garçons sont serruriers. Il n’y a qu’une seule petite fille de cet âge au travail, elle est fileuse.
 
 
SYNTHESE
 
La population du village s’est légèrement accrue depuis 1836 mais sa structure reste la même.
 
C’est la répartition des secteurs d’activité qui a beaucoup changé. Avec la disparition du tissage la population a cherché une autre activité. Dans le secteur agricole, on trouve beaucoup plus de manouvriers.
Dans l’artisanat, le bâtiment a recruté un peu plus de personnes. Si les métiers qui travaillent le fer sont toujours prédominants, on note une diversification de ceux-ci, et l’apparition du travail du cuivre. La spécificité de FRIVILLE vient également des fabricants d’outils : tailleurs de limes, taillandiers.
Il y a déjà à cette époque 9 manufacturiers.
 
Le travail des femmes cependant s’est trouvé minoré avec la disparition du tissage. Les fileuses n’ont pu se reconvertir et les femmes actives sont beaucoup moins nombreuses.
 
Carte postale de Friville-Escarbotin : place du marché aux porcs
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                                                                            FRIVILLE-Place-du-marche-aux-porcs.gif
 
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Sources : Recensement de population et d'Etat Civil  

Série U aux A.D. d'AMIENS

Notaire MANCHELIN à FRIAUCOURT

Notariat d'AULT

 

 

 

 


Date de création : 22/12/2014 @ 17:39
Dernière modification : 03/12/2023 @ 19:45
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