LA RESISTANCE DANS LE VIMEU
(Rapport des renseignements généraux du 28 juin 1944 adressé à VICHY Hotel du Parc)
Il s’agit d’une étude sur les maquis dans le Département
Il n’existe pas à proprement parler, de véritable « maquis » dans le Département de la Somme. En effet, nulle part, des bandes organisées n’occupent une région quelconque du Département et partout les forces de l’ordre sont maîtresses de la situation.
Cependant, il est une partie du Département où l’organisation communiste « les Francs-Tireurs- Partisans « a pris une ampleur assez importante, organisation d’autant plus difficile à déceler, qu’elle se trouve intégrée dans le sein même de la population. Cette région se nomme le VIMEU.
Situé le long de la zone côtière, large d’une vingtaine de kilomètres, le VIMEU est limité au Nord par l’embouchure de la Somme et au Sud par la vallée de la Bresle. Cette région était caractérisée avant-guerre par un nombre important de petites usines de serrurerie et de robinetterie, dont l’effectif variait de 5 à 6 ouvriers à la centaine. Nettement orientée vers le communisme (les grosses agglomérations possédaient presque toutes des municipalités extrémistes) la population a donc offert un milieu favorable pour le recrutement des « F.T.P. »
C’est surtout au début de l’année 1943 que de nombreux ordres d’affectation en Allemagne étaient lancés à ce moment- là que l’organisation vit ses effectifs s’augmenter notablement grâce à l’appoint de jeunes réfractaires. De nombreux attentats, sabotages et vols de mairie furent alors commis dans le VIMEU et le Département, pendant les mois de février, mars et avril 1943. Mais, dès le 17 avril, l’épuration commençait, 17 individus étaient arrêtés, 11 d’entre-eux furent fusillés par les autorités allemandes.
Il semble bien qu’actuellement, l’organisation se soit regroupée, car un certain nombre de vols de mairie et attentats ont lieu chaque mois dans le VIMEU.
Il existerait trois groupes de « F.T.P. » agissant dans cette région, dénommés : « Bir-Hakeim » « Guy Moquet » et « Jean Catelas » (du nom de l’ex-député communiste d’AMIENS, exécuté en 1940). On peut compter sur une soixantaine d’adhérents actifs. Outre les attentats contre les biens et les personnes, des opérations importantes ont été effectuées par les « F.T.P. ». Récemment, le 22 juin, 15 individus ont attaqué la maison d’arrêt d’ABBEVILLE et libéré 30 détenus incarcérés par les autorités allemandes.
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Trouvant de multiples complicités parmi la population qui leur est acquise dans sa grosse majorité, ces individus profitent de la proximité du Département limitrophe de la Seine – Inférieure pour s’y réfugier de temps à autre, la forêt d’EU leur offrant un refuge particulièrement propice. D’ailleurs, il semble bien que ces « partisans » agissent en liaison avec leurs acolytes de la Seine-Inférieure.
Quant aux armes employées par les « F.T.P. » il s’agit là, semble-t-il, d’engins récupérés : révolvers, grenades (celle-ci en petites quantités). L’armement en mitraillettes ne semble pas important, ce qui exclurait la supposition de parachutages nombreux. Sur les 15 individus qui attaquèrent la maison d’arrêt d’ABBEVILLE, le 22 juin 1944, seuls deux d’entre eux étaient porteurs de mitraillettes.
Si les groupes de « F.T.P » semblent s’être reconstitués dans le VIMEU depuis quelque temps, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils ne constituent pas des forces unies en permanence, ayant sous leur dénomination, une région déterminée. Aucun « maquis » organisé n’existe dans le Département de la Somme et la détection des membres « F.T.P » est activement menée par les Forces de l’Ordre.
Série W aux A.D. d’Amiens