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Histoire locale 05 - HISTOIRE D'YZENGREMER

                                                              HISTOIRE D’YZENGREMER

 

ORIGINE DU NOM

 

La mention la plus ancienne du village d’YZENGREMER se trouve dans une bulle du pape Alexandre en 1164 sous le nom d’Isengermès.

1507- 1597 – 1657 – 1695  : Isengremel

1646- 1733 : Isengremetz

1728 : Yzengremers

A partir de 1836, le nom actuel prend l’ascendant sur toutes les autres formes d’écriture.

 

LES SEIGNEURS

 

La seigneurie tenue de CAURROY consistait en une maison seigneuriale avec 5 journaux d’enclos, 7 journaux de près et 15 livres de censives. Le reste du Domaine appartenait au baillage d’AMIENS.

 

1391 : La commanderie de SAINT MAULVIS

 

1440-1480 : Jean CARUE, écuyer de cuisine du Roi.

 

1480-1519 : Jean CARUE, fils du précédent écuyer

 

1519-1530 : Jeanne CARUE, femme de Charles CORNU écuyer.

 

Blason  CARUE

 

                          YZENGREMERBlason CARUE.jpg

 

1530-1569 : Hugues ABRAHAM rachète la seigneurie vers 1530. Ecuyer

 

1560-1594 : Jean ABRAHAM écuyer. Il avait aussi des fiefs à VAUDRICOURT, MENESLIES et WOINCOURT.

 

1594-1630 : Marie  ABRAHAM fille de Jean, épouse le 10 novembre 1594 François de ST BLIMOND, écuyer.

 

Sur une déclaration de fiefs de 1601, François de SAINT BLIMONT ecuyer sieur de GOUY MILLENCOURT possèderait :

 

Le fief de MILLENCOURT séant à YZENGREMER …tenu de la seigneurie de CANTEPIE en valeur de quatre vingt livres toutes charges déduites.

 

Item un autre fief séant audit lieu d’YZENGREMER nommé le fief de WALLENGLART tenu de la seigneurie de GAMACHES en valeur de cent sols toutes charges déduites.

 

Mais à cette date, Marie ABRAHAM n’était âgée que de 14 ans. Elle demande par acte passé devant Pierre MIQUIGNON, notaire en la prévôté de VIMEU, à Pierre de DAMPIERRE de se prononcer sur sa demande d’émancipation auprès du Conseil de Famille. La coutume d’AMIENS s’opposant à l’émancipation de mineurs de moins de 20 ans, le conseil de famille désigne un tuteur pour ses biens en Picardie en la personne d’Antoine de POLLOY.

 

Blason ABRAHAM

 

                         YZENGREMER Blason ABRAHAM.jpg

 

1635-1664 : Hémard de DAMPIERRE, écuyer, petit-fils de la précédente.

 

1664-1683 : Henri de DAMPIERRE, écuyer (décédé le 10 décembre 1683)

 

1683-1724 : François de DAMPIERRE, écuyer, capitaine au régiment de NETTANCOURT. (décédé le 24 janvier 1724)

 

 1724-1786 : François Eustache de DAMPIERRE,  mestre de cap de cavalerie chevalier de ST LOUIS. (décédé le 21 mars 1786)

 

1786-1838 : Marie Rose de DAMPIERRE épouse de Aimé Charles de BIVILLE.

 

Blason de DAMPIERRE

 

                    YZNEGREMER Blason DE DAMPIERRE.png

 

                 

     

1838-1879 : Aline de BIVILLE épouse de Frédéric de FAUTEREAU

 

 

 

Blason DE FAUTEREAU et DE BIVILLE

 

                     YZENGREMER Blason DE FAUTEREAU.jpg          YZENGREMER Blason DE BIVILLE.png

 

1879 – 1973 : Hélène de FAUTEREAU épouse de Maximilien LE CARPENTIER DE SAINTE OPPORTUNE

 

Ce sont deux des sœurs de Maximilien LE CARPENTIER DE SAINTE OPPORTUNE qui prirent possession du château où elles exercèrent le métier d’antiquaires.

 

Aujourd’hui, ce sont les descendants de Charlotte Françoise de DAMPIERRE, sœur de Marie Rose qui possèdent le château qu’ils ont fait classer Monument Historique en 2018 dans sa totalité.

 

 

CONDAMNATIONS

 

Le 15 septembre 1779, condamnation pour vol d’argent de deux habitants d’YZENGREMER, PINCHON Alexis, 21 ans, menuisier et de son frère PINCHON Louis, 20 ans, farinier par le Parlement  d’AMIENS à l’administration de verges (fouet) et marque au fer rouge. Ils sont bannis pour 3 ans.

La condamnation en première instance a été confirmée pour les verges et la marque au fer rouge, par contre le bannissement a été réduit de 6 à 3 ans.

Les accusés ont nié avoir volé.

 

 

 

DU RIFFIFI CHEZ LES CHATELAINS D’YZENGREMER

 

Auguste de BIVILLE fils de Aimé de BIVILLE et Marie Rose DE DAMPIERRE demande au notaire d’AULT d’intercéder auprès de ses parents pour avoir leur accord d’épouser celle qu’il aime. C’est ainsi que :

 

 

 Le 17 février 1831

Pardevant nous Achille HENNEVEU, notaire à la résidence du Bourg d’AULT

Est comparu Monsieur Auguste DE BIVILLE, âgé de 37 ans, chef d’escadron en non activité, demeurant en la commune d’YZENGREMER arrondissement d’ABBEVILLE

Fils de Monsieur Aimé Charles DE BIVILLE et Madame Marie Rose Adélaïde de DAMPIERRE propriétaire, demeurant en la commune d’YZENGREMER.

Monsieur Auguste de BIVILLE étant ce jour en la commune de NIBAS, chez Monsieur DE PONTHIEU, fils son beau- frère.

 

Lequel a fait la demande respectueuse à Monsieur et Madame DE BIVILLE ses père et mère cy-dessus dénommés, d’accorder leur consentement au mariage qu’il a le désir de contracter avec Mademoiselle Marie Joséphine Raphaël Caroline MAYENCE, âgée de 38 ans, demeurant en la commune de VILLIERS ADAM, département de la Seine et Oise, fille de Monsieur Pierre Léonard MAYENCE et Madame Marie Joséphine Raphaël DALIHEN, son épouse, tous deux décédés.

Observant Monsieur DE BIVILLE comparant  que Mademoiselle MAYENCE ne laisse rien à désirer sous le rapport des mœurs, de la naissance et de la fortune.

C’est pourquoi ledit sieur comparant nous a requis de nous transporter à YZENGREMER, au domicile de ses père et mère à l’effet de leur notifier la demande respectueuse que contient le présent acte, conformément à l’article 154 du code civil.

 

Dont acte, fait en la demeure de Monsieur DE PONTHIEU où je me suis transporté, l’an 1831, le 17 février

 

Le 19 février 1831 à onze heures du matin, ledit  Maître HENNEVEU, notaire, obtempérant à la réquisition qui précède, s’est transporté avec 2 témoins en la commune d’YZENGREMER, au domicile de Monsieur Aimé Charles DE BIVILLE, propriétaire et de Madame Marie Rose Adélaïde de DAMPIERRE son épouse.

Ledit HENNEVEU leur notifiant qu’en date du 17 du mois Monsieur Auguste DE BIVILLE, leur fils demande respectueusement leur conseil sur son mariage projeté avec Mademoiselle Marie Joséphine MAYENCE, demeurant à VILLIERS ADAM, de bien vouloir consentir   à ce mariage.

A quoi Monsieur et Madame DE BIVILLE ont répondu qu’ils ne pouvaient accorder leur consentement, et que de signer ont refusé.

 

 

EPILOGUE

 

Auguste DE BIVILLE épousa quand même sa promise puisque en date du 5 mai 1831, à VILLIERS ADAM en Val d’Oise, on trouve un acte de mariage entre Auguste DE BIVILLE et Marie Joséphine MAYENCE, âgée de 45 ans (à noter la différence d’âge déclaré dans l’acte notarié consigné par Maître HENNEVEU) née et domiciliée  à LIEGE, dont les parents sont décédés au jour du mariage. 

Le marié a produit l’acte notarié du notaire (ci-dessus) à la mairie de VILLIERS ADAM, mais celui-ci étant négatif, il a obtenu la permission du ministre secrétaire d’Etat à la Guerre à PARIS  le 18 mars 1831. Ainsi son supérieur hiérarchique a pallié le refus de ses parents !

 

A une date inconnue il perd son épouse et se remariera en 1855 dans le 2ème arrondissement avec Aline DE CARONDELET. Elle-même est veuve. Elle décèdera en janvier 1873 alors qu’ils habitent VERSAILLES. Il reviendra vivre à PARIS où il décèdera rue de BERRI dans le 8ème arrondissement. A cette date il est dit « officier supérieur en retraite ». Son décès est déclaré par ses deux neveux : Charles DE FAUTEREAU, domicilié au château d’YZENGREMER et Marie, Louis, Auguste AMYOT DU MESNIL GAILLARD, son autre neveu domicilié à ANGERVILLE LA MARTEL en Seine Maritime.

 

 

 

ANALYSE DU RECENSEMENT D’ YZENGREMER EN 1836

 

 

Les personnages importants du village

 

Le maire s’appelle : LEGRAND Nicolas, il a 41 ans

Son adjoint : LEPHAY Florent, il a 49 ans

 

Il  n’y a ni curé ni garde champêtre à cette date

 

L’instituteur s’appelle : COUVREUR Charles, il a 68 ans

 

Il y a une famille de meunier :

DUBOIS Manasses, 43 ans

FORESTIER Elisabeth, sa femme, 48 ans

FORESTIER Adolphe, son beau- fils, 25 ans

 

 

Répartition de la population

 

Le nombre d’hommes de + de 21 ans  : 144

Le nombre de femmes de + de 21 ans : 145

Le nombre d’enfants de – de 21 ans : 211

Il y a donc exactement  500 habitants dans la commune

 

L’âge moyen de la population se situe autour de 28,5 ans

 

Il y a environ 4,7 personnes par foyers qui sont au  nombre de 107

 

17   Femmes sont chefs de ménage

 

Le plus vieil habitant c’est DE BIVILLE Aimé, le châtelain d’YZENGREMER : il a 82 ans

La plus vieille habitante c’est PETIT Madeleine, elle a 90 ans

La plus jeune, c’est NORMAND Octavie, elle a 10 jours.

 

 

Les Métiers

Aucun propriétaire recensé, mais 3 rentiers.

 

Secteur agricole : 45 personnes, soit 14 % de la population active

 

Ils sont cultivateurs pour la plupart : 28 personnes, les journaliers ou manouvriers sont au nombre de 12. Il y a aussi 1 berger, 1 porcher, 1 bûcheron, 1 batteur en grange et 1 valet de charrue.

 

 

Secteur artisanal : 219 personnes soit 70 % de la population active.

 

Les métiers du bâtiment représentent 13 personnes : 1 maçon, 3 menuisiers, 1 terrassier, 5 charpentiers, 1 vitrier et 1 couvreur.

 

Les métiers du fer sont  représentés par : 2 marchands serruriers, 76 serruriers, 2 chaudronniers, 1 maréchal, 2 tonneliers et 1 charron

 

Les tisserands sont au nombre de 17 mais les fileuses 105 !  et représentent

 33 % de la population active.

 

 

Secteur commerçant : 18 personnes soit environ 6% de la population active

 

Les métiers de bouche représentent 8 personnes : 3 cabaretiers, 2 bouchers et 3 boulangers

 

Les métiers de l’habillement comptent 7 couturières et 3 cordonniers

 

 

Les métiers peu qualifiés emploient 24 personnes :

 

20 domestiques, 1 ouvrier, 1 batteur en grange et 1 valet de charrue. 1 jardinier. A lui seul le châtelain d’YZENGREMER en emploie 5.

 

Les fonctionnaires sont au nombre de 5

4 soldats ou officier de la garde, 1 instituteur

 

Les indépendants sont représentés par les 3 meuniers et l’arpenteur.

 

Les femmes actives représentent 92 % de la population féminine totale. Elles sont essentiellement fileuses.

Le plus jeune enfant au travail est une petite fille de 10 ans qui est fileuse, les 2 plus jeunes garçons sont des serruriers de 11 ans.

 

 

 

SYNTHESE

 

Le village d’YZENGREMER est un village à prédominance agricole, 45 personnes y sont employées. Le secteur artisanal ne s’est pas encore reconverti vers la serrurerie : il est encore majoritairement représenté par des tisserands et des fileuses.

90 % de femmes sont au travail, ce qui est remarquable ! mais qui révèle sans doute un revenu insuffisant pour la famille au point que presque toutes les femmes sont actives.

 

 

 

LA SOCIETE DUCASTEL

 

Selon les documents officiels (catalogue) de la Société DUCASTEL, c’est Jean Baptiste Hilaire DUCASTEL qui créa la société en 1811 à l’âge de 16 ans.

 

1816

 

Il épouse en novembre 1816, Marie Victoire LEPHAY. Un contrat de mariage est établi le 4 novembre 1816. L’épouse reçoit de ses parents un plant de 10 ares où sera établi l’atelier DUCASTEL ; En effet, sur ce terrain vierge, les parents DUCASTEL s’engagent à faire diverses constructions à concurrence de 400 F. Ils donnent en outre à leur fils une enclume, deux marteaux, un étau, deux soufflets et six limes.

 

1855

 

Après le décès de son épouse, Jean Baptiste Hilaire fait établir un inventaire de la succession. Elle est réalisée par le Notaire MILLE de FRIAUCOURT en avril 1855.

 

Il y a un bien foncier : une maison à YZENGREMER sur la route, appartenant  en propre à la défunte.

 

Parmi le mobilier on note de nombreux meubles : un buffet en orme, une horloge, un secrétaire, une commode, 2 armoires. Dans les armoires, 72 mètres de toile de lin, 43 paires de draps, principalement d’étoupe.

Les dépendances sont réservées au stockage de tout le matériel et des récoltes, 3 chevaux, 3 vaches, une génisse, 2 porcs et des poules.

Le tout témoigne d’une activité agricole importante qui permet à la famille de vivre en autonomie.

 

L’inventaire de l’atelier a été réalisé aussi. On note des enclumes, étaux, marteaux, limes, soufflets, découpoir, cisaille et 52 matrices.

Dans les matières premières, de la fonte malléable et du fer brut, des tôles d’acier, de cuivre et de fer, du fer forgé, des clés de fer et de fonte, de la fonte de cuivre, du charbon, des chandelles et des paniers.

Les pièces fabriquées sont des loquetaux, des targettes, serrures d’armoire et de tiroir, serrures de malles, serrures de sûreté, serrures demi-tour, serrures à auberonnières, becs de cannes, des cadenas. Des entrées de serrures « au coq »

L’ensemble de l’inventaire a été estimé à 15.075 Francs.

 

La société a de nombreuses créances auprès de quincaillers qui se situent en Normandie, à Paris, mais aussi en Bretagne (MORLAIX), Sud- Ouest de la France (MONTPELLIER, NARBONNE)

 

Parmi les nombreux documents officiels, on trouve une traite faite entre Monsieur DUCASTEL et Monsieur LAVOISIER, agent d’affaires à AMIENS pour l’assurance contre le tirage au sort de son fils Nicolas Hilaire DUCASTEL moyennant 800 F.

Il était indispensable pour la Société DUCASTEL que Nicolas Hilaire DUCASTEL ne soit pas enrôlé pour une durée qui pouvait aller de 6 à 8 ans selon les armes. L’argent souscrit plus haut était destiné à payer un remplaçant.

 

Une société a été créée le 8 mai 1855 par contrat chez Maître MILLE, notaire à FRIAUCOURT dont nous ne connaissons pas la teneur. Il est probable qu’il a été souscrit par Jean Baptiste Hilaire DUCASTEL avec un ou plusieurs de ses fils.

 

Le 30 décembre 1880, les frères Louis Denys Anthime DUCASTEL et François Marie DUCASTEL, fils de Jean Baptiste Hilaire DUCASTEL ainsi que leur neveu, Désiré Victorice Hilaire DUCASTEL créent une société de fabrication de serrurerie.

La durée de la société est de 10 ans.

La raison sociale est « DUCASTEL Frères et neveu ».

 

Le siège de la société est fixé à YZENGREMER et sa durée est fixée à 10 ans à compter du 1er janvier 1881.

 

L’immeuble où siège la société appartient à Monsieur Anthime DUCASTEL. L’apport de chacun des associés est fixé à 12.000 Francs.

 

Monsieur François Marie DUCASTEL sera chargé de tenir la caisse. Les livres de commerce seront tenus indistinctement par les 3 associés.

Chaque associé prélèvera tous les ans, à titre de levée pour ses besoins particuliers, ceux de sa famille, une somme de 1.000 Francs en espèces qui sera comptée par quart de trois mois en trois mois.  

 

Les bâtiments à usage de commerce de serrurerie font partie d’un immeuble sis à YZENGREMER sur la route d’AULT à DARGNIES consistent en :

  • Un magasin se trouvant dans le fond de la cour en face la barrière d’entrée et faisant un retour d’équerre avec la maison d’habitation ;
  • Un atelier de fabrication existant en face de la maison d’habitation ;
  • Un bâtiment à usage de magasin aux fers à côté de la grange dans le plant.

 

Plan de l’usine non daté

 

                               YZENGREMER Plan Usine DUCASTEL.jpg

 

Cette société n’atteindra pas les 10 ans fixés dans le contrat puisque le

 

15 juin 1885, une société est créée entre

  • François Marie DUCASTEL négociant en serrurerie ;
  • Louis Denis Anthime DUCASTEL, négociant en serrurerie, son frère ;
  • Paul DUCASTEL employé de commerce, fils de François Marie ;
  • Adhélard COUILLET, employé de commerce, gendre de François Marie ;

 

L’un des associés de 1880 a disparu, il s’agit du neveu de François Marie et Louis Denis Anthime : Désiré Victorice Hilaire qui, semble t il, a quitté le Vimeu pour exercer le métier de « boutonnier » à Paris où il se maria 2 fois.

 

A cette occasion, un inventaire détaillé fut réalisé qui nous renseigne sur la fabrication de la société DUCASTEL.

 

L’outillage se compose de découpoirs, cisailles, matrices, étaux, soufflets, enclumes, percerie, marteaux, tenailles et meule.

 

La société fabriquait des picolets, becs de cane, serrures, serrures d’armoires, de malles et de pupitres, loqueteaux en fonte, entrées de serrures, étoquiaux, palâtres, targettes, boutonnets,  verrous à targettes, clés forgées et clés anglaises, cadenas, 5 coffrets, sécateurs, ;

 

Les matières premières consistent en tôles, fer en barres, carré et rond, acier en barres, targettes, cuivre en planche, têtes pour  sûreté (serrures) et demi-tour, canons en cuivre et gâches, fouillots en cuivre, différentes sortes de boutons.

 

A noter que la fabrication est tout à fait identique à celle relevée dans l’inventaire de 1855 décrit plus haut. C’est-à-dire qu’en 30 ans, la société DUCASTEL a continué à fabriquer les mêmes articles.

 

L’ensemble est estimé à 52.000 Francs.  

 

Une page du catalogue DUCASTEL de 1894

 

 

                                   YZENGREMER Catalogue DUCASTEL 1894.jpg

 

 

 

Les bénéfices et les charges seront réparties ainsi :

La moitié pour M. Louis Denis Anthime DUCASTEL, le quart pour M. Paul DUCASTEL, le dernier quart pour M. COUILLET Adhélard.

 

François Marie DUCASTEL décède un mois après en juillet 1885, son frère Louis Denis Anthime en 1887. Restent en place Paul DUCASTEL et Adhélard COUILLET.

Ils décèdent, l’un en 1912, l’autre en 1915.

 

Puis en 1928, selon un en-tête de facture, la société DUCASTEL avec à sa tête le fils d’Adhélard, Adrien Albert COUILLET, a fusionné avec la Société DEHESDIN Angéli de WOINCOURT. Ambroise Alfred Angéli DEHESDIN est le beau- frère d’Adrien COUILLET. Selon les registres matricules, il est fabricant de clés et de serrures à WOINCOURT en 1919.

 

En-tête de facture DUCASTEL-DEHESDIN de  1928

 

                    YZENGREMER Facture DUCASTEL 1928.jpg

 

 

A leur décès, en 1926 et 1929, leurs fils prennent la relève. En 1945, la société s’appelle « Société ROBERT COUILLET », nom qu’elle porte encore aujourd’hui. Elle est dirigée par un descendant de Robert COUILLET.

En 1962 l’usine COUILLET employait 9 salariés et compte à peu près le même nombre d’employés aujourd’hui.

Elle est spécialisée dans les petites fermetures, actionnées par des clés à profil carré ou triangulaire.

 

Lien vers le site officiel de la Société.

https://couillet.fr/

 


 

 

GREVE AUX ETABLISSEMENTS HOLLEVILLE EN FEVRIER 1933

 

Le 12 février 1933 Monsieur HOLLEVILLE a négocié avec ses ouvriers une baisse de leurs salaires. Les ouvriers mouleurs et les polisseurs se sont mis d’accord, seuls les tourneurs (une quinzaine) n’ont pas voulu envoyer de délégation et désiraient tous participer à la discussion. Monsieur HOLLEVILLE s’y est refusé et les a prévenus qu’il leur donnait 15 jours pour que deux de leurs camarades qualifiés s’entendent avec lui, faute de quoi à l’expiration de ces 15 jours, les ouvriers tourneurs seraient congédiés.En réponse à cette menace les ouvriers tourneurs adressent le courrier suivant à leur patron le 16 février 1933.

 

« Lorsque le 10 février dernier, vous décidiez une diminution de salaires de 23 à 25 % pour tout le personnel de votre tournerie, tous sans exception nous refusâmes ces exigences nouvelles. Devant notre attitude votre réponse fut le délai congé pour chacun d’entre nous. Après avoir réfléchi, nous avons décidé de porter à votre connaissance, que nous n’acceptons pas votre délai congé. Si vous persistez à nous faire subir cette diminution nous vous prévenons qu’à partir de lundi prochain nous cessons collectivement le travail. Par ce fait, nous choisissons le rôle qui nous convient le mieux, nous préférons faire la grève qu’attendre d’être chassés de l’usine.

Nous attendons votre réponse pour samedi midi et vous prévenons que quoi qu’il advienne, nous pratiquerons la solidarité qui s’impose vis-à-vis de chacun d’entre nous. En conséquence, pour nous résumer : nous ne reprendrons le travail lundi tous sans exception, que si vous retirez votre diminution de salaires annoncée il y a 8 jours. Nous ne tolèrerons aucun renvoi de qui que ce soit, nous vous assurons en terminant que fort de l’appui d’une grande partie de la classe ouvrière de la région et du Syndicat Ouvrier, nous lutterons pour la défense de notre pain aussi longtemps qu’il le faudra. »

 

Signé : R. SUEUR – P. JOLY – M. DUBOIS – A. WARGNIER – M. VILLIERS – W. ROGER – D. THIEBAULT – L. LEON – L. DEHESDIN – A. VILLIERS – M. LECAT – A. DUMONT

 

 

Le 18 février 1933, le capitaine de gendarmerie d’ABBEVILLE indique au Préfet que les 2/3 des ouvriers de l’usine acceptent la diminution mais qu’1/3 la refuse. Il ajoute que la cuivrerie d’YZENGREMER occupe 45 ouvriers. Ces ouvriers sont payés soit aux pièces (polisseurs, mouleurs), soit à la journée (noyauteurs). Les premiers gagnent environ de 35 à 50 Francs par jour, les seconds de 20 à 30 Francs.

Les diminutions envisagées sont de :

15 % pour  les tourneurs

5 % pour les autres catégories.

A noter que le salaire de tout le personnel a déjà fait l’objet d’une diminution de 5 % il y a 1 an.

La réduction des salaires a été faite déjà dans beaucoup d’usines de la région et a atteint parfois la proportion de 20% pour les ouvriers spécialisés travaillant aux pièces, ce qui n’empêche pas pour ces salariés en effectuant un effort supplémentaire, de percevoir un salaire tout au moins égal à celui qu’ils avaient avant la diminution.

 

Il ajoute :

 

« Les ouvriers attendent le retour du patron pour décider de la grève. Sur les 45 ouvriers, il est probable que les 2/3 environ continueront leur travail quelle que soit la décision du patron, l’autre tiers peut faire grève. Reste à savoir si ces derniers empêcheront les autres de travailler. Je ne crois pas, mais il est nécessaire de le prévoir.

Si la réponse de M. HOLLEVILLE ne donne pas satisfaction aux ouvriers et si les renseignements recueillis dans la journée du 19 font craindre un incident pour l’entrée des ouvriers, je prendrai les mesures suivantes :

L’adjudant- chef de FRIVILLE et 4 gendarmes à YZENGREMER lundi 7 h.

A  Maison Blanche, à 1 kilomètre d’YZENGREMER, je me tiendrai en réserve avec 7 ou 8 hommes.

Je ne crois pas que ce conflit prenne une grande extension, et il est probable que si les ouvriers des communes avoisinantes ne soutiennent pas leurs camarades, tout sera remis dans l’ordre lundi soir ou mardi matin »

 

Le Préfet de la Somme écrit au Ministre du Travail, le 18 février en ces termes :

 

« Monsieur le sous-préfet d’ABBEVILLE surveille de façon toute particulière le mouvement, car BERGER est secondé dans ses efforts par le permanant local unitaire LENGLET, qui, à l’heure actuelle, parcourt la région et redouble d’activité en vue de recruter des  manifestants pour le « Congrès des chômeurs » organisé à PARIS les 2,3 et 4 mars prochains. »

 

EPILOGUE

 

Nous apprenons par le capitaine de gendarmerie dans son courrier du 20 février 1933 au Préfet de la Somme que « la sortie des ouvriers de la cuivrerie HOLLEVILLE à YZENGREMER s’est effectuée aujourd’hui à midi dans le plus grand calme, ainsi d’ailleurs que la rentrée de l’après- midi.

Les ouvriers tourneurs et le patron se sont mis d’accord sur une baisse moyenne de salaires de 5 % sur le travail aux pièces »

 

 


 

 

 

 

Source : Recensement de population de 1836 aux A.D d'AMIENS

              Délibération communale série O aux A.D. d'AMIENS

               Notariat de FRIAUCOURT aux A.D. d'AMIENS

               Registres matricules aux A.D. d'AMIENS

               Etat civil aux A..D d'AMIENS (famille DUCASTEL)

               Archives du Tribunal de commerce aux A..D d'AMIENS

               Archives Nationales en ligne (S.I.V.) 


Date de création : 28/06/2018 @ 17:01
Dernière modification : 31/01/2024 @ 19:12
Catégorie : Histoire locale 05
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