SITUATION DU COMMERCE ET DE L’INDUSTRIE DE L’ARRONDISSEMENT D’ABBEVILLE.
Ce document a été produit par la Chambre de Commerce d’ABBEVILLE et recopié intégralement
En 1922-1923
L’industrie chez nous, comme dans la France entière, a eu à pâtir de la hausse très importante des charbons, consécutive à la carence de l’Allemagne, s’obstinant dans ses refus d’exécuter les livraisons de combustible imposées par le traité de VERSAILLES.
La serrurerie
Dans le Vimeu serrurier, la hausse des fers, consécutive de la disette des charbons qui va amener l’extinction de nombreux hauts-fourneaux et qui a eu pour conséquence forcée l’augmentation des prix de la serrurerie, a amené un ralentissement des commandes très nombreuses dans les 6 derniers mois de l’année dernière.
Les hauts prix des travaux de construction, les non-paiements des sommes dues aux sinistrés des régions dévastées viennent s’ajouter aux causes qui font que les affaires ne se présentent pas actuellement sous un jour favorable.
La cuivrerie
La cuivrerie de bâtiment souffre des mêmes difficultés : pas de constructions importantes à PARIS ni en province, arrêt sensible depuis 2 mois dans les régions libérées ;
La cuivrerie pour la marine a été peu demandée, par contre, il y a une reprise dans celle pour le meuble.
La robinetterie
Pour la robinetterie, les affaires sont actives, surtout en ce qui concerne la robinetterie d’eau très recherchée en ce moment par suite d’établissement de canalisations et de distribution d’eau dans les localités reconstruites des régions dévastées. La robinetterie de gaz a un peu à souffrir de la concurrence de nombreux établissements d’énergie électrique.
Fonte
Les fonderies de fonte de fer de la région travaillent plus particulièrement pour l’agriculture.
Les fondeurs en malléable ont eu leur carnet bien garni pendant toute la saison, particulièrement ceux qui travaillent pour la région du Vimeu et malgré la concurrence des Ardennes.
En 1924
Serrurerie
Le ralentissement de la construction dans les régions libérées est causé par les retards des versements d’indemnités sues aux sinistrés. Ce ralentissement, les entrepreneurs menacent de le changer en arrêt complet jusqu’à ce que les sommes énormes qui leur sont dues leur aient été payées. Déjà, les demandes n’arrivent plus que pour les bâtiments en voie d’achèvement actuellement ; si, cet été d’importantes construction ne sont pas entreprises dans les régions libérées – la construction ne marchant pas encore normalement dans le reste de la France – on envisage avec anxiété une très grosse diminution de commandes pour les prochains mois.
Cuivrerie
La fabrication de cuivrerie de bâtiment du 1er juillet 1923 au 1er janvier 1924 a été satisfaisante. Il n’en est pas de même depuis le 1er janvier 1924. Quantité de petits fabricants nouvellement installés ont apporté une concurrence à cette fabrication. PARIS et les régions dévastées ont ralenti leurs ordres. La production des articles de cuivrerie de bâtiment a été moindre qu’en 1922-23.
Pour la cuivrerie de marine, comme l’an dernier, il y a eu peu de demandes. Par contre les Compagnies de chemin de fer ont passé des commandes de cuivrerie assez importantes dans notre région.
En 1925
Serrurerie
La serrurerie du Vimeu a travaillé au ralenti pendant le 3ème trimestre de 1925. Le 4ème trimestre a, au contraire, apporté une grande activité, causée par l’envolée des prix de toutes les matières premières, non répercutées par la serrurerie.
Une timide augmentation des prix en décembre n’a fait qu’exciter les négociants à augmenter leur approvisionnement. Une deuxième majoration au début de février a mis un premier frein à cette demande. Une troisième au 15 mai, a eu pour résultat de marquer un temps d’arrêt notable.
En effet, les quincaillers se réservent et d’autre part, les fabricants dont les tarifs de vente actuels ne sont pas en rapport avec l’élévation toujours plus forte des prix , vont devoir réajuster une quatrième fois leurs conditions.
Les propriétaires se décident difficilement à entreprendre actuellement des constructions importantes, mais il y a quand même sur l’ensemble du territoire un mouvement important d’affaires dans le bâtiment, principalement dans la banlieue parisienne, les stations balnéaires et les villes d’eaux. Ces constructions n’emploient, malheureusement, trop souvent que des produits de moyenne qualité.
Cuivrerie
La fabrication de cuivrerie de bâtiment n’a pas été plus importante que l’an dernier, mais elle a été moins rémunératrice à cause des charges nouvelles et de la concurrence des petits fabricants qui se créent tous les jours et qui vendent à des prix bas.
Des demandes importantes sont intervenues au début de cette année : la clientèle a su prévoir les majorations. Les commandes sont rares en ce moment. L’exportation des articles de cuivrerie de bâtiment a été moindre que celle de l’an dernier.
La Marine a fait quelques commandes mais les compagnies de Chemin de Fer, par contre, les ont restreints.
Fonderie de fonte malléable.
Année très mouvementée. Les taux de change influent particulièrement sur la production de la fonte malléable du Vimeu (puisque celui-ci est presque exclusivement alimenté de fontes étrangères). La main d’œuvre, et plus particulièrement dans le 2ème semestre, s’est montrée plus exigeante. Elle s’est aussi raréfiée.
La hausse constante des matières premières et les exigences de la main-d’œuvre, sans oublier les charges qui croissent régulièrement, ont forcé les fondeurs à pratiquer deux hausses de prix successives. La situation est tendue et l’activité qui persiste trouve sa source dans les anciens bordereaux de commande.
A suivre...
Source : Bulletin de la Chambre de Commerce d'ABBEVILLE.